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« Bel Air », l’application de mesure de la qualité de l’air qui trompe les utilisateurs

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

« BelAir », une application qui évalue la qualité de l’air, ne semble pas très précise. A côté d’une autoroute, l’app’ estime qu’il n’y a pas de problème de pollution de l’air. Les utilisateurs sont circonspects.

« BelAir », une application compatible avec les smartphones Android et IOS, vise à mesurer la qualité de l’air en temps réel sur tout le territoire belge. Elle a été lancée à la mi-janvier par l’Agence Wallonne de l’Air et du Climat et le ministre wallon de l’Environnement Di Antonio. Elle est le fruit d’une collaboration entre la Flandre et la Wallonie, Bruxelles ayant déjà développé sa propre application (« Brussels Air »). L’intérêt de la population pour un tel outil de mesure est au rendez-vous : « Bel Air » a été téléchargée plus de 60.000 fois depuis son lancement.

L’application se base sur le réseau de stations de mesure télémétriques installés en Belgique qui se trouvent parfois à 10 ou 15 kilomètres de distance. La Belgique en compte 63, dont 24 en Wallonie. Une fois l’application activée, la première information reçue est un indice modélisant l’état général de la qualité de l’air à l’endroit où l’utilisateur se connecte, la qualité de l’air pouvant aller d’ « excellente » à « exécrable ». L’utilisateur a accès aux mesures de « toutes les concentrations des différents polluants qui sont récoltés dans tout le réseau belge de stations », explique Virginie Hutsemekers, de la Cellule Interrégionale de l’Environnement (Celine).

Le niveau de précision géographique est également réglable. Il est possible de connaître la qualité de l’air jusqu’au niveau d’un quartier (100x100m). L’application fournit aussi davantage de détails aux utilisateurs, dont les taux de concentrations en NOx (oxyde d’azote), en particules fines, ou encore, en ozone.

Avant, ces données étaient déjà en ligne sur le site de Celine, mais l’application rend ces données techniques plus abordables via une présentation des informations plus ergonomique et ludique, explique un communiqué de presse du cabinet du Ministre Di Antonio.

Autre atout: en cas de pics de pollution, « Belair » permet de communiquer directement avec les citoyens, via de alertes personnalisées. L’utilisateur reçoit des recommandations, comme d’éviter chauffage au bois ou l’utilisation de la voiture.

Les données de l'application
Les données de l’application « BelAir »© printscreen BelAir

D' »excellent » à « exécrable »

Soucis: des utilisateurs se plaignent car les données qu’ils reçoivent ne leur paraissent pas correctes. Par exemple, certains voient que la qualité de l’air dans leur rue est  » bonne  » à  » très bonne « , alors qu’ils vivent à proximité immédiate d’une route très fréquentée ou, même, d’une autoroute.

Comme l’explique Het Laatste Nieuws, de nombreux utilisateurs de cette application ont participé l’année dernière au projet scientifique « CurieuzeNeuzen » en Flandre. Pendant un mois, ils ont mesuré la qualité de l’air à l’aide d’un appareil placé sur la façade de leur maison qui mesure l’azote. Les résultats ont montré que l’air dans leur rue était de piètre qualité, alors que les données affichées sur l’application « BelAir » indiquent constamment que la qualité de l’air est bonne, voire excellente. D’où les soupçons.

« L’application donne la qualité de l’air à l’endroit où on se trouve via un calcul de mathématique basé sur les mesures qui sont faites dans les stations fixes du réseau. C’est un calcul mathématique qui donne la qualité de l’air », explique à RTL Philippe Metz, collaborateur scientifique à la Cellule Interrégionale de l’Environnement.

« Mais nous prenons également en compte d’autres paramètres, tels que la densité du trafic ou les émissions de l’industrie « , explique, de son côté, au HLN l’agence flamande de l’Environnement (Vlaamse Milieumaatschappij). « À l’aide d’un logiciel informatique, nous calculons ensuite la situation pour une rue en particulier« . Cependant, il y a manifestement de sérieuses lacunes dans ce modèle théorique, en particulier dans les rues étroites et animées et le long des autoroutes.

Greenpeace, de son côté, estime que les stations de mesures ne se trouvent pas aux bons endroits. Philippe Metz souligne que le nombre de stations est bien supérieur à ce qu’exige l’Union européenne. De plus, ce réseau est en« perpétuelle évolution. » « Actuellement il y a une nouvelle station, qui vient de démarrer à Namur, donc en ville. Il y a des projets de stations proches du trafic, à la fois à Liège et à Charleroi également », indiquait-il lors de la présentation de l’app’ il y a un mois.

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