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Trois cents scientifiques appellent à la grève mondiale pour le climat le 15 mars

Le Vif

Trois cents chercheurs belges, français et suisses se sont joints, dans une tribune, à la cause de la jeune Suédoise Greta Thunberg et des élèves et étudiants qui brossent les cours chaque jeudi depuis le mois de janvier pour réclamer à leurs dirigeants une politique climatique ambitieuse. Ils appellent à une grève mondiale pour le climat le 15 mars prochain.

« C’est devenu, pour ceux qui possèdent une parcelle de savoir, un impératif moral et politique d’accompagner et d’encourager cette mobilisation de la jeunesse, de chercher avec elle et avec le plus grand nombre des réponses progressives et efficaces aux défis vitaux auxquels nous sommes désormais confrontés », ont-ils écrit dans une carte blanche publiée, entre autres, par Le Soir et De Morgen.

Les signataires, parmi lesquels on retrouve notamment l’ancien vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) Jean-Pascal van Ypersele, y expliquent qu’ils ont tout essayé.

Ils se sont d’abord concentrés sur leur travail qui, depuis des années, relaie des « vérités difficiles à entendre sur l’état de la planète et du monde, et en particulier sur la menace existentielle que représentent les bouleversements climatiques et la destruction de la biodiversité ».

Ils ont ensuite sensibilisé les décideurs, conseillé les puissants, jeté des ponts avec des organisations de la société civile sensibles à la cause écologique, alerté « mille fois l’opinion publique et les citoyens ». « Et pourtant… », soupirent-ils.

Fossé

Pour les scientifiques, le fossé n’a jamais été aussi profond entre « ceux qui tiennent le manche, décident de l’orientation à prendre, et ceux qui souffriront de l’obstination des premiers à ne pas voir l’effritement physique et biologique du monde autour d’eux ».

Les scientifiques visent ainsi, d’un côté, les détenteurs du pouvoir économique, « ceux pour qui seul compte de vendre plus » peu importent les conséquences, « moult » dirigeants qui bradent « le pouvoir de régulation des États » et « orientent la colère des foules vers des cibles trompeuses ».

En face, il y a « les lycéens et les étudiants qui suivent le mot d’ordre de grève climatique de Greta Thunberg, et au-delà la jeunesse de la planète entière », qui « pâtiront de l’obstination des premiers » et voient « la civilisation thermo-industrielle et le néo-libéralisme débridé les emporter vers le cauchemar climatique et l’effondrement du vivant ».

Les signataires entendent déjà les critiques fuser sur la « politisation du savoir ». « Quelle hypocrisie et quel cynisme! », s’exclament-ils, alors que la production de savoir est « trop souvent financée par des intérêts privés purement mercantiles ».

« La seule vraie neutralité réside dans les instruments et les méthodes, ceux qui sont mis à profit par les empoisonneurs comme par les lanceurs d’alerte qui en dénoncent les agissements. Épouser et soutenir le mouvement d’une civilisation mortifère, c’est loin d’être neutre. Le dénoncer et le refuser nous paraît simplement constituer un acte citoyen. »

Les jeunes du mouvement Youth for Climate ont annoncé début février une « journée d’action européenne dans 38 pays » le vendredi 15 mars, baptisée « Global Strike for Future », afin de réclamer des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique. La marche belge se déroulera à Bruxelles, au départ de la gare du Nord.

Les experts du Giec prévoient des scénarios climatiques hors de contrôle si le réchauffement dépasse +1,5°C par rapport à l’époque pré-industrielle.

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