Biocompatible, la soie d'araignée pourrait aussi être utilisée en chirurgie et en médecine régénérative. © Wolfgang Kaehler/Getty Images

La soie d’araignée, le textile de demain ?

Le Vif

Dans le domaine des matériaux, la nouvelle s’apparente à la découverte du Saint-Graal. Une équipe internationale de chercheurs annonce être parvenue à créer une méthode de production artificielle de soie d’araignée. Un fil doté de caractéristiques si exceptionnelles qu’il ouvre grand les possibilités d’usage.

Un fil d’araignée est par exemple aussi solide qu’un fil d’acier de même taille. Lorsqu’on tente de casser l’un et l’autre en les allongeant, ils opposent tous deux la même résistance. Dans des conditions optimales, un fil de soie peut s’allonger de plusieurs fois sa taille initiale avant de se rompre. Et ce, grâce à l’agencement spatial de certains des longs polymères protéiques qui composent la soie : ils sont parfaitement alignés, comme des spaghettis crus dans leur boîte.

De surcroît, la soie est très élastique. Cela est dû à d’autres polymères, quant à eux enroulés et entremêlés, comme des spaghettis cuits dans une casserole. La résistance du fil d’araignée à un impact latéral est ainsi supérieure à celle du Kevlar, matériau utilisé dans les gilets pare-balles.

De telles qualités ont depuis longtemps donné l’espoir de parvenir un jour à produire la soie d’araignée de façon industrielle. L’élevage a été envisagé, mais vite abandonné car les animaux se dévorent entre eux… En revanche, la transgenèse rencontre un certain succès. Le gène à l’origine de la production de soie chez l’araignée étant identifié, des chercheurs l’ont implanté sur d’autres animaux, comme le ver à soie ou des… ovins. Des brebis génétiquement modifiées sont capables de produire un lait riche en protéines de soie d’araignée.

Mais disposer de cette matière première n’est qu’une étape. Encore faut-il savoir la filer en soie. Et imiter l’araignée se révélait jusqu’alors très compliqué. Dans Nature Chemical Biology, après des années de recherche, l’équipe de Anna Rising de l’université d’Uppsala annonce y être parvenue.

Pour fabriquer son fil, l’araignée sécrète dans une glande une solution protéique. Cette dernière est ensuite expulsée via un canal étroit tout au long duquel le pH varie et la pression augmente : c’est grâce à ce cheminement que se lient les protéines, se muant en soie à la sortie du canal. Les chercheurs ont conçu un appareil de filature miniaturisé (le diamètre des capillaires de verre transportant la solution protéine va de 10 à 30 micromètres) simulant ce canal arachnéen.

Et l’on peut désormais rêver de nouveaux textiles techniques, légers et résistants, à l’usage des sportifs. Mais aussi d’équiper les parachutes voire les ponts suspendus de câbles de suspension en soie, ou encore d’alléger les gilets pare-balles. Par ailleurs, la soie d’araignée étant biocompatible, on lui promet un bel avenir en chirurgie comme fil de suture mais également en médecine régénérative, comme constituant de tendons et de ligaments artificiels. La recherche n’en est qu’à ses débuts.

Par Laetitia Theunis.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire