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Les hommes vivront aussi longtemps que les femmes d’ici 2032

Stagiaire

Selon une étude récente relayée par The Guardian, hommes et femmes atteindront la même espérance de vie moyenne d’ici 2032. Si l’écart de genre est en train de se réduire, les inégalités socio-économiques auront toujours un impact sur la durée moyenne de vie.

Durant les cent dernières années, les femmes ont significativement vécu plus longtemps que les hommes, qui ont été plus lourdement affectés par la guerre, l’industrie lourde et les cigarettes – entre autres choses.

A partir de 1950, l’espérance de vie des femmes a augmenté plus rapidement que celle des hommes. En Belgique, elle est estimée aujourd’hui à 83,8 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes, selon les derniers chiffres de l’office belge de statistique. Pour Majid Ezzati, professeur de santé environnementale mondiale au Collège Impérial, cet écart peut être largement attribué à des facteurs sociaux, bien plus qu’à des facteurs biologiques. « C’est en réalité l’existence de cet écart qui est inhabituelle, bien plus que le fait qu’il se rétrécisse. C’est un phénomène récent qui a commencé au 20ème siècle. »

Une espérance de vie commune de 87,5 ans

Aujourd’hui, cet écart de genre se réduit. Une nouvelle analyse statistique suggère que, d’ici 2032, les hommes peuvent s’attendre à vivre aussi longtemps que les femmes, avec une espérance de vie moyenne commune de 87,5 ans. L’étude, dirigée par Les Mayhew, professeur de statistiques à la Cass Business School, a été menée en Angleterre et au Pays de Galles.

D’après Mayhew, plusieurs facteurs expliquent le rétrécissement de ce fossé : « une diminution générale de la consommation de tabac et d’alcool a disproportionnellement bénéficié aux hommes, qui ont tendance à boire et à fumer plus que les femmes. Nous avons également fait de grands progrès dans la lutte contre les maladies cardiaques, qui sont plus répandues chez les hommes » développe le professeur. « Et les hommes sont beaucoup plus susceptibles de se livrer à des comportements « à hauts risques », et bien plus susceptibles de mourir dans des accidents de la route, qui ont tendance à diminuer également. »

Tout comme le changement d’attitude envers la cigarette et l’alcool, la perte des emplois dans l’industrie lourde a aussi disproportionnellement bénéficié aux hommes. Les disparités entre les genres se réduisent également grâce à l’introduction de la contraception et à l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi.

Un fossé socio-économique persiste

Si l’espérance de vie devrait s’allonger pour tout le monde dans les décennies à venir, le degré d’amélioration varie significativement selon l’endroit où l’on vit. L’analyse prévoit que, d’ici 2030, les hommes qui vivent dans les régions les plus pauvres mourront en moyenne 8,8 ans plus tôt que ceux qui habitent des zones plus favorisées (un écart de 7,3 ans pour les femmes). Ces inégalités continueront à s’aggraver par rapport à leur niveau actuel.

Cependant, même dans les régions les plus riches, le taux d’amélioration de l’espérance de vie semble être en train de ralentir. « Dans la première décennie de ce siècle, il y a eu une claire tendance à l’amélioration de l’espérance de vie », a déclaré Raj Mody, responsable mondial des retraites chez PricewaterhouseCoopers, dans un entretien accordé au Financial Times. « Les fonds de pension ont généralement supposé que cette tendance se poursuivrait. Mais au cours des cinq dernières années, cette tendance a changé et les avis considèrent de plus en plus que ce n’est pas juste une passe. »

L’austérité : un impact sur la mortalité ?

Plus l’espérance de vie augmente, plus le nombre de décès par an a tendance à diminuer. Depuis 1980, la diminution a été plus forte chez les hommes. Cependant, en 2012, le taux de décès a commencé à augmenter à nouveau, avec plus de 28.000 décès supplémentaires par rapport à l’année précédente. Une augmentation inattendue qui correspond au plus grand bond en près d’un demi-siècle.

Le Bureau national de statistiques britannique estime que cette hausse pourrait provenir du vieillissement de la population. Mais un certain nombre d’experts académiques ont attribué cette situation aux coupes budgétaires gouvernementales, particulièrement celles qui affectent la santé publique et la sécurité sociale. « Il n’y a pas de raison biologique pour laquelle l’espérance de vie en Grande-Bretagne devrait se stabiliser plutôt que de continuer à s’améliorer » précise Mayhew. « Mais cette amélioration devient de plus en plus difficile à maintenir dans un contexte de ralentissement économique, avec une population vieillissante » ajoute le professeur. « L’austérité de ces dernières années a affecté l’offre de soins de santé et de services sociaux, par exemple, ce qui a pu entraîner une augmentation de la mortalité dans certains cas. »

Oriane Renette.

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