Thomas Mustin. © ILLUSTRATION : MONSIEUR IOU

Mustii: « Ne pas se dire « on n’est pas d’accord donc je ne t’écoute pas » »

Le Vif

Thomas Mustin, alias Mustii, 28 ans, chanteur, auteur, compositeur, acteur et metteur en scène. En mars prochain, il montera sur les planches pour incarner le personnage d’Hamlet.

Qu’est-ce qu’un beau geste ?

C’est un geste qui permet à la fois l’épanouissement de l’autre et de soi.

Qu’avez-vous récemment fait pour vous-même ?

Une journée où je n’avais rien à faire, j’ai acheté des livres et je me suis fait un truc détox avec des kiwis et du thé au gingembre. Un truc hypersain.

Et pour votre entourage, privé ou professionnel ?

J’ai passé du temps avec ma soeur et sa petite fille. C’est le genre d’occasion qui permet de resserrer les liens.

Et pour la société ?

C’est de nouveau lié à ma soeur. Elle veut monter un foodtruck pour les sans-abris, mais pour le moment elle distribue de la nourriture dans les centres du Samusocial. Je suis allé jouer de la musique pendant qu’ils servaient des repas. C’est à une échelle très locale.

Quel beau geste avez-vous posé pour des gens qui ne vous aiment pas ou que vous n’aimez pas ?

J’ai écouté des personnes qui n’ont pas spécialement été bienveillantes dans mon parcours. Pour moi, c’est l’idée de ne pas se braquer, ne pas se dire  » on n’est pas d’accord donc je ne t’écoute pas « . Je reste attentif aux arguments d’en face et je ne ferme pas complètement la porte.

Qu’avez-vous lu, vu ou entendu récemment qui vous a fait du bien ?

Un film qui s’appelle Call Me by Your Name de Luca Guadagnino, avec Timothée Chalamet. Ça m’a fait énormément de bien, c’est un des plus beaux films que j’ai vus. C’est une histoire d’amour entre deux garçons mais il n’y a pas de rejet de la société ou des parents. Tout est intégré et accepté. Du coup, le sujet n’est pas du tout la relation entre deux hommes mais une histoire d’amour. Pour une fois, on n’est pas dans les codes habituels des films LGBT.

Quel est l’acte dont vous êtes le plus fier ?

C’est la rencontre avec Patrick Dils, connu en France pour avoir été victime d’une erreur judiciaire. Je l’ai incarné dans un téléfilm (NDLR : Je voulais juste rentrer chez moi d’Yves Renier avec, aussi, Mathilde Seigner ) dont le but était de le réhabiliter parce qu’il a été emprisonné quinze ans pour rien. J’ai pu le rencontrer et passer du temps avec sa famille. Je suis fier d’avoir pu prendre part à son histoire, d’avoir partagé ça avec lui et d’avoir obtenu sa confiance.

Quel acte a-t-on posé à votre égard et qui a changé votre vie ?

Mes parents m’ont inscrit à des cours de théâtre. Ça paraît con, mais ça a complètement changé ma vie et ça m’a permis d’avoir confiance en moi et de m’intégrer. Ils l’ont fait à un bon moment, entre 8 et 10 ans, où j’étais un peu à la masse, pas spécialement à l’aise.

Qui vous inspire ?

Il y en a plein. Florence Welch, la chanteuse de Florence and the Machine, pour son rapport à l’art et la manière dont elle communique avec les gens. Par exemple, son compte Instagram, ce n’est pas juste un réseau social pour faire de la promo, il y a un rapport artistique là-dedans : elle pense vraiment ses publications. Ce qu’elle écrit n’est jamais anodin. Son rapport à la scène et au live est aussi inspirant parce qu’elle a un côté prêtresse, presque chamanique. Je suis ultrafan de David Bowie pour son aspect décomplexé… Et de David Lynch aussi. Mulholland Drive a été ma première claque au cinéma !

Selon vous, le monde irait mieux si …

Chacun prenait un peu plus de temps pour écouter l’autre, pour être plus attentif à l’autre.

Loïs Denis

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