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Bientôt un système de fichage basé sur les ondes émises par notre cerveau?

Le Vif

Pendant longtemps, les spécialistes en neurosciences n’ont pas su décoder l’activité électrique du cerveau. Mais à mesure que l’analyse de données d’électroencéphalogramme et l’imagerie fonctionnelle se développent, des progrès significatifs sont réalisés. Depuis 1999, une nouvelle technique d’empreinte neuronale, notamment développée par Lawrence Farwell, a fait son apparition aux Etats-Unis. Son but : tester la réaction de certains suspects à des informations liées aux délits.

La méthode repose sur l’analyse d’une onde cérébrale, la P300, ainsi nommée car elle intervient 300 millisecondes après la présentation d’un stimulus.

Le neurologue américain estime que cette onde dépend de la familiarité du sujet avec le stimulus présenté. Le principe est simple : toutes nos actions laissent des traces dans le cerveau. En réponse à une stimulation sensorielle – une image, un mot, une odeur, un son – le système nerveux active une zone particulière qui produit une empreinte type aussi appelée  » potentiel évoqué  » (en anglais : ERP pour event-related potential). Et là où, par rapport à des éléments que seul le meurtrier peut connaître, le cerveau d’un suspect innocent n’aura aucune réaction, celui du coupable réagira.

Contrairement au détecteur de mensonges, plus besoin de parole. Il suffit d’analyser vos pensées pour déterminer si vous êtes coupable ou pas. Malgré le débat sur sa fiabilité, cette technologie a été achetée en 2013 par la police de Singapour. Depuis deux ans, les enquêteurs de Floride l’utilisent régulièrement. Et, depuis 2015, les services de contre-terrorisme australiens y font également appel pour auditionner des ressortissants rentrant de zones de guerre comme la Syrie.

Plus récemment, une équipe de psychologues de l’université de Binghamton, dans l’Etat de New York, a mis au point un processus d’identification des ondes cérébrales qu’ils estiment  » fiable à 100 % « . Les chercheurs ont enregistré l’activité cérébrale de cinquante individus équipés d’un casque électroencéphalogramme et regardant une série de 500 images. Des clichés qui représentaient des objets, des mots ou des individus choisis pour susciter des réponses uniques d’une personne à l’autre. Résultat : chaque image, chaque mot a déclenché une  » signature  » particulière, propre à chaque individu.

De quoi imaginer une nouvelle technologie biométrique qui pourrait être adoptée dans des lieux ultrasécurisés comme le Pentagone. Les ondes cérébrales pourraient ainsi remplacer les empreintes digitales ou rétiniennes, qui peuvent être détournées. Elles pourraient aussi donner le jour à un système de fichage basé sur les ondes émises par notre cerveau. A condition, toutefois, d’élargir ce que les scientifiques nomment le  » vocabulaire mental « , c’est-à-dire l’ensemble des signaux qui traduisent l’activité électrique des neurones. Et surtout, à condition de trouver les financements.

Par Dorian Peck.

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