20 octobre 2017 : Erik Van der Paal accueille sa "collègue imposée", Valérie Dardenne, à l'entrée du restaurant étoilé 't Fornuis à Anvers, où le boss de Land Invest donne une fête pour ses 45 ans. © DR

L' »architecte préférée » de Stéphane Moreau a facturé 906.000 euros à Land Invest

David Leloup
David Leloup Journaliste

Entre octobre 2014 et décembre 2017, une architecte très proche de Stéphane Moreau a facturé plus de 906.000 euros à Land Invest Group, filiale immobilière du fonds de pension Ogeo Fund alors dirigé par… Stéphane Moreau. Ses prestations ? Principalement une réunion hebdomadaire, non-obligatoire, de deux heures maximum à Anvers, comme « conseillère stratégique » de Land Invest.

C’est ce qu’on pourrait appeler un « emploi Publifin » : une fonction extrêmement bien rémunérée alors que les prestations demandées en contrepartie sont pratiquement inexistantes. L’emploi quasi-fictif dont nous parlons ici a duré un peu plus de trois ans. Non pas en bord de Meuse, où siège l’intercommunale liégeoise Publifin (récemment rebaptisée Enodia), mais d’un autre fleuve qui coule, lui, au nord du pays : l’Escaut.

Cette mascarade a coûté quelque 900.000 euros à Land Invest Group (LIG), la filiale immobilière anversoise d’Ogeo Fund, le puissant fonds de pension de Publifin et d’une poignée d’autres intercommunales liégeoises. Ogeo Fund, qui pèse plus de 1,2 milliard d’euros, a été dirigé pendant dix ans par Stéphane Moreau, jusqu’à sa démission en juin 2017 exigée par la FSMA, le gendarme des marchés financiers.

De 2011 à 2016, Ogeo Fund a été la « banque » de LIG à Anvers : via des prêts obligataires au taux de 9%, plus de 63 millions d’euros ont été avancés par Ogeo à LIG pour financer une dizaine de projets immobiliers. L’emploi plus que douteux dont il est ici question a donc été payé avec l’argent des pensionnés et futurs pensionnés liégeois, qui ont cotisé ou cotisent actuellement à Ogeo. Mais, cette fois, ce ne sont pas les partenaires flamands d’Ogeo qui ont profité de la manne liégeoise.

906.267,62 € facturés à la « boite noire »

Le Vif/L’Express et Apache ont déjà raconté comment les partenaires d’Ogeo Fund à Anvers ont « claqué » des millions en se rémunérant impérialement ou en fréquentant des restaurants étoilés pour 15.000 euros par mois. Ici, c’est une personne très proche de Stéphane Moreau qui a tiré les marrons du feu anversois : Valérie Dardenne, une architecte dont la carrière doit tout, ou presque, à l’ex-bourgmestre d’Ans, exclu du PS en avril 2017 suite au rôle central qu’il a joué dans le scandale Publifin. Précisons d’emblée que Valérie Dardenne n’a aucun lien de parenté avec feu le mentor politique de Moreau, Michel Daerden.

En l’espace de trois ans, cette architecte née en 1975 a réussi le tour de force de facturer 906.267,62 euros à Land Invest Project Management (LIPM), la filiale opérationnelle de LIG (voir tableau ci-dessous). L’essentiel de ce pactole (798.600 euros) correspond à des émoluments pour les « conseils stratégiques » fournis par l’architecte au comité de direction de LIG. Soit une réunion hebdomadaire non-obligatoire de deux heures maximum à Anvers.

Mais ce n’est pas tout, car Valérie Dardenne cumulait les fonctions et les rémunérations chez LIG. Elle a aussi facturé des prestations (47.896 euros) en tant qu’administratrice de LIG – soit une réunion tous les trimestres au début, puis des réunions de plus en plus fréquentes à partir de 2017 quand la situation financière de LIG s’est aggravée. Last but not least, le cabinet d’architecture de Valérie Dardenne a été très bien rémunéré (59.772 euros) pour dessiner les plans d’un projet immobilier de LIG sur les hauteurs de Liège. Un projet qui plaçait de facto l’architecte en conflit d’intérêts puisqu’elle jouait à la fois le rôle de promoteur et de sous-traitant.

