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Bières et vins dès 16 ans: pas d’enthousiasme débordant

La nouvelle du projet d’adaptation de la législation sur la vente de boissons alcoolisées aux jeunes fait réagir vendredi, notamment du côté de la Mutualité chrétienne et du SNI qui accueillent assez froidement la « clarification » décidée par la ministre de la Santé publique Maggie De Block. Principale critique: la ministre Open VLD ne profite pas de l’occasion pour réellement prendre le problème à bras le corps.

Le président de la Mutualité chrétienne (MC) Luc Van Gorp se pose ainsi la question: « entend-on ici une ministre de la Santé publique, ou une ministre de l’Economie »? En d’autres mots: pourquoi ne pas avoir purement et simplement décidé d’interdire la vente de toute boisson alcoolisée aux moins de 18 ans? C’est la ligne de conduite défendue par la MC, même si la ministre a indiqué de son côté qu’elle voulait éviter de rendre vins et bières encore plus attrayants aux yeux des mineurs d’âge via une interdiction complète. Ils (vins et bières, à l’exception des « pré-mix » et des produits contenant ou faisant référence à un spiritueux) resteront donc autorisés dès 16 ans, pour le reste, il faudra théoriquement pouvoir démontrer avoir au moins 18 ans. « On entend si souvent parler de présumés ‘pas en avant’, alors que la ministre continue de négliger les avis du Conseil Supérieur de la Santé, du VAD (centre d’expertise flamand sur l’alcool et les drogues, NDLR) ou encore de la MC », souligne le président de la mutuelle. « Il ressort de recherches internationales que boire de l’alcool nuit au développement, et à 16 ans on n’a pas encore terminé son développement », assène-t-il, reprochant à Maggie De Block une approche « corporatiste » plutôt que prenant appui sur les arguments scientifiques.

L’argument de la ministre De Block, d’éviter de rendre certains produits plus attirants en les interdisant, est rejeté par Luc Van Gorp comme était indigne d’une ministre de la Santé publique. De la même manière, penser que les jeunes n’auraient plus aucun frein s’ils peuvent tout d’un coup accéder à l’alcool à 18 ans ne tient pas la route, estime-t-il: « en sécurité routière, on introduit des limitations à 30km/h, pour assurer la sécurité à certains endroits. On sait que les voitures vont accélérer en dehors de ces zones, mais ce n’est pas pour autant qu’on les supprime », indique-t-il.

Par ailleurs, même si l’on regarde l’aspect économique, l’équation ne serait pas gagnante, estime Luc Van Gorp: « annuellement, les maladies et accidents dûs à la consommation d’alcool coûtent 5 à 6 milliards d’euros, alors que les revenus des taxes sur les ventes atteignent 3 milliards ».

Du côté du syndicat neutre pour indépendants, on se dit « satisfait » de la clarification apportée sur les principes à respecter autour de la vente d’alcool à des mineurs. Mais là aussi, on estime que le « problème » n’a pas été réellement pris en compte: c’est toujours le vendeur, commerçant ou gérant de café, qui est tenu pour responsable, et non le jeune lui-même, souligne le SNI. « Les collaborateurs des établissements HoReCa et les commerçants ne sont pas des agents de police », se défend la présidente du syndicat, Christine Mattheeuws, qui propose de décerner une amende au jeune acheteur en cas d’abus, et de davantage sensibiliser.

Diane Delen, présidente de la fédération des cafés FedCaf Belgium, n’est pas davantage enthousiaste au sujet des règles édictées: des « demi-mesures », et un projet « aberrant », selon elle, qui souligne que l’imbibition du jeune ne dépend pas forcément du produit consommé, mais aussi de la quantité. Malgré son expérience de professionnelle des cafés, elle parle d’abord en tant que maman, souligne-t-elle: « pour moi, on ne devrait pas servir d’alcool en dessous de 18 ans, c’est tout ».

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