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Un printemps en avance n’est pas une bonne nouvelle

Muriel Lefevre

Le printemps semble avoir pris un peu d’avance. La saison du pollen est ouverte, on aperçoit des crocus ici ou là et même les papillons volètent dans une douce brise. Si cela fait du bien au moral de ceux qui n’en pouvaient plus des frimas de l’hiver, cela n’a pourtant rien d’une bonne nouvelle.

La nature semble comme envoutée. Le printemps météorologique n’a pas encore commencé que la nature en a déjà les atours. Les premiers papillons voltigent déjà. Les crocus et les bourgeons pointent leur nez et le noisetier et l’aulne noir ont donné le coup d’envoi de la saison pollinique. Certaines abeilles et guêpes s’aventurent même au soleil. Pourtant, techniquement, le printemps ne commence que dans un mois et l’hiver pourrait encore faire un retour en force. La nature est-elle à ce point perturbée que les saisons se décalent ?

Le professeur Erik Matthysen, biologiste à l’Université d’Anvers, temporise dans De Morgen. « Un certain nombre d’espèces végétales et animales réagissent très rapidement aux températures qui remontent. Mais ce n’est pas le cas pour toutes et puis, par exemple, ce n’est pas parce qu’un oiseau se met à chanter qu’il va forcément se mettre à pondre des oeufs. Mais il est vrai qu’un printemps à deux vitesses crée un déséquilibre et peut causer deux types de problèmes. D’une part, les espèces végétales et animales qui sont déjà en mode printemps sont en danger, car elle pourrait ne pas survivre à un retour brutal du froid. Et d’autre part, cela déséquilibrer l’écosystème. Les oiseaux peuvent se reproduire plus tôt, mais ils ont aussi besoin de beaucoup d’insectes pour nourrir leurs petits. Si ces insectes ne sont pas encore là, les animaux manqueront de nourriture et ils risquent de mourir de faim. Le même principe s’applique aux plantes. Si elles fleurissent avant qu’il y ait des abeilles ou des bourdons, il n’y a pas pollinisation et donc pas de reproduction. »

Heureusement la nature offre une certaine souplesse et selon la théorie de l’évolution les espèces les plus aptes à s’adapter ont aussi le plus de chance de survivre. À ceci près que selon Matthysen : « il est difficile d’estimer l’élasticité réelle des espèces. Le printemps n’a aujourd’hui que deux à trois semaines d’avance, mais s’il se décale encore davantage ou s’il fait encore plus chaud ? Personne ne peut dire comment la nature va réagir. »

Le printemps météorologique commence le 1er mars et se termine le 31 mai dans l’hémisphère Nord.

Au Japon, la très sérieuse prédiction de la floraison des cerisiers

Le printemps approche et une question taraude Japonais et touristes: quand les cerisiers vont-ils enfin éclore? De très sérieux prévisionnistes météo se penchent chaque année sur le sujet.

Dans leur quête d’exactitude, les observateurs s’appuient d’abord sur une vaste collection de relevés de températures. En cas de temps clément au printemps, la floraison interviendra plus tôt. Inversement, elle sera plus tardive si l’automne et l’hiver précédents ont été plus chauds que d’habitude, repoussant le processus. Il n’est pas bon non plus que le temps soit extrême. L’an dernier, une succession de typhons a conduit à un phénomène rare: l’apparition de fleurs de cerisiers dès l’automne 2018. Soit bien avant la saison officielle, qui s’étale de début mars dans l’île méridionale de Kyushu à mai dans la région septentrionale de Hokkaido. Pour affiner leurs prévisions, plusieurs organismes ont commencé à rassembler les données d’internautes. Weathernews, une société basée à Chiba près de Tokyo, dispose même de ses propres données météorologiques collectées par des appareils d’observation disséminés en 13.000 endroits du pays, 10 fois plus que l’agence météo nationale. Et ses employés sont en contact régulier avec environ 700 parcs pour vérifier la croissance des bourgeons. Pour compléter ce travail de terrain, les prévisionnistes japonais usent de modèles mathématiques et d’algorithmes.

Un printemps en avance n'est pas une bonne nouvelle
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L’Agence météo nationale a, elle, cessé de livrer ses estimations en 2010, après plus de cinq décennies. Toutefois, c’est toujours à elle que revient de décréter ouverte la saison de floraison des cerisiers en surveillant 58 arbres de référence à travers le pays. Leur localisation est gardée secrète pour éviter les canulars. À partir de début mars, les inspecteurs scrutent les bourgeons une fois par jour, puis deux fois par jour quand la date fatidique approche, explique M. Dojo. Si le bourgeon est petit et ferme, il lui faudra encore un mois avant de s’ouvrir. Il prendra d’abord une couleur légèrement jaune verdâtre, avant de s’assombrir. Enfin, il deviendra rose pâle, une semaine avant le moment tant attendu de la floraison.

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