Carte blanche

Contre le racisme structurel et la guerre civile qui guette, nous marcherons le 01/12

« Le 1er décembre, jour du « NON » historique de Rosa Parks, un « NON » réclamant justice et égalité citoyenne, réapparaissons plus visibles, plus beaux et plus fiers que jamais. Réapparaissons pour marcher ensemble, pour dire et réaliser nos espoirs de justice, et surtout notre refus absolu de la guerre civile en particulier et de la guerre en général. »

Nous, Noirs, Arabes, Rroms, musulmans, issus de l’immigration postcoloniale, identifiés comme des non-Blancs, sommes les cibles prioritaires d’un racisme structurel qui, depuis plusieurs décennies, poursuit sa marche funeste en se déployant à tous les niveaux de la société. Le constat est sans appel : nous sommes de plus en plus exposés aux discriminations systémiques, à la répression et aux violences policières, aux humiliations et à une précarisation généralisée. Au mieux, nous sommes des « citoyens refoulés » ; au pire, se développe et s’affirme un véritable « racisme d’État » s’exprimant sous diverses formes et contenant en germe les principes-mêmes de la guerre civile. Contre cette gestion raciale des populations qui ne peut que provoquer la dislocation du lien social, nous appelons l’ensemble de celles et ceux qui se reconnaissent dans ce « Nous politique » antiraciste à se mobiliser.

Héritiers de la longue histoire des luttes anti-coloniales suivies des luttes de l’immigration qui ont tracé un sillon à travers le tissu associatif, le monde du travail, les espaces publics à la faveur de prises de paroles critiques et autonomes, nous réfutons en bloc toutes les stratégies de tensions opposant citoyens belges et citoyens de seconde zone, « immigrés » et réfugiés, musulmans et non musulmans, militants et société civile.

A l’heure où celles et ceux qui combattent ce système raciste sont stigmatisés, calomniés et persécutés sous le label « islamo-gauchistes » ou « communautaristes » ; où la dénonciation est discréditée sous prétexte de « victimisation » ; où l’identitarisme bat son plein à l’échelle mondiale ; où de nouvelles contestations de l’hégémonie occidentale se font entendre à travers le monde, il est temps d’imposer un nouveau rapport de force en posant les jalons d’une initiative qui fait le plein à la fois des revendications historiques de l’immigration et de l’anti-impérialisme.

Face à l’islamophobie, à la négrophobie, à la rromophobie galopantes ;

Face à la gestion répressive des quartiers du croissant pauvre qui se déploie à la lumière de la « lutte antiterroriste » et du Plan Canal à Bruxelles ;

Face au déni de la question coloniale et de ses effets persistants sur les populations noires ;

Face à la légitimation d’un racisme d’Etat par des formes instituées de sous-citoyenneté à l’égard des binationaux ;

Face à la criminalisation accrue des migrants sans-papiers et à la poursuite d’une politique migratoire mortifère ;

Face au démantèlement des acquis sociaux et à la flexibilisation toujours plus poussée du marché du travail qui touche tout le monde et en particulier les couches les plus précarisées et colorées de la population ;

Face à la poursuite de l’impérialisme auquel participe grandement la Belgique via ses ventes d’armes ;

il est en effet plus que temps de construire un « Nous politique » composé de citoyens belges et non-belges, avec ou sans papiers, militants associatifs, politiques ou syndicaux, travailleurs ou chômeurs. Un « Nous » qui dessine la perspective stratégique d’un cadre d’alliances entre l’antiracisme politique et le mouvement social, stabilisé à partir d’une colonne vertébrale claire : la lutte contre le racisme structurel et ses diverses formes.

Il est temps de réagir collectivement comme le propose le Collectif Rosa Parks Belgique.

Les populistes, les semeurs de haine et de divisions ne veulent pas de nous, Noirs, Arabes, Rroms, musulmans ? Ils nous accusent d’être la cinquième colonne ? Ils veulent nous voir disparaître comme par enchantement ? Exauçons leur voeu et rendons-nous aussi invisibles que possible. Le 30 novembre, disparaissons des réseaux sociaux, des grandes enseignes de consommation, des transports publics, de l’école, de l’université ou encore de nos lieux de travail pendant 24h. Disparaissons pour dire notre colère devant l’injustice et la hogra permanentes.

