Didier Reynders, Charles Michel, Maggie De Block et Alexander De Croo © BELGA

Les trois grands chantiers de Michel II

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

S’il tient jusqu’aux élections, il reste cinq mois au gouvernement Michel II pour mener à bien trois grands chantiers, à savoir ceux du pouvoir d’achat, de la migration et du climat. Cependant, dans les faits, l’orange bleue risque d’être entravée et incapable de faire autre chose que ce qu’un gouvernement en affaires courantes peut faire.

Le pouvoir d’achat

Comme le souligne le quotidien De Morgen, il y a un certain nombre de mesures qui peuvent être instaurées sans trop de problèmes. Ainsi, il y a la baisse des charges pour les salaires les plus bas prévue pour 2019 et qui est la dernière étape du tax shift.

Il y a aussi le deal pour l’emploi qui comporte une série de mesures visant à activer un maximum de chômeurs en focalisant sur la formation. Déjà approuvées au conseil des ministres, ces mesures doivent encore l’être au parlement. Aussi plusieurs ténors de la N-VA ont-ils déjà fait savoir qu’ils donneraient leur feu vert.

Cependant, comme le fait remarquer De Morgen, la réforme des allocations de chômage risque de poser plus de problèmes. Le ministre de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) avait proposé d’augmenter les allocations de chômage, pour les faire baisser plus rapidement par la suite. Cependant, le projet n’a pas encore été discuté au sein du gouvernement. Si les détails ne plaisent pas à la N-VA, la réforme risque de ne pas le voir le jour.

Kris Peeters
Kris Peeters© Franky Verdickt

En principe, Peeters pourrait passer outre le parlement, mais comme pour une mesure aussi drastique il faut davantage de soutien politique, il devrait se concerter avec les partenaires sociaux et cette discussion s’annonce difficile.

Les négociations salariales qui ont lieu tous les deux ans entre les syndicats et les employeurs sont également cruciales. Comme les partenaires sociaux se mettent rarement d’accord, c’est souvent au gouvernement à trancher. « Nous devons pouvoir décider », déclare un libéral au Morgen. « Les gens ne seraient pas augmentés parce que nous nous disputons. Allez leur expliquer ça. »

Et puis il y a les pensions. Même si le gouvernement a fixé l’âge légal de la pension à 67 ans, il n’a pas trouvé d’accord sur les métiers pénibles. Au grand dam de la N-VA et de l’Open VLD, le ministre des Pensions Daniel Bacquelaine (MR) a conclu un accord pour les fonctionnaires, mais pour le secteur privé rien n’est décidé, l’écart entre les syndicats et les employeurs étant très profond. Comme les pensions sont un sujet très sensible auprès de l’opinion publique, personne n’osera prendre de décision.

La migration

Maggie De Block (Open VLD) a hérité de la compétence de l’Asile et de la Migration de l’ex-secrétaire d’Etat N-VA, Theo Francken. Elle a d’ores et déjà annoncé sa volonté de revoir le quota d’une cinquantaine de demandes d’asile par jour. S’il n’y a pas encore de directive formelle, lundi 116 demandes ont été enregistrées.

Le week-end dernier, la libérale flamande n’a pas épargné Theo Francken. « Je récupère aujourd’hui un département en crise. C’est le chaos », a-t-elle dit. « Je ferai mon travail, mais je ne peux pas tout résoudre en un claquement de doigts. J’ai toujours défendu une politique stricte, mais juste. Ceux qui ont des droits doivent pouvoir les exercer, mais ceux qui ne sont pas reconnus doivent quitter le territoire », a-t-elle également déclaré.

À présent que le gouvernement soutient le Pacte des Migrations, De Block se doit de tenir un discours positif sur la migration. Comme le résume De Morgen, elle doit humaniser la politique, tout en ne tombant pas dans l’excès inverse, car si les choses tournent mal, les électeurs de droite n’hésiteront pas à mener la N-VA à la victoire le 26 mai prochain.

De Block se dit également décidée à résoudre la crise d’accueil. Elle a demandé à son administration de faire un inventaire du nombre de places disponibles et plus que Francken elle souhaite miser sur les rapatriements volontaires.

Le climat

À quelques mois des élections, le gouvernement Michel II se rend compte qu’il est grand temps d’afficher plus d’ambition écologique. En outre, fin décembre, la Belgique doit soumettre son plan climatique à l’Europe. Celui-ci doit expliquer comment notre pays doit atteindre ses ambitions écologiques pour 2030.

Ministre des Finances depuis ce week-end, Alexander De Croo (Open Vld) a déclaré, sans en dire plus, qu’il allait formuler une série de « propositions fiscales ». Il redoute en effet de lancer des idées sans savoir si elles seront soutenues la Chambre où Michel II n’occupe qu’un tiers des sièges. Et comme le budget pour l’année prochaine est prêt, il risque d’avoir du mal à changer de cap en matière de fiscalité verte.

Il faudra donc que Michel II finalise au mieux les dossiers climats de la coalition suédoise. Ainsi il doit approuver le budget mobilité qui doit réduire le nombre de voitures de société. Et pour De Morgen, beaucoup dépend de la ministre de l’Énergie Marie Christine Marghem (MR).

Marie-Christine Marghem.
Marie-Christine Marghem.© BELGA PHOTO / LAURIE DIEFFEMBACQ

Cette dernière a encore beaucoup de pain sur la planche, notamment l’instauration d’une norme énergétique qui doit empêcher la facture d’électricité des entreprises de dépasser celles de nos pays voisins. De plus, vu la montée des gilets jaunes en Belgique francophone, le gouvernement aura du mal à faire porter le coût de la transition écologique sur les ménages.

Et puis il y a la sortie du nucléaire qu’il est urgent de préparer. Pour l’assurer, il faut un mécanisme de soutien pour les nouvelles centrales de gaz et convenir avec Engie-Electrabel qui paiera les milliards que coûtera le démantèlement.

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