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Brexit sans accord: quels risques pour la Belgique?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’incertitude règne en Europe, mais aussi en Belgique, au lendemain du rejet par le Parlement britannique de l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE. Vers un  » no deal « , quel impact pour notre pays ?

Les députés britanniques de la Chambre des communes ont rejeté mardi soir l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’UE, défendu par la Première ministre Theresa May. Cette dernière, désormais en très mauvaise posture, a essuyé un revers particulièrement cinglant: 432 parlementaires ont voté contre ce texte, pour seulement 202 en faveur. Un rejet qui augmente considérablement le risque d’un Brexit sans accord.

La peur du « no deal »

Ce rejet massif a mis les autres pays de l’Union européenne dans l’incertitude. La Belgique réfléchit déjà à la suite. Charles Michel a réagi dans la soirée via Twitter. Il assure que le gouvernement belge « se prépare et prend des mesures concrètes ». Une déclaration suivie du hashtag #nodeal. Car s’il subsiste encore à ce stade de nombreux scénarios possibles, c’est bel et bien l’éventualité d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE sans accord qui préoccupe nos élus.

https://twitter.com/CharlesMichel/status/1085261619318452226Charles Michelhttps://twitter.com/CharlesMichel

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Le comité ministériel restreint du gouvernement en affaires courantes s’est réuni ce mercredi pour aborder la question du Brexit et se préparer au risque d’un « no deal ». Les principaux ministres mettent la dernière main à des textes visant à préparer la Belgique. Concrètement, des mesures sont prévues pour les douanes, l’agence fédérale pour la sécurité alimentaire (AFSCA) ainsi que les départements emploi, économie et sécurité sociale. Les projets législatifs seront examinés vendredi en conseil des ministres et ensuite soumis au parlement. Le Premier ministre demandera aux parlementaires de libérer des « capacités financières » pour financer ces mesures. « Il est certain que les affaires courantes rendent les choses un peu plus compliquées, notamment sur le plan budgétaire », a reconnu Charles Michel.

Parmi les mesures annoncées, le ministre de l’Agriculture en, Denis Ducarme, a entre autres insisté sur la nécessité de renforcer le nombre de contrôleurs, d’inspecteurs et de chargés de missions pour l’AFSCA. Au moins 115 engagements supplémentaires devraient être nécessaires. En parallèle aux actions entreprises par le Fédéral, M. Michel a rappelé que le travail devait aussi être mené par les entités fédérées. « Il faut être sûr que chacun fasse son job et que la coordination soit optimale », a-t-il ajouté.

Brexit sans accord: quels risques pour la Belgique?
© Getty Images/iStockphoto

L’équipe de Charles Michel avait déjà passé en revue vendredi, au cours de sa réunion hebdomadaire, les dossiers sensibles liés à cette problématique. Les différents ministres avaient été chargés de finaliser les dispositions et réglementations qui devront s’appliquer si, à bref délai, la Belgique devient une frontière extérieure de l’Union européenne.

Comment la Belgique se prépare

« Les 27 ont affirmé que l’accord sur la table était le seul possible. C’est désormais aux Britanniques d’assumer les conséquences de leur choix », a déclaré notre Premier ministre. Le gouvernement fédéral reste pleinement mobilisé pour défendre les droits des citoyens et des entreprises.

Le ministre Didier Reynders, en charge des Affaires étrangères et de la Défense, a pour sa part souligné qu’un accord était « urgent, dans l’intérêt des entreprises et des citoyens (…) Tout le monde perd en cas de no-deal », a-t-il martelé.

https://twitter.com/dreynders/status/1085280862105731072didier reyndershttps://twitter.com/dreynders

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Kris Peeters a regretté le choix des parlementaires britanniques et précisé que l’importance de celui-ci pour l’emploi et l’économie en Belgique serait analysée dès mercredi.