La situation financière de Valérie Dardenne s'améliore drastiquement après son accouchement en juillet 2014. Sa toute première facture envoyée à LIG date du 24 octobre 2014.
La situation financière de Valérie Dardenne s’améliore drastiquement après son accouchement en juillet 2014. Sa toute première facture envoyée à LIG date du 24 octobre 2014.© DR

Quelqu’un « qu’il faut aider »

L’histoire de cet « emploi Publifin » démarre à l’été 2014. L’homme d’affaires et lobbyiste anversois Erik Van der Paal est « convoqué » par Stéphane Moreau à Liège, dans son bureau du 7e étage rue Louvrex, chez Nethys. Pour rappel, fin 2010, Ogeo Fund s’est allié avec Elba Advies, la société d’Erik Van der Paal et de son associé hollandais Marc Schaling, pour créer LIG. Une alliance singulière : Ogeo et Elba possèdent chacun 50% de LIG, mais Ogeo joue en plus le rôle de « banquier » de LIG, filiale qui évolue dans un secteur – le développement de projets immobiliers – où le fonds de pension n’a aucune compétence et dépend entièrement de l’expérience professionnelle de ses partenaires anversois.

Pendant des années LIPM est restée une
Pendant des années LIPM est restée une « boîte noire » hors de portée du regard d’Ogeo Fund, pilotée uniquement par son partenaire Elba.© DR

Bref, c’est avec sa double casquette d’actionnaire et de banquier de LIG que Moreau fait se déplacer Van der Paal en Cité ardente. Le numéro un du fonds de pension annonce alors à son partenaire d’affaires qu’il y a quelqu’un « qu’il faut aider », se souvient Erik Van der Paal, ce que Stéphane Moreau dément. Et pour « aider » cette personne, il convient de la nommer au comité de direction de LIG. Cette personne, c’est bien sûr Valérie Dardenne, ex-architecte de la commune d’Ans où elle a rencontré Moreau au début des années 2000, quand il était échevin de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, et avec lequel elle a eu une liaison à l’époque. Elle est devenue, ensuite, l’architecte officieuse d’Ogeo Fund, en charge notamment de la transformation de l’immeuble de prestige abritant le siège social du fonds de pension à Liège.

Au moment où Van der Paal et Moreau devisent au 7e étage chez Nethys, Valérie Dardenne est une femme heureuse : quelques semaines plus tôt, mi-juillet 2014, elle a accouché d’un enfant qui porte son nom de famille. S’agit-il d’un « cadeau de naissance » de Stéphane Moreau à son architecte préférée ? Toujours est-il que Moreau a insisté auprès d’Erik Van der Paal pour que Valérie Dardenne touche « la même rémunération » que les deux autres membres du comité de direction, à savoir Van der Paal lui-même et Marc Schaling.

Ces derniers, les véritables chevilles ouvrières de LIG, facturent chacun 25.000 euros par mois en management fees. Ils ont du mal à avaler qu’une néophyte qui ne connaît rien au métier de la promotion immobilière, ni au marché immobilier anversois, puisse gagner autant qu’eux. Ils plafonnent dès lors ses émoluments à 20.000 euros par mois. Voilà pour les conditions surprenantes dans lesquelles Valérie Dardenne aurait été bombardée, par Stéphane Moreau, « Strategic Advisor » au comité de direction de Land Invest Group. Moreau, lui, dément être intervenu : « Je n’ai donné d’injonction à personne pour faire engager quiconque. »

La « stratège » ne parle pas néerlandais

Selon Van der Paal et Schaling, l’architecte ne venait qu’une fois sur deux environ aux réunions. « Il y avait deux types de réunions : les officielles une fois par mois, sauf en juillet-août, et les officieuses une fois par semaine, explique Erik Van der Paal. Sur dix réunions officielles en 2016, Valérie Dardenne est venue cinq fois à Anvers. Son taux de présence est identique en 2017. » Assister aux réunions n’était aucunement obligatoire pour toucher les émoluments liés à la fonction.

