Avocats de Nemmouche, Henri Laquay (à g.) et Sébastien Courtoy sont rompus aux procès islamistes. © THIERRY ROGE/BELGAIMAGE

Procès Nemmouche : les époux Riva, des agents du Mossad

Une exécution ciblée d’agents du Mossad. La défense de Mehdi Nemmouche se positionne comme prévu sur un mode complotiste.

Un assassinat ciblé d’agents du Mossad ! La première salve n’est pas venue de Sébastien Courtoy, mais de Virginie Taelman qui, avec Henri Laquay, complète le trio d’avocats de Mehdi Nemmouche, accusé d’être le tueur du musée juif de Belgique. Tout donnait à penser que la défense de l’accusé serait particulière. Confirmation en a été donnée lors de la lecture de l’acte de défense faisant suite à l’acte d’accusation lu la semaine passée par le procureur fédéral Bernard Michel.

Une exécution ciblée d’agents du Mossad ! Nous y voilà. Les malheureux époux Riva en voyage à Bruxelles pour leur anniversaire de mariage sont qualifiés post-mortem d’agents du service de renseignement israélien. Sans preuve, évidemment. Me Courtoy pourra toujours rappeler qu’il a demandé la production comme témoins du patron du Mossad et des ambassadeurs d’Israël à Bruxelles et à Berlin et que cela lui a été refusé. Me Courtoy demande aussi que la cour se déplace dans une maison proche du musée juif de Belgique, rue des Minimes, où un appartement a été loué sous un faux nom pendant deux mois : le tueur en fuite est passé devant. Le mécanisme complotiste se met en place. Si rien de ce qu’avancent les avocats de Nemmouche n’est prouvé, c’est parce qu’ « on » veut cacher la vérité au jury.

En s’extrayant de la réalité du dossier pour surfer sur le fantasme du complot juif, les avocats de Nemmouche s’aventurent sur un terrain qui risque de nuire à leur réputation et de conforter l’inclinaison au déni apparu dès le lendemain des attentats du 11 septembre comme après celui de Charlie Hebdo. Trop de preuves – qu’on se souvienne de la carte d’identité laissée dans leur voiture par l’aîné des frères Kouachi, le 7 janvier 2015- suggère aux esprits simples l’innocence ou la manipulation. Des preuves incomplètes aboutissent au même résultat. Ainsi, des empreintes ou des traces ADN mixtes ou insuffisamment probantes ont été découvertes sur l’encadrement de la porte du bureau d’accueil du musée juif. On n’a pas trouvé d’empreintes de Nemmouche sur le revolver utilisé pour tuer Emanuel et Miriam Riva. Selon ses avocats, cela remet en question l’identité du tueur présenté comme étant l’accusé. Et d’ailleurs, pourquoi portait-il sur lui ce revolver lorsqu’il a été arrêté à Marseille, alors qu’il devait savoir qu’il s’est enrayé après l’exécution d’Emanuel et Miriam Riva et avoir blessé Alexandre Strens ? Pourquoi leur client s’est-il sagement laissé arrêter, alors que les témoins et les caméras de surveillance décrivent un homme agissant comme un soldat ?

Assez curieusement, c’est encore la plus jeune du trio de la défense, Me Taelman qui suggère que certaines déclarations du coaccusé de Mehdi Nemmouche, Nacer Brender, auraient été obtenues sous la pression des enquêteurs qui lui auraient promis en échange une libération provisoire, un an après son arrestation. Une assertion qu’a démenti immédiatement l’avocat du truand marseillais, Me Gilles Vanderbeck : il n’y a eu aucun arrangement de cette nature.

La quantité impressionnante d’indices récoltés par la police judiciaire fédérale de Bruxelles (DR3), sous la direction du parquet fédéral et de deux juges d’instruction, devrait dissiper ces brumes. Un autre « mystère » reste en suspens. Pourquoi a-t-on présenté aux témoins une image retravaillée du tueur du musée juif, sans les lunettes de soleil qu’il portait d’après les images de vidéosurveillance ? Pourquoi lui a-t-on ajouté un nez et un regard, faux, de surcroît ? Dès lors qu’il y a eu cette première manipulation, ses avocats rejettent la « preuve » visuelle de son repérage au musée la veille de l’attaque.

Et Mehdi Nemmouche replongea dans son silence, puisque la cour a refusé de faire venir les témoins qu’il demandait. Hors complot, point de salut.

« Nous n’avons jamais parlé de complot juif »

Me Laquay, l’un des avocats de Mehdi Nemmouche, principal accusé dans le procès devant la cour d’assises de Bruxelles de l’attentat au Musée juif perpétré en 2014, s’est dit mercredi « étonné de déclarations de certaines parties civiles ». « Nous n’avons jamais parlé de complot juif ou du Mossad », les renseignements israéliens, a-t-il martelé.

Me Henri Laquay est arrivé au palais de justice mercredi matin plutôt énervé par les déclarations de certaines parties civiles. « Nous n’avons jamais dit qu’il y avait un complot juif ou du Mossad. Nous avons simplement dit que deux des victimes travaillaient pour le Mossad », a-t-il asséné.

Avec Belga

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