Mozi (ici avant d'être mis sur orbite) va permettre à la Chine d'expérimenter un système inviolable de communications cryptées. © CAI YANG/ISOPIX

La Chine va créer le premier satellite quantique

Le Vif

La Chine s’apprête à franchir une étape supplémentaire dans la sécurisation des données des communications par le chiffrement. En août dernier, le pays a placé sur orbite le premier satellite d’expérimentation quantique à échelle spatiale, baptisé Mozi en l’honneur d’un philosophe chinois du Ve siècle avant J.-C.

L’objectif ? Tester sur deux ans une technique de transmission de clés d’encodage au niveau de l’infiniment petit, réputée inviolable.

La communication quantique revêt une grande importance, en particulier dans le domaine du cryptage des communications. En effet, l’informatique quantique repose sur une unité d’échelle atomique, le qubit ou bit quantique. Mais contrairement au bit de l’informatique classique (qui peut prendre soit l’état 0, soit l’état 1), le qubit peut stocker les deux états en même temps, grâce à la maîtrise des photons, ces particules fondamentales du champ électromagnétique. Les clés de cryptage transmises par les photons seraient ainsi impossibles à intercepter. Et toute tentative d’espionnage provoquerait leur autodestruction instantanée, estiment les chercheurs chinois.

Pour l’heure, cette technologie a toutefois un gros handicap. Selon un article de la revue scientifique Nature, elle ne permet de réaliser des transmissions que sur de courtes distances, avec un record de 300 km.  » On sait depuis plusieurs années faire du cryptage quantique dans une même ville, mais pas entre des régions éloignées. L’emploi du satellite permet d’envisager un usage à l’échelle planétaire « , affirme pourtant Wang Jianyu, le responsable en chef du projet, cité par l’agence Chine nouvelle. Le satellite Mozi a donc pour objectif de démontrer l’intérêt de la technologie quantique dans les communications longue distance. Il va notamment tenter d’envoyer des données cryptées entre Pékin et Urumqi (au nord-ouest de la Chine), deux villes distantes de 2 500 km.

Pour parvenir à cet exploit, le satellite devra être orienté très précisément vers des stations réceptrices situées sur Terre.  » Ce sera comme lancer une pièce de monnaie d’un avion volant à 100 km d’altitude et espérer qu’elle vienne se ficher exactement dans la fente d’une tirelire en rotation « , explique Wang Jianyu. Une fois ces tests réalisés avec succès, la mission doit se poursuivre avec la réalisation d’une liaison intercontinentale entre Vienne et Pékin. Il s’agirait là d’une percée rare au plan scientifique, mais aussi d’une stratégie de défense majeure pour la Chine qui, depuis les révélations de l’ex-consultant de la NSA Edward Snowden, ambitionne de bâtir un système inviolable de communications cryptées. Avec trente satellites quantiques déployés vers 2030, Pékin pourrait créer un réseau Internet ultrasécurisé, encore unique au monde.

Par Dorian Peck.

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