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La réussite de notre vie amoureuse dépend essentiellement de nous

Le Vif

Nous n’avons pas fini d’en apprendre sur l’amour. La réussite de notre vie amoureuse dépend essentiellement de nous, de nos décisions, de nos renoncements… Décryptage à travers les différentes étapes.

L’amour suscite beaucoup d’émotions mais n’en est pas une en soi. « L’amour est une pulsion, affirme Roos Vonk, professeur de psychologie sociale à l’université de Nimègue, aux Pays-Bas. Les émotions, surtout négatives, peuvent totalement vous dominer, mais elles passent toujours. Une pulsion vise la réalisation d’un désir et se maintient jusqu’à ce que le désir soit comblé. En cas de résistance, cette pulsion ne fait souvent que se renforcer : votre corps amoureux va produire encore plus de dopamine afin de quand même arriver à ses fins. Dans cet état de douce illusion, les hormones ont les coudées franches. »

D’un point de vue purement hormonal, il voit la passion amoureuse comme une espèce de folie : « Vous êtes atteint d’un surprenant manque de clairvoyance, le taux de sérotonine dans votre corps est tellement bas que vous devriez normalement montrer des signes de dépression. L’amour est quelque chose de très instinctif, comme tout ce qui est lié à notre reproduction. Et si aucun signal ne vient manifester que l’affaire est entendue, vous restez coincé dans cette phase épuisante de conquête. Comme disait Woody Allen, le seul amour qui dure, c’est l’amour non partagé. Il n’y a qu’une seule solution : se désintoxiquer comme pour toute accoutumance. »

Etre vrai

Un être amoureux veut séduire. « Le langage corporel joue un grand rôle à cet égard, poursuit le professeur Vonk. Mais les gens confondent souvent séduire et vendre. Ils veulent montrer qu’ils sont sympas et intéressants, alors que séduire n’a rien à voir avec vous mais avec l’autre : il faut avant tout trouver ce qui intéresse l’autre… »

D’autres ont aussi tendance à se présenter différemment de ce qu’ils sont réellement, lorsqu’ils flirtent. Un véritable art pour certains d’entre eux ! Selon le Pr Vonk, « quatre caractéristiques sont essentielles dans le charisme : attirance ; confiance en soi et compétence ; charme et facilité de contact ; conversation humoristique et spirituelle. Ce sont ces caractéristiques qui font que quelqu’un nous plaît dès la première rencontre. Le problème, c’est que vous si rencontrez quelqu’un qui possède ces quatre caractéristiques, il y a de fortes chances pour que vous ayez affaire à une personne narcissique. Une fois le ‘fun’ envolé, le narcissique va partir en quête d’un(e) autre. Et il est probable qu’il fera très bonne impression lors d’une prochaine rencontre. Si vous attendez quelque chose de plus d’une relation amoureuse, méfiez-vous donc des charmeurs et recherchez plutôt des personnalités qui éblouissent moins à première vue. »

Libido

Et un jour, l’amour s’avère réciproque. Pourtant, on considère qu’on ne reçoit jamais assez l’un de l’autre. Notamment en matière sexuelle : « D’après la théorie du triangle (lire Bodytalk 75), l’amour se compose de trois éléments : la passion, l’intimité et l’engagement, explique le Pr Vonk. Dans une relation débutante, il y a beaucoup de passion (et donc de sexe) et peu de lien. En parlant et en se fréquentant, les partenaires apprennent à mieux se connaître, ce qui fait croître l’intimité entre eux. Mais dès le moment où cette intimité ne grandit plus, la passion va diminuer. Mais le lien continue à grandir. D’aucuns pensent souvent que plus il y a d’intimité, plus la femme aura envie de faire l’amour. Or, c’est le contraire. Chez les hommes, il n’en va pas de même parce qu’en raison de leur taux de testostérone, leur libido est plus active. Un homme n’a pas besoin de se sentir romantique ou passionné pour avoir envie d’une relation sexuelle. Chez les femmes, c’est plus délicat. S’il y a eu dispute, elle n’en aura pas envie. Mais si la relation est sûre et l’homme conquis, elle n’en aura pas envie non plus. » Les hommes difficiles se verront donc gratifiés de plus de relations sexuelles. Les hommes qui choisissent clairement une femme et lui offrent sécurité et intimité devront quant à eux mettre de l’eau dans leur vin. En tant que femme, vous n’êtes pas anormale parce que vous avez moins envie. Peut-être est-ce plutôt le signe que votre relation est empreinte de sécurité.

