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Un mini-sommet de l’Otan pour comprendre les intentions de Trump

« Réunion spéciale » des dirigeants les 28 – et bientôt 29 – membres de l’Otan, et non « sommet »: la rencontre de quelques heures qu’ils auront jeudi à Bruxelles permettra surtout aux alliés européens de Washington de comprendre les intentions du président américain Donald Trump envers cette Alliance militaire presque septentenaire et donc de l’Europe alors qu’il a été élu sur un programme isolationniste.

Les commentaires de M. Trump, qui avait jugé l’Otan « obsolète » – avant de se raviser -, ont suscité un profond malaise au sein de l’organisation, dont la mission première est la défense collective de ses membres, placés sous le parapluie nucléaire américain.

« L’Otan a convoqué une réunion spéciale à Bruxelles le 25 mai à l’intention des chefs d’État et de gouvernement, en vue du transfert de son siège. Cette rencontre n’est pas baptisée formellement ‘sommet de l’Otan’, principalement en raison de l’agenda, moins complet et moins systématique que les agendas des sommets », a résumé mardi le Premier ministre belge Charles Michel, hôte de cette rencontre placée sous haute surveillance policière et militaire.

Il a toutefois plaidé, devant les députés, pour la tenue d’un « véritable sommet » en 2018.

La rencontre de jeudi se tient à l’occasion du transfert officiel du nouveau siège de l’Alliance, situé dans la périphérie nord-est de Bruxelles, un projet pharaonique d’un coût de 1,1 milliard d’euros, dont le ministère belge de la Défense a piloté la construction depuis près de dix ans. Mais ce bâtiment en forme de doigts entrecroisés ne sera pleinement opérationnel qu' »après l’été », selon un responsable de l’Otan.

Il s’agira également du premier contact entre le président Trump et son tout nouvel homologue français Emmanuel Macron, avec les chefs d’État et de gouvernement des 27 – bientôt 28, après l’adhésion prochaine du Monténégro – autres États de l’Alliance.

Les discussions porteront sur principalement sur deux thèmes: la contribution de l’Alliance à la lutte contre le terrorisme et une répartition plus équilibrée des efforts de défense entre les alliés (« burden sharing » en anglais).

Ces deux points correspondent parfaitement à l’agenda défini par M. Trump. Il avait, avant même son élection en novembre dernier, exigé que les alliés européens des Etats-Unis et le Canada augmentent leurs dépenses de défense, allant jusqu’à affirmer que l’Alliance était devenue « obsolète » – mais il a changé d’avis en rencontrant le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, le 12 mai dernier – et devait se concentrer davantage à lutter contre le terrorisme.

Dans la même ligne que d’autres responsables de l’administration Trump, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, a réclamé fin mars, lors de sa première visite au siège bruxellois de l’Otan, que les alliés européens accroissent leurs dépenses de défense afin qu’elles atteignent 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) d’ici sept ans, pour respecter un engagement contracté en 2014, dont certains pays – dont la Belgique – sont encore très éloignés.

« Les alliés qui n’ont pas de programmes concrets pour dépenser 2% du PIB en matière de défense d’ici à 2024 doivent les mettre en place maintenant. Ceux qui ont un programme pour atteindre 2% doivent accélérer leurs efforts et produire des résultats », avait martelé M. Tillerson devant ses homologues.

Le message du chef de la diplomatie américaine est en tous points conforme à celui exprimé à Washington par le nouveau locataire de la Maison Blanche et à Bruxelles déjà par le vice-président Mike Pence et par le secrétaire à la Défense, James Mattis.

« Ces deux sujets permettent de discuter de manière très concrète de ce qui doit être l’objectif essentiel et stratégique de la réunion, à savoir la solidité du lien transatlantique en matière de sécurité et de défense, basé sur une forte cohésion », a souligné M. Michel.

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