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Santé cardiovasculaire: réduire les doses de sel est très difficile

Le Vif

Les stratégies de réduction du sel devraient viser prioritairement les populations et pays qui en consomment beaucoup trop, comme la Chine, soulignent des chercheurs selon lesquels aucun pays n’a réussi à réduire sa consommation aux niveaux recommandés.

Dans une nouvelle étude controversée, parue vendredi dans la revue The Lancet, les auteurs soutiennent que l’absorption de sel est associée aux maladies cardiovasculaires et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) « seulement » dans les communautés où la consommation moyenne dépasse les 12,5 g. Soit l’équivalent de 2 cuillères et demie à café par jour, c’est-à-dire supérieure à 5 grammes par jour de sodium, le principal composant du sel de notre alimentation.

Cette forte consommation de sel s’observe principalement en Chine, alors qu’environ 15% seulement des groupes étudiés hors de Chine dépassent ce niveau de consommation, d’après l’étude portant sur plus de 95.000 personnes, de 30 à 70 ans, réparties dans plus de 300 communautés dans 18 pays.

L’OMS recommande de réduire l’apport en sodium à moins de 2 g/jour (soit à moins de 5 g sel/jour), mais cela n’a été réalisé dans aucun pays, souligne le professeur Andrew Mente de l’Institut de recherche en santé des populations (PHRI) de Hamilton Health Sciences et de l’Université McMaster (Canada).

« Notre étude montre que nous devrions viser beaucoup plus les communautés et pays dont la consommation moyenne de sodium est élevée, comme la Chine, pour les ramener dans une fourchette modérée (3 à 5 g/jour) », ajoute-t-il. Plusieurs experts critiquent toutefois les méthodes utilisées — des analyses d’urines pour estimer la consommation de sel — les estimant peu fiables.

Cette étude s’inscrit dans le prolongement de celle publiée en 2016 par les mêmes auteurs et qui avait soulevé une vive controverse, au point d’être qualifiée par certains de « mauvaise science ». Elle confirmait l’importance de réduire l’alimentation trop salée chez les hypertendus, mais soutenait déjà que trop peu de sel (moins de 3 g de sodium/jour) était néfaste et augmentait le risque de maladies cardiovasculaires et de décès chez les gens avec ou sans hypertension.

Selon le Dr Mente, la nouvelle étude incluant l’analyse communautaire et des années supplémentaires de suivi, corrobore « les preuves de plus en plus nombreuses que le sodium, à un niveau modéré, pourrait jouer un rôle bénéfique pour la santé cardiovasculaire, mais pourrait jouer un rôle potentiellement plus néfaste lorsque l’apport est très élevé ou très faible ».

Pour le professeur Francesco Cappuccio, titulaire de la chaire de médecine cardiovasculaire et d’épidémiologie à l’université de Warwick, cette publication « n’ajoute rien à la connaissance des effets du sel sur les troubles cardiovasculaires et, plus important encore, ne fournit aucune preuve que la réduction modérée de la consommation de sodium de la population soit nocive ».

Selon cet expert, les actions menées à l’échelle mondiale en faveur d’une réduction de la consommation de sel par l’Organisation mondiale de la santé, approuvées par de nombreuses organisations internationales de santé, doivent continuer.

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