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146 fermes biologiques en plus cette année

Stagiaire Le Vif

On se préoccupe de plus en plus de ce qu’on mange et de la provenance des aliments. Cette prise de conscience n’est pour certains qu’une réussite marketing, pour d’autres c’est une nécessité urgente pour le corps et la planète.

Pourquoi faire le choix du bio ?

La santé et l’environnement sont les deux principaux facteurs qui poussent de plus en plus de monde à sauter le pas du bio. Le mode de production bio est basé notamment sur la non-utilisation de produits chimiques de synthèse et d’OGM, afin de préserver la santé des sols, de l’environnement, et la biodiversité. Les animaux issus de cette filière sont nourris avec des aliments bios, ne reçoivent pas d’antibiotiques ni d’hormones de croissance et doivent impérativement avoir un accès à un espace extérieur.

En Belgique : le secteurs se développe plus que jamais

En Belgique, le bio se répand de plus en plus et les chiffres du bio pour l’année 2016 confirment la bonne forme du secteur en Wallonie. Au 31 décembre 2016, l’on dénombrait 1.493 fermes certifiées bio, soit 146 de plus par rapport à 2015. Un record. La surface agricole dédiée à l’agriculture biologique a également augmenté de 12,4% portant à 71.289 hectares la superficie totale sous contrôle bio. Cela représente désormais 9,7 % de la surface agricole utile wallonne. Une croissance qui se retrouve dans la part de marché du bio en Wallonie qui atteint les 4% soit le double depuis 2008.

Associer la consommation bio à une démarche de consommation durable, c’est aussi la préoccupation de beaucoup d’acteurs de la filière bio qui se conjugue souvent avec circuits courts et productions locales. Les initiatives pour une alimentation durable se multiplient.

« Les Filles » s’inscrivent dans cette démarche.

Avec une antenne à Bruxelles et l’autre à Ixelles, « les Filles » ont un concept de table d’hôte qui revendique une cuisine de produits bios et artisanaux. Et on ne fait pas qu’y manger, on peut aussi y suivre des cours de cuisine, des teams building, des stages pour enfants,… Une adepte de produit bio confiait « qu’il ne s’agit pas seulement de manger sain, mais d’une réelle envie de réapprendre à manger ce que la nature offre selon les saisons, etc. ».

Pour l’occasion nous avons rencontré une des membres de l’équipe « les Filles », Carine Mordant, (responsable des cours de cuisine, de l’évènementiel et des livraisons): « Ici on ne cherche pas seulement à faire du bio, mais c’est une réelle philosophie globale du bien-être avec une cuisine saine et gourmande ». Elle explique aussi qu’on peut acheter et manger bio dans la vie de tous les jours sans forcément faire exploser son budget «  il faut rationaliser ce dont on a besoin et faire un planning de ce qu’on consomme pour éviter de jeter » explique t-elle. La différence de prix peut s’expliquer par le mode d’élevage ou de production : par exemple les poulets issus de production conventionnelle vivent 40 jours contre 80 pour ceux issus de l’élevage bio.

Quels enjeux pour la santé?

Même s’il est difficile de quantifier de manière précise les impacts directs de l’alimentation bio sur la santé, ce qui ressort des différentes études faites à ce sujet, c’est une meilleure santé pour les consommateurs bio. Ils ont généralement un mode de vie plus sain et moins exposé aux produits toxiques (pesticides, perturbateurs endocriniens), mais aussi aux additifs (47 additifs autorisés dans le bio contre 300 en conventionnel. Mais les avis à ce sujet sont divergents, un médecin généraliste confie par exemple qu’il est « très sceptique, vu le prix que ça coûte le commerce qu’il y a autour (…) Evidemment c’est sûrement plus sain de manger sans additifs et conservateurs, mais pas de là à l’affirmer scientifiquement ».

Et pour la planète ?

Aujourd’hui c’est le circuit tout entier de nos aliments qui questionne : le mode d’élevage et d’abatage des animaux, les pesticides utilisés dans l’agriculture, le gaspillage des emballages, les exportations…

« Dans les années 1980, un camion de tomates a quitté la Hollande pour livrer l’Espagne. Dans le même temps, un autre camion de tomates part de l’Espagne pour livrer la Hollande. Les deux camions ont fini par se percuter sur une route française ! Cette anecdote vraie est une caricature qui devrait nous faire méditer sur l’absurdité de notre système… », explique Pierre Rabhi. Agriculteur et essayiste, il a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme sur les risques écologiques de notre agriculture.

Les choix de production, de transformation, de transport et de distribution des produits sont, selon les spécialistes, des points clés d’action pour réduire notre impact sur le climat. On observe dans ce cadre-là une réflexion nouvelle chez les consommateurs qui montrent une envie de mieux consommer et d’être plus vigilant quant à la provenance de ce qu’ils mangent.

Depuis 2006 le marché bio européen a plus de doublé, l’Espagne observe la plus grande croissance de marché en 2015 avec une augmentation de 24,8%, suivi de l’Irlande et de la Suède. La Belgique se place juste derrière avec 18% de croissance. L’augmentation de la consommation des produits bio n’est peut-être que la face visible de l’iceberg, sous laquelle se cache une volonté plus globale : celle de consommer différemment. Après la sortie l’année dernière du film documentaire « Demain » par exemple, de nombreuses actions écologiques ont vu le jour : recyclage des déchets, agro écologie…

Le phénomène va au-delà du bio, on parle plutôt d’alimentation durable dans ce cas-ci : « Le bio représente une appellation, un label, mais l’alimentation durable va plus loin. Il s’agit d’un choix du consommateur pour sa santé et pour la planète » explique Noémie Dekoninck, porte-parole de Biowallonie.

Biowallonie est une structure qui s’inscrit dans cette démarche, elle encadre l’ensemble des membres de la filière. Que ce soit pour aider les producteurs à produire, pour accompagner les transformateurs ou permettre les structures conventionnelles à devenir bio, et ce, dans toute la Wallonie et sur Bruxelles. Noémie Dekoninck, explique que cette prise conscience prend de plus en plus d’ampleur, par exemple des producteurs de bières belges se sont rendu compte que la qualité de l’eau qui se trouvait dans leur bière était meilleure lorsqu’elle venait de région avec moins de pesticides. La France et les pays nordiques sont très impliqués dans les projets d’alimentation durable et dans la création de collectivités, mais la Belgique semble se lancer de plus en plus sur le marché.

Océane Cordier

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