Officielles ou officieuses, toutes les réunions se tenaient le jeudi matin à 11h30 au QG de LIG, un magnifique immeuble néogothique situé sur la rive droite de l’Escaut dans le quartier historique d’Anvers. L’immeuble, classé, se trouve en face du Steen, un château fortifié du début du 13e siècle, et à deux pas de l’imposante Maison des Bouchers construite en 1501. Valérie Dardenne arrivait parfois la veille « pour éviter les embouteillages le matin même ». Elle descendait alors à l’hôtel ‘t Sandt, à 400 mètres des bureaux de LIG, un luxueux hôtel contemporain dans une élégante maison patricienne néo-rococo du 17e siècle. Et à qui adressait-elle la facture ? À Land Invest. On en retrouve plusieurs dans la comptabilité de LIPM en 2014, 2015 et 2016.

Cerise sur le gâteau, si l’on peut dire, la jeune femme ne parle pas le néerlandais. Ce qui limite fortement sa participation aux débats. Par courtoisie, les réunions démarraient en anglais, qu’elle maîtrise à peu près. Mais très vite, Marc Schaling avait la fâcheuse habitude de basculer dans sa langue maternelle – le néerlandais – qui est aussi celle de Van der Paal. Du coup, Valérie Dardenne était larguée. Mais ce n’était qu’un mauvais moment à passer : le comité de direction se réunissait rarement plus d’une heure et demie, d’après les procès-verbaux que nous avons pu consulter. Vers 13 heures, le moment était en effet venu pour Erik Van der Paal d’aller « réseauter » au restaurant

Quand Publifin rend fébrile

D’après les factures émises par sa société Actys, Valérie Dardenne aurait commencé ses « prestations » au comité de direction de LIG début octobre 2014, dès que son congé de maternité s’est achevé. Sa première « note d’honoraires » en tant que « conseillère stratégique », envoyée le 15 janvier 2015, concerne le dernier trimestre 2014. Son montant ? 72.600 euros. Trois fois 20.000 euros plus 21% de TVA. Le robinet est ouvert. Et le débit restera constant pendant deux ans, jusque fin 2016. À ce moment éclate le scandale des « comités de secteur » qui ébranle l’intercommunale liégeoise Publifin et ses dirigeants. On découvre alors que des élus locaux sont rémunérés de 1.340 à 2.871 euros bruts par mois, depuis plus de trois ans, pour participer à trois ou quatre réunions non-décisionnelles chaque année, où leur présence n’est même pas requise.

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Chez Ogeo Fund, on devient fébrile. Surtout Emmanuel Lejeune, qui préside le CA de LIG où il est le principal représentant du fonds de pension. Bien conscient de l’emploi quasi-fictif de Valérie Dardenne au « codir » (comité de direction), Lejeune divise les émoluments de l’architecte par deux. Elle passe de 240.000 euros par an à 120.000 euros, du jour au lendemain. Les émoluments d’Erik Van der Paal et de Marc Schaling, 300.000 euros chacun (12 x 25.000), restent, eux, inchangés.

Pour Valérie Dardenne, c’est un camouflet. Mais l’architecte ne bronche pas. Et se contentera désormais de 10.000 euros par mois durant toute l’année 2017. Au total, d’octobre 2014 à décembre 2017 (39 mois), Valérie Dardenne a facturé 798.600 euros en tant que « conseillère stratégique » au sein du comité de direction de LIG. « Je n’ai rien contre Valérie, mais je n’ai jamais bien compris ce qu’elle faisait au comité de direction de LIG », commente rétrospectivement Erik Van der Paal.

Les 21 factures adressées à Land Invest par Actys, la société de Valérie Dardenne, totalisent près de 800.000 euros de
Les 21 factures adressées à Land Invest par Actys, la société de Valérie Dardenne, totalisent près de 800.000 euros de « management fees » pour des conseils stratégiques au comité de direction.© DR

Factures suspectes

À ce montant astronomique au vu des prestations fournies, il convient d’ajouter deux factures pour des prestations en tant qu’administratrice de Land Invest Group. Ces deux factures totalisent 47.895,83 euros TVA incluse et ont été émises par la SPRL Actys de Valérie Dardenne. La première est datée du 27 octobre 2014 et se chiffre à 17.645,83 euros. Ce montant correspond à une rémunération de sept mois prestés au pro rata du « tarif » annuel de 25.000 euros HTVA.