Lunettes roses

Si l’amour est réputé pour donner des lunettes roses, notre manière de nous regarder en bénéficie pleinement : « Quand quelque chose ne va pas dans le couple, on a tendance à considérer que ce n’est pas de notre faute ; mais si cela va bien, c’est grâce à nous évidemment. Ce qui est génial dans une bonne relation, c’est que votre partenaire devient partie prenante de ce statut supérieur, explique le Pr Vonk. Vous percevez en outre votre relation comme meilleure et plus heureuse que celle de la plupart des autres. Cette évolution est très logique : un partenaire intime devient en quelque sorte partie de soi-même. »

Néanmoins, l’image qu’ont les gens d’eux-mêmes peut se transformer au fil de la relation. Ils se découvrent de nouveaux atouts lorsqu’ils sont amoureux. Au début d’une relation, ils éprouvent le besoin de vivre ensemble de nouvelles expériences, découvrant par la même occasion de nouvelles facettes d’eux-mêmes au bénéfice de leur estime de soi. Plus ils sont satisfaits de leur relation et plus grandes sont les chances qu’ils restent ensemble. « En faisant découvrir à l’autre de nouvelles personnes, de nouvelles occupations et de nouveaux endroits, deux êtres auparavant étrangers vont progressivement ‘se mélanger’. Ils ajoutent de nouveaux rôles sociaux et de nouvelles parcelles d’identité à leur personnalité. Dans une bonne relation, les partenaires se stimulent tellement qu’ils aident à concrétiser le moi idéal de l’être aimé et à faire s’épanouir des qualités qui jusque-là sommeillaient. »

Rompre ou renoncer ?

Une fois la phase de romance passée surgissent des remous qui doivent être apaisés. « Je ne crois pas aux relations qu’il faut sans cesse ‘travailler’, explique Roos Vonk. Il ne faut évidemment pas baisser les bras à la première difficulté. Mais chaque couple construit des schémas en fonction de ses sensibilités. On a besoin de plusieurs aptitudes de base pour réussir une relation. Si vous ne voulez pas écouter votre partenaire, cela ne marchera jamais. Et il faut aussi être prêt à apprendre de votre relation. Mais parfois vous pouvez considérer que vous en avez appris assez. Si vous en êtes au point de vouloir changer l’autre, prudence : il faut s’accepter mutuellement comme on est. Si ce n’est pas possible, mieux vaut partir. Je trouve important de s’accrocher à l’idée que l’on se fait de l’amour, tant que cette image reste réaliste, mais il ne faut pas se contenter de moins. »

Après la rupture

Le fait que quelqu’un fasse le pas de rompre une relation dépend en fait de trois facteurs : le niveau de confiance en lui/elle, le nombre d’alternatives dont il/elle semble disposer et ce qu’il/elle a investi dans une relation. Quitter peut être simple ; être quitté l’est beaucoup moins ! « C’est terrible d’être mis de côté… Soit vous trouvez une planche de salut, soit vous voulez prendre votre revanche. Mais dans cette démarche, les pensées restent axées sur le ‘coupable’ et sur ce qui est arrivé. Rester dans cette logique de pensée conduit à des sentiments négatifs. Pourtant, la meilleure vengeance est de mener une vie heureuse ; et d’ici à ce que vous l’obteniez, peu importe ce que fait votre ex ! »

Les moments qui suivent la rupture nous rendent très malheureux. Mais une étude auprès de jeunes gens a montré que six semaines plus tard, ils avaient déjà presque retrouvé leur joie de vivre. « Nous ne nous rendons pas compte de notre capacité à rationaliser et à relativiser nos sentiments, ce qui nous permet de nous relever rapidement. Nous trouvons inconsciemment une manière de nous réconcilier avec la rupture. En voyant par exemple les possibilités qui s’ouvrent à nous désormais. Car une rupture est en fait souvent une bonne chose pour l’épanouissement personnel. On noue de nouvelles relations où l’on découvre de nouvelles facettes de soi. Mais si nous allons de l’avant sans montrer qui nous sommes, cela peut poser problème, car pour rencontrer l’âme soeur, il faut oser laisser voir son âme. »

Par Tine Bergen

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