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Le monde mange-t-il moins de viande qu’avant?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

De plus en plus de personnes limitent ou suppriment leur consommation de viande. Mais cette tendance est-elle mondiale et qu’en est-il réellement de la production ?

Que ce soit pour un objectif santé, environnemental ou de bien-être animal, de nombreuses personnes prennent aujourd’hui la décision de réduire ou de ne plus consommer de viande. Mais produit-on, mondialement, moins de viande pour autant ?

Cinq fois plus de viande

La consommation mondiale de viande a augmenté rapidement au cours des 50 dernières années. La production de viande est aujourd’hui près de cinq fois plus élevée qu’au début des années 1960, passant de 70 millions de tonnes à plus de 330 en 2017, rapporte la BBC. Pourquoi une si grande augmentation ? L’une des principales raisons est qu’il y a beaucoup plus de bouches à nourrir qu’avant. Au cours de la même période, la population mondiale a plus que doublé. Cela n’explique cependant pas entièrement pourquoi la production mondiale de viande quintuplé.

Un facteur important est l’augmentation des revenus. Partout dans le monde, les gens sont devenus plus riches. Le revenu mondial moyen a plus que triplé en un demi-siècle. Lorsque l’on compare la consommation de viande dans différents pays, nous constatons que plus les revenus moyens de la population sont élevés, plus la consommation de viande augmente. Il y a donc non seulement plus de gens à nourrir, mais également plus de gens qui peuvent se permettre de manger de la viande.

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De pair avec la croissance économique

La tendance à la hausse s’explique en grande partie par l’augmentation du nombre de pays à revenu intermédiaire. Des pays à croissance rapide comme la Chine et le Brésil ont connu à la fois une croissance économique importante au cours des dernières décennies et une forte augmentation de la consommation de viande. Si la personne moyenne en Chine mangeait moins de 5 kg de viande par an dans les années 1960, sa consommation dépasse aujourd’hui les 60 kg. Une situation similaire se produit au Brésil, où la consommation de viande a presque doublé depuis 1990. Dans un pays à faible revenu comme le Kenya, par exemple, la consommation a en revanche peu changé.

La BBC relève une exception : l’Inde. Si les revenus moyens y ont triplé depuis 1990, la consommation de viande n’a pas suivi cette tendance. Cela est probablement dû, en partie, à des facteurs culturels et religieux.

Moins de viande rouge, plus de volaille

En tête de la consommation annuelle de viande, on retrouve les États-Unis et l’Australie, suivi de près par la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. Les données datent de 2013, année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles. On observe également des niveaux élevés de consommation de viande dans l’ensemble de l’Occident. Dans les pays d’Europe occidentale, la consommation annuelle de viande par personne est de 80 à 90kg. La plupart des pays les plus pauvres mangent très peu de viande, car elle est toujours considérée comme un produit de luxe. Les estimations représentent la quantité de viande disponible par personne, mais ne tiennent en revanche pas compte du gaspillage alimentaire. La consommation réelle est donc un peu en deçà.

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Si beaucoup de citoyens européens et nord-américains ont aujourd’hui fait le choix de réduire leur consommation de viande, les statistiques ne semblent pas encore montrer de baisse significative. Bien que la viande semble de moins en moins populaire dans les nouvelles recommandations de santé, la consommation aux États-Unis en 2018 était proche de son plus haut niveau depuis des décennies. Il en va de même pour la consommation européenne, assure la BBC. En revanche, les types de viande consommés changent : moins de boeuf et de porc, plus de volaille.

Dans les pays à faibles revenus où l’alimentation est souvent pauvre et peu variée, une quantité modérée de viande et de produits laitiers peut être bénéfique pour la santé. Mais la consommation dans les autres pays va souvent bien au-delà des recommandations nutritionnelles de base, avec des risques pour la santé (maladie cardiaque, AVC, cancers…) établis par de nombreuses études. Remplacer la viande rouge par de la viande blanche est déjà une première étape.

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