Cette facture paraît douteuse pour au moins trois raisons. D’abord, selon le Moniteur, c’est Valérie Dardenne en tant que personne physique – en non sa société Actys SPRL – qui a été nommée administratrice « B » (représentant l’actionnaire Ogeo Fund) le 14 octobre 2013, pile neuf mois avant son accouchement. Or c’est Actys qui facture. Ensuite, l’acte publié au Moniteur est très clair : ce mandat d’administrateur est « non rémunéré ». Enfin, on peine à comprendre d’où sort cette période de sept mois facturée. D’autant qu’une source bien placée chez LIG à l’époque, est formelle : elle n’a jamais croisé l’architecte en 2013, ni au cours du premier semestre 2014. « C’est simple : je ne l’ai jamais vue enceinte – je m’en souviendrais ! – et elle a accouché en juillet 2014. » Un autre élément, matériel, accrédite ce témoignage : contrairement aux usages en vigueur chez Land Invest, aucun cadeau de naissance n’apparaît dans les dépenses à l’été 2014, selon la comptabilité détaillée que Le Vif et Apache ont pu consulter. Du coup, cette facture de 17.645,83 euros serait-elle liée à des prestations fictives ?

La seconde facture est tout aussi suspecte : émise par Actys, elle est datée du 30 novembre 2016 et se monte à 30.250 euros TVAc. Soit 12 mois prestés au même tarif annuel de 25.000 euros hors TVA. Cette facture interpelle car l’administratrice Valérie Dardenne n’a rien facturé de tel en 2015, ni en 2017, selon les documents internes consultés par Le Vif et Apache. Pourquoi le faire en 2016 ? Le mandat serait-il devenu subitement rémunéré l’espace d’un an ? Réactions de VD et EL. Si pas : Interrogés sur ces deux factures, Valérie Dardenne et Emmanuel Lejeune n’ont pas réagi à nos multiples sollicitations. Une chose est sûre : lorsqu’Ogeo Fund tentera de remettre un peu d’ordre dans la maison LIG en juin 2017, ces cumuls de rémunérations à la fois comme administratrice et comme membre du comité de direction seront abolis, comme l’indique un contrat publié par Le Vif et Apache.

Conflit d’intérêts à Cointe

Outre ses deux factures suspectes d’administratrice et ses management fees exorbitants pour ses prestations au « codir », l’architecte a également été payée, via son cabinet Audex & Partners, pour réaliser les plans d’un projet immobilier sur les hauteurs chics de Liège. Le 1er décembre 2014, son cabinet facture 59.771,79 euros TVAc à LIPM pour la réalisation des plans de deux immeubles. Le paiement sera effectué dans les trois semaines, juste avant Noël. Si le permis de bâtir est accordé par la Ville de Liège, Audex réalisera le projet et encaissera bien davantage encore.

Ce projet d’appartements exposés au sud, dans le quartier résidentiel de Cointe, entend offrir « une vue à couper le souffle sur la vallée », selon le site internet de LIG à l’époque. La construction des deux immeubles (34 et 29 appartements), avec parkings associés, nécessite cependant de raser un bois de près d’un hectare. Développé par Audex & Partners « en concertation avec la Ville de Liège », le projet provoquera une impressionnante levée de boucliers : 232 riverains déposeront un recours quand la demande de permis fut introduite !

Par contre, personne chez LIG ne s’est opposé à ce que Valérie Dardenne, administratrice de LIG, soit également l’architecte responsable de ce projet immobilier de LIG à Liège. Or cette double casquette la place de facto en conflit d’intérêts le jour où les travaux débuteront : elle est à la fois responsable du projet (via LIG) et sous-traitante (via Audex). En cas de problème, l’administratrice de LIG se serait-elle retournée contre sa société Audex, c’est-à-dire elle-même ? Ce conflit d’intérêts plaçait également l’ensemble du conseil d’administration de LIG dans une situation potentiellement très embarrassante.

Voyage à Chypre

Peu connu du grand public, le nom de Valérie Dardenne apparaît dans trois volets du tentaculaire dossier judiciaire Tecteo/Ogeo ouvert en 2008 à Liège pour détournement, abus de biens sociaux ou encore emplois fictifs. D’après le réquisitoire tracé en juin 2017 par le substitut du procureur général de Liège, l’architecte est notamment suspectée d’avoir profité d’« un voyage à Chypre aux frais de Tecteo » offert par Stéphane Moreau. Mais le ministère public n’a pas demandé son renvoi en correctionnelle car, estime-t-il, il « n’existe pas de charges suffisantes de culpabilité » contre elle.

