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Manger pour compenser…

Le Vif

Il existe des  » mangeurs émotionnels « , dont les émotions dictent davantage que d’autres la recherche de certains types d’aliments, notamment le gras et le sucré.

Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, une raison  » primitive  » : alors que nos lointains ancêtres devaient fournir de gros efforts pour trouver la nourriture, ceux qui consommaient des aliments caloriques avaient plus de chances de survivre. Et la sélection naturelle a fait le reste. Mais aujourd’hui, cette attirance envers les aliments caloriques, donc gras et sucrés, héritée de ces ancêtres, ne se heurte plus à la rareté des aliments. Il suffit de tendre le bras dans les rayons du supermarché pour se les procurer… Or, les aliments caloriques jouent un rôle fondamental dans le système hédonique, qui procure le plaisir de manger et toutes sortes d’émotions positives qui peuvent l’accompagner.

Que d’émotions !

Cela passe notamment par le sentiment de gratification. En effet, l’organisme vise toujours à maintenir un équilibre, notamment énergétique. Le système hémostatique, responsable de cette régulation, se compose de signaux métaboliques et endocriniens périphériques vers l’hypothalamus et le tronc cérébral pour nous donner l’ordre de chercher la nourriture. C’est la faim métabolique. Mais ce système est lié au système hédoniste au niveau cérébral, à savoir celui qui nous procure du plaisir au moment de manger : c’est la faim hédonique. Des neurotransmetteurs et hormones sont alors libérés, qui vont avoir un impact sur l’état émotionnel. Ainsi, les aliments qui nous plaisent provoquent la production de dopamine, voire d’endorphines dans le cerveau, d’où cette sensation agréable qui peut faire du bien lorsque l’on se sent mal dans sa peau, triste, en colère…

Le stress est une situation typique qui mène à la recherche d’aliments caloriques. En effet, la glande surrénale produit alors davantage de cortisol, hormone du stress. Mais les aliments caloriques ont tendance à moduler cette réaction, limitant la production de cortisol…

Question d’éducation…

Et c’est notamment là que peut intervenir l’éducation: les chercheurs ont remarqué que les adultes qui compensaient le plus leurs émotions négatives par une recherche compulsive de gras ou de sucré étaient ceux qui, bébés, étaient systématiquement calmés par la prise de nourriture. De plus, notre mémoire garde bien précieusement le souvenir du bien-être ressenti – lorsque nous étions nourrissons – du moment de l’allaitement, des biberons ou, plus tard, des repas donnés à la cuillère par papa ou maman ! Manger est donc une action qui donne des signaux positifs pour calmer les émotions négatives…

Le souvenir des aliments que nous aimons est aussi très ancré : nous avons quasiment tous notre  » Madeleine de Proust « , souvenir d’un aliment que nous consommions dans l’enfance et qu’il est bon de retrouver, même lorsque nous sommes adultes. Et il s’agit rarement d’un morceau de chou-fleur ou de carotte ! Pour les mangeurs émotionnels, cela peut se traduire par une consommation excessive menant à l’excès de poids… La dépendance au chocolat, par exemple, souvent exprimée ne serait finalement qu’une  » dépendance  » aux stimulations sensorielles et aux émotions positives qu’il procure…

Même la génétique peut intervenir : certains seront plus sensibles que d’autres aux goûts, et pourraient donc les rechercher davantage que ceux dont ce sens est moins développé…

L’idéal, si vous faites partie de ces mangeurs émotionnels et de séparer les émotions de l’aliment, en particulier s’il est gras ou sucré, donc à risque de vous faire prendre du poids. Manger en pleine conscience peut y aider…

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