Le vice-premier ministre Alexander De Croo a souligné que les préparatifs s’intensifiaient dans la perspective d’un départ du Royaume-Uni sans accord. « Nous sommes allés de surprise en surprise au cours des derniers mois. La seule constante, c’est que les Britanniques sont passés maîtres dans l’art de se tirer dans le pied et de créer du chaos », a-t-il déclaré sur Radio 1. D’après lui, il est temps que les Britanniques apportent de la clarté. « Ils sont contre l’accord de retrait, contre un nouveau référendum, contre un hard Brexit, ils ne veulent plus être membres de l’UE, mais que veulent-ils vraiment? », s’interroge-t-il.

https://twitter.com/alexanderdecroo/status/1085273202681671681Alexander De Croohttps://twitter.com/alexanderdecroo

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La Flandre en première ligne

En Belgique, c’est la Région flamande qui parait le plus sensible aux risques d’un Brexit sans accord. « Après l’Irlande, c’est la Flandre qui serait la plus touchée » avertissait déjà le ministre-président flamand Geert Bourgeois en septembre. Mi-novembre, le gouvernement flamand approuvait un plan d’action visant à préparer la Flandre à tous les scénarios, en ce compris du « no deal ». Un budget pour soutenir les entreprises de la Région qui sont actives outre-Manche a notamment été prévu.

Geert Bourgeois (11 juillet 2016)
Geert Bourgeois (11 juillet 2016)© belgaimage

Selon une étude de l’université catholique de Louvain (KUL), un Brexit sans accord, qui sortirait Londres du marché unique et de l’union douanière, risquerait de coûter 28.000 emplois à la Flandre. Le cabinet d’audit Deloitte situe notre pays au 4e rang des 27 pays de l’Union en matière de risques économiques en cas de Brexit.

Des études montrent que la Belgique est, avec l’Irlande et les Pays-Bas, le pays qui ressentira le plus l’impact du Brexit. Selon des chiffres communiqués par le SPF Finances, les flux commerciaux actuels à partir du Royaume-Uni représentent plus de 5% du total des marchandises nationales entrant dans notre pays. La part des exportations s’élève, elle, à 7,5%. En valeur, les importations représentent 15,5 milliards d’euros et les exportations 31,6 milliards d’euros.

« Entre 2012 et 2016, en moyenne, 83,5 % de nos exportations annuelles vers le Royaume-Uni provenaient de Flandre, contre 13,7 % de Wallonie et 2,8 % de Bruxelles », précisait-on en août sur levif.be. D’après la BNB, les secteurs les plus visés en Flandre sont le matériel de transport, les industries chimique et pharmaceutique, et les produits minéraux. En Wallonie, ce sont les industries chimique et pharmaceutique, mécanique et électronique ainsi que le secteur du plastique et du caoutchouc. A Bruxelles, le Brexit frapperait le matériel de transport, les industries chimique, pharmaceutique, mécanique et électronique.

Les entreprises belges toujours pas prêtes

Sur les 25.000 entreprises belges qui entretiennent des relations commerciales avec le Royaume-Uni, seules 5.000 se disent prêtes pour le Brexit. D’après les données collectées auprès des douanes belges et communiquées par le ministre des Finances Alexander De Croo, seule une entreprise sur cinq s’est préparée aux formalités douanières qui iront de pair avec le Brexit, en introduisant une demande d’obtention d’un numéro d’identification unique (numéro Eori), indispensable si l’on veut importer du ou exporter vers le Royaume-Uni. La ministre tire la sonnette d’alarme. « Le gouvernement doit faire ses devoirs et faire en sorte que la douane belge soit prête pour le Brexit. Mais il est tout aussi important que les entreprises s’y préparent également. »

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À la fin de cette semaine, 20.000 entreprises recevront un courrier avec un numéro Eori attribué par la douane. « La seule chose que les entreprises ont à faire, c’est de communiquer le nom de la personne responsable au sein de l’entreprise ». Dans une seconde phase, les autorités douanières prendront contact avec les 5.000 entreprises les plus actives en matière d’échanges commerciaux avec le Royaume-Uni, afin que les choses se passent de manière aussi fluide que possible.

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