"Il n'a jamais été question pour moi de briguer un cinquième mandat", soutient Abdelaziz Bouteflika (ici, en 2017, lors des élections législatives) dans sa lettre à la nation. Y aurait-il été contraint ? © Zohra Bensemra/Reuters

Le renoncement de Bouteflika en Algérie : une étape… mais pas une fin

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les annonces du pouvoir promettant une révision de la Constitution et du système politique suscitent encore la méfiance.

A observer la poursuite, le mardi 12 mars dans plusieurs villes d’Algérie, des manifestations contre le pouvoir, il n’est pas sûr que l’annonce, la veille, du renoncement à un cinquième mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika ait convaincu une majorité d’Algériens.  » Nous exigeons un changement radical du système, non un changement de marionnettes « , clamait notamment une banderole de manifestants dans les rues d’Alger. L’histoire contemporaine du pays leur a enseigné, il est vrai, une légitime méfiance. Sur le papier, pourtant, l’évolution proposée par Abdelaziz Bouteflika dans sa lettre à la nation contient des aspects prometteurs. L’élection présidentielle du 18 avril est reportée. Une conférence nationale inclusive et indépendante est mise en place pour réformer le système politique et élaborer un projet de Constitution d’ici à la fin 2019. Le texte sera soumis à l’approbation de la population. Des élections libres et indépendantes seront organisées sous la supervision d’une commission électorale nationale indépendante nouvellement créée.

Les détracteurs des annonces du 11 mars y voient d’abord une ruse pour perpétuer le pouvoir si pas du président sortant, en tout cas de l’oligarchie qui agit dans l’ombre d’Abdelaziz Bouteflika. Illustration, selon eux, de cette intention, Lakhdar Brahimi a été nommé, à 85 ans, président de la conférence nationale, épicentre du processus de changement constitutionnel. Or, si cet ancien ambassadeur est rompu aux négociations délicates comme émissaire de la Ligue arabe (avec un certain succès comme artisan des accords de Taëf qui ont mis fin, en 1989, à la guerre civile libanaise) et de l’ONU (moins en réussite en Afghanistan et en Irak), il souffre aussi, selon le site d’information TSA-Algérie, de sa grande proximité avec… Abdelaziz Bouteflika et d’une présumée déconnexion avec la réalité algérienne en raison de son éloignement du pays ces dernières années.

Bref, l’évolution – et non la révolution – engagée par le pouvoir sur la pression de la rue devra être confirmée dans les actes pour gagner en crédibilité sous peine de menacer directement les hommes de l’ombre à la manoeuvre à Alger.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire