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Factchecker: la solitude est-elle vraiment plus mortelle que le surpoids ou le tabac?

Jan Jagers Journaliste Knack

« Les personnes qui ont un cercle social réduit ou de mauvaise qualité courent 50% de risques supplémentaires de mourir jeune. À titre de comparaison, l’obésité et le tabac augmenteraient les risques de ‘seulement’ 30% », écrit le quotidien Het Laatste Nieuws. Notre confrère de Knack a vérifié si c’était bien exact.

Dans le cadre d’une recherche de l’Université Brigham Young mormone, dans l’état américain d’Utah, un panel de professeur a analysé 218 études existantes sur les effets de la solitude, rapporte Het Laatste Nieuws. « La connexion aux autres est universellement acceptée comme un besoin humain fondamental. Tant pour notre bien-être que notre survie », explique la chercheuse en chef et psychologue Julianne Holt-Lunstad au journal.

Dans une publication de 2010, de Plos Magazine englobant 148 études, la conclusion est moins forte. « Associé à l’isolation sociale et la solitude, le risque de décès prématuré est comparable à celui de facteurs de risques communément admis », lit-on dans la conclusion, qui parle notamment de l’obésité.

« Les chercheurs ont rassemblé des données sur la solitude auprès de plus de 300 000 de personnes de plus de 60 ans, avant de vérifier sept ans plus tard qui était décédé », explique Luc Goossens (KU Leuven), spécialiste de la solitude. « Parmi les personnes qui se sentaient seules, ce risque est nettement plus important. Pour évaluer la signification de cette expérience, les chercheurs ont également intégré des études comparables sur le tabac et l’obésité. Conclusion ? L’effet du tabac – plus de 15 cigarettes par jour – était comparable à celui de la solitude. »

Les scientifiques ignorent encore de quoi il en retourne exactement. « L’oeuf ou la poule » résume le professeur en économie de la santé Lieven Annemans (Université de Gand). « La solitude cause-t-elle une mauvaise santé ? Ou est-ce l’inverse ? » L’hypothèse, déclare Luc Goossens, est liée au stress. « Nous voulons tous de bonnes relations sociales. Si ce n’est pas le cas, cela nous stresse et à terme, on le paie cher. »

D’après les données récentes basée sur une enquête réalisée auprès de 90 000 personnes de plus de 60 ans en Flandre, 11% se sentent « sérieusement seuls », 43% modérément, et 46% pas, affirme le gérontologue social Dominique Verté (VUB). « À mesure que l’on prend de l’âge, on éprouve moins le besoin d’un réseau social étendu, et plus à quelques relations approfondies. Un partenaire, un ami ou une amie proche. »

L’isolation sociale se mesure objectivement: peu de contact humain. En revanche, la solitude est subjective et psychologique, soulignent les académiciens. « Si nos relations nous apportent moins que prévu, on se sent seul. »

L’enquête nationale du bonheur réalisée auprès de 1600 Belges démontre que le problème ne touche pas uniquement les personnes d’un certain âge. 45% des personnes âgées de 20 à 34 ans répondent qu’elles ne se sentent « jamais ou rarement » seuls. Plus de la moitié répondent « parfois à toujours ».

CONCLUSION

Les académiciens ne sont pas certains que la solitude soit plus dangereuse que le tabac ou le surpoids. Mais Knack juge que l’assertion est en grande partie vraie.

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