Et le 1er décembre, jour du « NON » historique de Rosa Parks, un « NON » réclamant justice et égalité citoyenne, réapparaissons plus visibles, plus beaux et plus fiers que jamais. Réapparaissons pour marcher ensemble, pour dire et réaliser nos espoirs de justice, et surtout notre refus absolu de la guerre civile en particulier et de la guerre en général. Nous marcherons avec la volonté d’inscrire les actions de lutte politique que nous menons aujourd’hui dans le chemin tracé par les militants associatifs d’hier qui à maintes reprises ont occupé les rues de Bruxelles pour réclamer égalité et justice. Nous pensons notamment aux moments forts que furent : le rassemblement « Nous sommes la valeur ajoutée » (décembre 2014), le rassemblement contre l’esclavage en Lybie (novembre 2017), les manifestations annuelles contre les violences policières (15 mars), les rassemblements pour la libération d’Ali Aarrass depuis 2010, les rassemblements en soutien aux droits des sans-papiers depuis plus de 20 ans et les rassemblements pour Gaza (27-28 décembre). Toutes ces actions nous précèdent et nous portent. La réapparition du 1er décembre se veut l’occasion de les prolonger, de les rassembler et de les articuler.

Rejoignez dès à présent le mouvement ! Signez l’appel lancé par le Collectif Rosa Parks Belgique en envoyant votre nom et titre et/ou organisation à l’adresse : rosaparksbelgique@gmail.com

https://collectif-rosa-parks-belgique1.webnode.be/

Premiers signataires

Selma Benkhelifa, avocate ; Véronique Clette-Gakuba, chercheuse/Présences noires ; Luis Martinez Andrade, sociologue mexicain ; Malika Hamidi, docteure en sociologie et auteure ; Anne Wetsi Mpoma, historienne de l’art et curatrice ; Youri Lou Vertongen, politologue chercheur à l’USL-B/Collectif Migrations et Luttes sociales ; David Jamar, sociologue ; Ludo De Witte, auteur ; Joachim Ben Yakoub, chercheur ; Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant ; Kalvin Soiresse, enseignant/doctorat à l’UCL ; Vella Graziella, chercheuse et enseignante UMons ; Yvoire de Rosen, anthropo-sociologue, activiste afroféministe et antiraciste ; Cerina de Rosen, entrepreneuse culturelle, activiste panafricaine et antiraciste ; Rachida Aziz, entrepreneuse et activiste ; Monique Mbeka Phoba, cinéaste ; SOS Migrants ; Elsa Roland, chercheuse en sciences de l’éducation ULB ; Mouhad Reghif, porte-parole des Bruxelles Panthères ; Martin Vander Elst, membre du Comité Mawda – Justice et Vérité ; Le Space ; Bamko asbl ; Mwanamke Collectif afroféministe belge ; Farida Aarrass, Collectif contre les violences policières ; Gia Abrassart, Café Congo/Warrior Poets; Collectif Mémoire coloniale et Lutte contre les discriminations ; Emmeline Milady, voisine solidaire de la lutte des sans-papiers ; Luk Vervaet, Comité Free Ali Aarrass ; Code Rouge ; Laura Nsengiyumva, artiste et chercheuse UGent ; La Nouvelle Voie anticoloniale ; Julie Jaroszewski, chanteuse et metteuse en scène ; Manu Scordia, dessinateur ; Aline Fernande, conteuse, performeuse ; Daniel Vanhove, auteur et militant ; Robin Delobel, CADTM ; Raphaëlle Bruneau ; Mouvement Citoyen Palestine ; Modi Ntambwe, Raad van de Afrikaanse Gemeenschappen in Europa/Vlaanderen ; Vincent Cornil, militant antiraciste ; Olivier Mukuna, journaliste et essayiste ; Nadine Rosa-Rosso, enseignante et militante ; Yacob Mahi, théologien et Islamologue, Dr en Histoire des Religions ; Cuesta Barros Juan, éducateur et militant de gauche anti-impérialiste ; Kaoutar Boustani ; François Makanga, acteur ; Myriam De Ly, militante pour la Palestine ; Bakushinta, Georgine Dibua ; Tröss Nipanki Orei, militant décolonial ; Guillermo Kozlowski ; Marianne Koplewicz, éditrice et militante ; Hélène Madinda, CCAEB-Conseil des Communautés Africaines en Europe/Belgique ; Khadija Senhadji, socio-anthropologue ; Natacha Kinzola Masa, fonctionnaire public et minded activist ; Africa Liberation, Tapé Groupera ; Medexmuseum ; Sorana Munsya, psychologue et curatrice ; Jacqueline Ofogba ; Memde Doumdéoudjé, afro-activiste/Présences Noires ; Ludovic Mamessier ; Nordine Saïdi, militant décolonial ; Zaina Ait Ahmed ; Mahdiya El-Ouiali ; Nadia Boujad, citoyenne ; Khalid Derouich, militant décolonial ; Rachida El Baghdadi, militante décoloniale des quartiers populaires ; Bruxelles Panthères

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