Jan Jambon © ISOPIX

La surveillance des données des passagers est opérationnelle en Belgique

La surveillance des données des passagers est opérationnelle en Belgique. Tel est le message qu’a fait passer lundi le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, entouré des dirigeants de la police fédérale, des services de renseignement civil et militaire et des douanes.

Au lendemain des attentats de Paris en 2015, le gouvernement fédéral avait fait de l’aboutissement d’un système PNR (Passenger Name Record) une de ses priorités, malgré les discussions qui s’enlisaient au niveau européen sur ce système. La Belgique entendait en outre aller plus loin et veiller également à la transmission des données des voyageurs par route, mer ou chemin de fer.

Une cellule « Passenger Information Unit » (IPU) a vu le jour au sein du centre de crise du SPF Intérieur. Elle regroupe une trentaine de collaborateurs détachés par les quatre services concernés.

A ce jour, la transmission de données a commencé pour 28% des passagers aériens en Belgique. En 2019, l’ensemble des compagnies aériennes devraient être connectées à la banque de données.

Des concertations sont en cours pour les autres secteurs. Un projet pilote est annoncé pour l’Eurostar, qui relie la Belgique à la Grande-Bretagne. Un autre devrait être lancé avec la société d’autocar Flixbus.

Les données des passagers arrivent dans la banque de donnée de BelIPU 48 heures avant le départ ainsi qu’au moment du départ et sont analysées soit sur base d’une liste de personnes déjà connues, soit en fonction d’un profilage. Elles ne mènent pas nécessairement à une arrestation. Elles permettent aussi de mieux cerner les contours d’un réseau criminel. Elles sont dépersonnalisées après 6 mois et ne peuvent être repersonnalisées que moyennant une autorisation judiciaire. Après 5 ans, elles sont effacées.

Le ministre a assuré que toutes les précautions étaient prises pour garantir la protection de la vie privée des citoyens, notamment dans l’accès très limité offert au BelIPU et l’interdiction de la consulter sans justification. La banque de données est toutefois très vaste. A l’heure actuelle, près de deux millions de passagers y sont repris.

En trois mois, 414 correspondances ont pu être réalisées, dans diverses formes de criminalité. Ce lundi matin, une saisie de 160 kilos de drogue a ainsi pu avoir lieu. La criminalité organisée ou le terrorisme ne sont pas les seuls visés. Selon le patron des renseignements militaires (SGRS), Claude Vande Voorde, la Belgique a aussi pu récolter des informations sur l’activité de certains services étrangers sur son territoire.

Depuis lors, les instances européennes ont pu s’accorder sur une directive PNR qui butait sur l’opposition du parlement. La Belgique est le deuxième pays après la Hongrie à l’avoir transposée.

« La Belgique est une pionnière, et j’en suis fier », s’est félicité M. Jambon tandis que M. King mettait en avant le « lead » de la Belgique dans ce domaine.

Contenu partenaire