Ce n’est par contre pas le cas du « top » d’Ogeo Fund de ces dix dernières années – Stéphane Moreau, André Gilles, Marc Beyens, Emmanuel Lejeune et Hervé Valkeners – dont le parquet général réclame le renvoi devant un tribunal aux côtés de trois ex-cadres de la banque UBS qui gérait une partie des fonds d’Ogeo. Fin 2017, plusieurs avocats ont introduit des recours et demandé des devoirs d’enquête complémentaires. Plus d’un an plus tard, ces devoirs sont toujours en cours…

Contactée à plusieurs reprises, Valérie Dardenne n’a pas répondu aux questions que nous lui avons envoyées. Stéphane Moreau, président du comité de direction d’Ogeo Fund quand Valérie Dardenne a débarqué chez LIG, nie être intervenu dans l’embauche de l’architecte : « Je n’ai évidemment donné d’injonction à personne. Je ne vois d’ailleurs pas comment j’aurais eu ce pouvoir… Je n’ai jamais exercé le moindre rôle, ni en qualité d’administrateur, ni opérationnel, au sein de LIG ni d’autres filiales d’Ogeo. Je ne connais donc rien des facturations de qui que ce soit au sein de cette entreprise. »

Assistance « technico-architecturale »

Emmanuel Lejeune, actuel numéro un du fonds de pension, est plus loquace : « Madame Dardenne a été nommée, à l’unanimité de l’assemblée générale, au poste d’administrateur de LIG sur proposition d’Ogeo Fund. Ogeo Fund souhaitait en effet bénéficier de ses compétences techniques. Madame Dardenne a été ensuite engagée par Monsieur Marc Schaling qui était administrateur-délégué de Land Invest. C’est lui qui a signé son contrat. Au sein du comité de direction de LIG, Madame Dardenne avait avant tout une mission de supervision/assistance technico-architecturale de toute une série de projets de Land Invest Group. Ses missions étaient donc nettement plus étendues que la seule participation aux réunions du Comité de direction. »

Cité par Emmanuel Lejeune, Marc Schaling répond que l’architecte ne s’est occupée que de deux projets sur toute la durée de son mandat : « Le projet de Cointe à Liège, qui à ma connaissance est toujours en stand-by suite à l’écrasante opposition des riverains, et le projet Les Rives à Anderlecht, où la collaboration de Valérie avec notre partenaire BPI, le pôle immobilier du groupe CFE, n’a pas été des plus fructueuses… »

Toujours est-il que pour Emmanuel Lejeune, les émoluments facturés par l’architecte pour ses « conseils » au comité de direction de LIG, soit 20.000 euros par mois, étaient tout à fait normaux : « La société de Madame Dardenne facturait un montant d’émoluments inférieur à celui facturé par les autres membres du comité de direction. Elle était donc dans la norme des rémunérations du management de cette entreprise. »

Bullshit

S’ils sont normaux et justifiés, pourquoi dès lors diviser les émoluments de l’architecte par deux en 2017 ? « En ma qualité de président du CA de LIG, après avoir notamment reçu l’éclairage spécifique de Madame Dardenne, j’ai constaté une baisse d’activités de LIG courant 2016. Il n’y avait plus de nouveaux projets à l’étude. » Du coup, le CA de LIG a décidé, en 2017, de réduire le budget de fonctionnement global de la société. « Madame Dardenne, m’ayant informé de la diminution de ses missions spécifiques (technico-architecturales), a suggéré de réduire le montant de ses prestations pour le compte de LIG. »

Toujours selon Emmanuel Lejeune, les deux autres membres du comité de direction, Erik Van der Paal et Marc Schaling qui facturaient 25.000 euros par mois, « n’ont pas accepté de s’aligner sur la proposition de Madame Dardenne. Par contre, différents frais de fonctionnement qui leur étaient octroyés ont été fortement réduits. » « Bullshit!, rétorque Van der Paal. J’aimerais bien voir le procès-verbal de réunion dans lequel Mme Dardenne aurait fait une telle proposition. La vérité, c’est qu’Ogeo Fund voulait nous couper les ailes car ils avaient conclu un accord secret avec Dominique Janne pour lui vendre leur participation de 50% dans LIG. »

David Leloup et Tom Cochez

Enquête réalisée avec le soutien du Fonds pour le journalisme en Fédération Wallonie-Bruxelles

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