La Première ministre Theresa May, valeureuse défenseure au nom de la démocratie d'un Brexit qu'elle ne souhaitait pas. © LISI NIESNER/REUTERS

Rétro 2018 : le Brexit ou l’impossible accord

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Theresa May aura épuisé toutes ses forces pour conclure un arrangement avec les Européens soutenable par les siens. Le dossier irlandais et l’obstination des brexiters durs ont eu raison de son ambition.

Le Brexit recèle des certitudes. Il aura lieu le 29 mars 2019. Et Theresa May en restera l’emblème, malheureuse ou miraculée, pour l’histoire. A part cela, prévalent les doutes et les interrogations. Quand, à la mi-novembre, est présenté l’accord sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union au terme de deux ans de tractations, les Européens, le négociateur en chef Michel Barnier en tête, ne cachent pas leur soulagement : ils ont conclu  » le meilleur accord qui soit et le seul possible « . La Première ministre britannique Theresa May ne partage pas le même enthousiasme. Pour elle, la négociation a été d’autant plus rude que les 27 ont maintenu un front uni. Ils ont peu concédé. Le 14 novembre, la dirigeante conservatrice présente le deal de 585 pages et 3 protocoles (sur l’Irlande, Chypre et Gibraltar) à son gouvernement qui approuve le texte. Mais dès le lendemain, la démission de plusieurs ministres montre que la partie est loin d’être gagnée. La révolte gronde en effet dans les travées de la Chambre des communes. Les conservateurs partisans d’un Brexit dur sont vent debout et le Parti unioniste démocrate (DUP, nord-irlandais), soutien du gouvernement, cale sur la solution envisagée pour régler les relations avec la République d’Irlande.

Le sort de la frontière avec ce membre de l’Union européenne est la principale pierre d’achoppement de l’arrangement avec l’Union européenne. Rétablir une frontière physique menacerait l’accord du Vendredi saint de 1998 qui a mis fin à la guerre en Ulster. Ne pas la rétablir impose, sauf alternative miracle, de maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière avec l’UE. Et de soumettre les Britanniques aux nouvelles réglementations qu’ils n’auront même pas pu négocier.

C’est la quadrature du cercle, occultée ou insoupçonnée au moment du référendum. L’hypothèque irlandaise conforte les détracteurs de l’accord dans leur bon droit. L’opposition ne se réduit pas. Et le 10 décembre, Theresa May doit se rendre à l’évidence. Le vote prévu le lendemain scellera le rejet du texte. Il est reporté. Confortée tout de même par l’échec d’une motion de défiance, elle s’en remet aux dirigeants européens pour les convaincre de lui accorder quelques concessions. Prêts à lui faciliter sa ratification, ils excluent de renégocier l’accord. Pour Theresa May, la bataille a un goût amer.

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