Sodimedjo alias Mbah Gotho © Reuters

Est-il possible de vivre jusqu’à 146 ans ?

Muriel Lefevre

L’Indonésien Sodimedjo est mort ce mardi. Il disait être né en décembre 1870. Peut-on vraiment vivre si longtemps se demande Le Monde ?

Celui qui prétendait être le doyen du monde s’est éteint cette semaine à Java. Selon ses dires il avait 146 ans.

Les registres d’identités n’ont été obligatoires qu’à partir des années 1900 en Indonésie. On ne peut, du coup, pas assurer avec certitude que la date de sa naissance est la vraie. La BBC, qui s’est penchée sur l’affaire, affirme que selon les autorités locales les papiers d’identité de Sodimedjo sont authentiques. L’homme serait donc bien l’homme le plus âgé ayant officiellement vécu sur terre. Pulvérisant au passage le record, certifié par contre celui-là, de Jeanne Calmant qui avait, avant de s’éteindre en aout 1997, atteint l’âge canonique de 122 ans.

Quelle est notre limite physiologique ?

Il y a-t-il pour les êtres humains un âge maximal ? Soit une limite à la vie humaine ? Ou autrement dit : Une vie éternelle est-elle possible ? Voilà bien une question qui a fasciné à travers les âges et auquel se sont attachées les rumeurs les plus folles et les mythes les plus ancrés. Pourtant, autant que l’on sache, personne n’aurait encore trouvé la recette magique de l’immortalité et nous sommes encore tous condamnés à mourir un jour.

Les progrès spectaculaires de la science, de l’hygiène et de la médecine ont permis en deux siècles de faire passer l’espérance moyenne de vie à travers le monde de 25 à 71 ans, dit Le Monde. Mais arrive-t-on aujourd’hui aux limites que l’on pouvait atteindre ? Près de 1000 articles paraissent chaque mois pour venir étayer le sujet dit encore le quotidien.

Est-il possible de vivre jusqu'à 146 ans ?
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Deux ont cependant fait plus de bruit que les autres. L’une, parue en 2010, a mis en avant l’existence d’une limite de l’espérance de vie chez l’homme. « On ne pourrait pas vivre au-delà des 115 ans » disait-elle en substance. La faute à un patrimoine génétique qui n’évoluait pas et un environnement qui se dégradait. Une autre étude, parue en 2016, va dans le même sens en annonçant que l’âge maximal plafonnait lui aussi à 115 ans depuis 1997. Depuis 20 ans, on ne gagne plus en espérance de vie après 100 ans. On constate même un fléchissement. Le DR Jan Vijg, professeur de génétique moléculaire et l’un des auteurs interviewés par Le Monde, précise que « la limite de l’espérance de vie a déjà été atteinte, et que cela s’est produit dans les années 1990. » Depuis on stagne, voire on régresse.

Toujours selon cette étude, la probabilité qu’une personne dépasse les 125 ans serait de moins de 1 pour 10.000. Soit une exception qui confirme la règle. Cela veut également dire qu’il y a très peu de chance de voir des dizaines de Jeanne Calment. Ou encore qu’il n’y a qu’une chance infinitésimale que cet homme ait effectivement vécu 146 ans. Ce n’est donc pas complètement impossible. Mais très peu probable tout de même.

Et dans un avenir proche ?

La hausse de l’espérance de vie que nous avons connu ces dernières années est due à l’amélioration des systèmes de santé. Pas à une modification du processus de vieillissement. Or les avancées dans ce domaine n’en sont qu’à leur début et il est difficile de prédire s’il va y avoir une révolution médicale qui modifierait radicalement notre vieillissement. Conditions indispensables à un autre bon dans l’espérance de vie, disent les experts. Une autre piste est celle de l’avènement de l’homme augmenté. Soit un être humain qui sera doté, par modification génétique dès l’embryon, de beaucoup plus que ce que la nature lui avait jusqu’alors donné. Une option qui semble de plus en plus techniquement possible, mais qui ouvre un gouffre de questionnement éthique et qui a surtout tout de la boîte de pandore.

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