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Un Trump combatif tente de reprendre la main

Le Vif

Donald Trump tente de reprendre l’initiative pour dissiper l’impression de chaos qui a marqué son premier mois à la Maison Blanche. Après une extraordinaire conférence de presse jeudi, il se rend vendredi dans une usine de Boeing pour marteler le thème qui l’a fait élire: l’emploi.

Sur la défensive depuis plusieurs semaines, le président américain a connu des débuts agités: des millions de personnes dans les rues au lendemain de son investiture, le blocage par la justice de son emblématique décret limitant l’immigration, et des révélations sur des contacts entre des proches et de hauts responsables russes, qui ont forcé à la démission son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn.

Dernière déconvenue en date, Donald Trump n’a pas obtenu le remplaçant qu’il voulait à ce poste stratégique. Sollicité, l’ex vice-amiral Robert Harward n’a pas donné suite.

Il n’aurait pas obtenu de garanties suffisantes lui assurant que le Conseil à la sécurité nationale, et non les conseillers politiques de Donald Trump, définirait sa politique, selon plusieurs médias américains.

Laissant éclater sa colère et sa frustration après ces échecs, le président américain a tenté de se défendre jeudi lors d’une conférence de presse très atypique. Le président, impatient d’aller au combat en personne, a lui-même exigé qu’elle soit organisée à la dernière minute.

Le ton accusateur, virulent avait plus les marques d’un meeting de campagne que d’un échange policé avec la presse.

Attendu sur l’emploi

Démentant avec force toute collusion avec la Russie de Vladimir Poutine, avec qui il veut se rapprocher, le dirigeant républicain s’en est pris tour à tour à la presse, à la justice ou aux démocrates accusés de saper ses efforts, voire de « fabriquer » l’affaire russe.

La nouvelle administration Trump fonctionne « comme une machine bien réglée », a assuré le président républicain, contre toute évidence. Assurant avoir hérité d’une situation « chaotique » il a affirmé, en énumérant les décrets signés dans le Bureau ovale, que jamais une présidence n’avait fait autant en si peu de temps.

Après deux revers judiciaires sur son décret migratoire, M. Trump a annoncé qu’il ne ferait pas appel mais publierait la semaine prochaine un nouveau texte.

Quant au poste de conseiller à la sécurité nationale, le président a laissé entendre sur Twitter vendredi qu’il pourrait y nommer le général Keith Kellogg, qui assure actuellement l’intérim, tout en évoquant trois autres candidats.

Mais c’est surtout sur le thème qui l’a fait élire, l’emploi, qu’il va tenter vendredi de garder le contrôle de sa jeune présidence particulièrement chahutée.

Il visitera une usine Boeing, en Caroline du Sud, où le géant aéronautique américain emploie 7.500 personnes et génère indirectement pour la région quelque 100.000 autres.

Donald Trump, chantre du « made in America », a multiplié à cet égard les annonces aux côtés de plusieurs PDG, jusqu’à menacer de taxer les entreprises qui seraient tentées de délocaliser leurs emplois à l’étranger.

En dépit d’une fronde du secteur technologique contre son décret migratoire, le géant américain des puces électroniques Intel a annoncé début février aux côtés de M. Trump un investissement de 7 milliards de dollars dans une usine en Arizona.

Intel a avoué avoir pris cette décision « en soutien » à la politique de dérégulation et de défiscalisation promise par l’administration Trump. Des promesses qui galvanisent chaque jour la Bourse américaine.

Emissaires en Europe

Le style combatif adopté par le président depuis le 20 janvier inquiète jusqu’à ses partisans. « J’espère que Trump va se calmer », affirme Gene Smallwood, 80 ans, coiffeur à Eaton dans le Colorado.

Mais comme bon nombre d’habitants de l’Amérique rurale qui ont propulsé Donald Trump à la Maison Blanche, M. Smallwood compte d’abord voir le président honorer ses promesses de ramener des emplois. L’avenir du décret qui ferme temporairement les frontières des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans l’intéresse moins.

« Je pense qu’il (Trump) va rendre au peuple. On a vu trop d’usines quitter le pays et il n’y a plus grand chose ici fabriqué en Amérique », estime M. Smallwood.

Sur le plan diplomatique, Donald Trump a dépêché cette semaine en Europe ses ministres des Affaires étrangères Rex Tillerson et de la Défense James Mattis pour tenter de rassurer des alliés de l’Amérique dans l’expectative sur le cap que veut suivre Washington.

Les alliés des Etats-Unis se sont dits rassurés vendredi sur le dossier syrien, le secrétaire d’Etat américain soutenant selon eux des négociations de paix dans le cadre de l’ONU.

Quant au chef du Pentagone, il a assuré jeudi que la relation entre l’Europe et les Etats-Unis demeurait « le meilleur rempart contre l’instabilité et la violence » après avoir menacé la veille de modérer l’engagement des Etats-Unis à l’Otan si les alliés n’y contribuaient pas davantage.

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