© iStock

Pourquoi manger varié n’est peut-être pas le choix le plus sain

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Pour obtenir tout ce dont notre corps a besoin, on recommande souvent d’avoir un régime alimentaire varié. Mais cela ne contribuerait pas forcément à une meilleure santé.

Avoir un régime équilibré, et consommer des aliments variés : telles sont les recommandations alimentaires de base si l’on veut prendre soin de soi et être en bonne santé. Mais cela fait-il vraiment une différence ? L’American Heart Association (AHA) a examiné les études disponibles sur le sujet et a publié ses conclusions dans la revue Circulation. L’idée selon laquelle une alimentation variée aurait une influence positive sur la santé est peu scientifique, en particulier pour réduire les risques des maladies comme l’obésité, les maladies cardiaques ou encore le diabète. De plus, certaines études récentes, analysées par l’AHA, montrent des résultats mitigés.

Un régime « varié », c’est quoi ?

Il faut préciser que les études existantes n’ont pas toutes les mêmes échelles de mesure et les mêmes bases. Ainsi, la diversité est définie de différentes manières. C’est également le cas chez le consommateur, pour qui le besoin de manger une certaine variété d’aliments est interprété différemment d’une personne à l’autre.

Pour mesurer la « variété », la plupart des études ont interrogé les participants sur le nombre d’aliments différents qu’ils consommaient, et ce sans distinction du type d’aliment (produits frais, protéines, féculents, collation, produits laitiers…). Mais il s’avère que les personnes qui déclarent manger davantage d’aliments différents ont également tendance à consommer plus d’aliments mauvais pour la santé (snacks, gâteaux, sucreries…), comparé aux personnes qui s’en tiennent à un nombre restreint d’aliments, meilleurs pour la santé, comme les fruits et les légumes.

Diversité vs. qualité

Pour déterminer si un régime était diversifié, les chercheurs de ces études ont également examiné l’uniformité de l’alimentation. Cela consiste à prendre en compte les aliments qui fournissent le plus d’énergie ou de calories et le type de régime, qui mesure les caractéristiques spécifiques des différents aliments, comme la quantité de fibres et le traitement de la nourriture.

En prenant en compte ces différentes définitions de la diversité, les études n’ont pas identifié de bénéfice global dans les régimes variés en ce qui concerne certains problèmes de santé. Par contre, quand les études se sont concentrées sur la qualité du régime alimentaire (présence de graisses saines, beaucoup de fruits et légumes, quantités limitées de viande rouge et de produits laitiers…), elles ont notifié un risque plus faible de maladies chroniques.

Surnutrition

« Le monde change et l’environnement alimentaire change », explique Marcia de Oliveira Otto (UT Health School of Public Health, Houston), auteure principale de l’analyse, citée par le Time. Un régime diversifié ne signifie pas la même chose qu’autrefois où, pour lutter contre la malnutrition, il était préférable de varier son alimentation pour satisfaire les besoins nutritionnels. « De nos jours, nous sommes passés du contexte de la dénutrition à la surnutrition, en particulier dans les pays comme les Etats-Unis et les pays à revenus intermédiaires. Et désormais notre préoccupation se tourne vers les maladies chroniques comme les maladies cardiaques, l’obésité et le diabète de type 2 », constate Otto.

Manger varié reste pourtant une bonne chose, à condition de bien choisir ses aliments. Car dans une alimentation riche en aliments sains et malsains, il est possible que les effets néfastes des uns surpassent les bénéfices des autres. Otto suggère donc de mettre davantage l’accent sur la qualité du régime, en privilégiant les aliments d’origine végétale, les fruits, les légumes et la viande maigre. Et si possible réduire sa consommation de viande rouge et d’aliments sucrés et gras.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire