Raid de la police turque au siège du groupe Koza Ipek, à Ankara, le 1er septembre 2015 © Reuters

Turquie: la mise sous tutelle d’un important groupe de médias provoque de vives protestations

Le Vif

Les forces de l’ordre turques ont usé de gaz lacrymogènes mardi pour disperser quelques dizaines de personnes protestant contre la mise sous tutelle de la holding Koza-Ipek, proche de Fethullah Gülen, l’ennemi juré du Président Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé les médias turcs.

La décision de mettre sous tutelle la holding Koza-Ipek qui dispose d’un important groupe de presse comprenant notamment le journal Bugün et la télévision Kanaltürk a été prise lundi par la justice, à la demande du procureur général d’Ankara.

La police a investi mardi les locaux de ce groupe qui est également présent dans les secteurs de l’énergie et de la métallurgie, à cinq jours des élections législatives, provoquant des manifestations à Ankara et Istanbul.

Dans un communiqué publié mardi, le procureur général d’Ankara a justifié sa demande en expliquant qu’il soupçonnait la holding de « financer », « recruter » et « faire de la propagande » pour le compte de l’imam Fethullah Gülen, qui dirige depuis les Etats-Unis un influent réseau d’ONG, médias et entreprises qualifié par les autorités d' »organisation terroriste ».

Ancien allié du président Recep Tayyip Erdogan, M. Gülen est devenu son « ennemi public numéro 1 » depuis le scandale de corruption qui a visé des proches de l’homme fort du pays et des membres de son gouvernement fin 2013.

Le chef de l’Etat accuse M. Gülen d’avoir bâti un « Etat parallèle » pour le renverser et multiplié les poursuites judiciaires et les purges contre ses partisans. Début septembre, la police avait perquisitionné les locaux de 23 sociétés appartenant à Koza-Ipek dans le cadre d’une enquête « antiterroriste ». Six personnes avaient été alors arrêtées puis remises relâchées. Le patron du groupe Koza, Akin Ipek, actuellement à l’étranger, a catégoriquement nié mardi toute activité illégale et dénoncé des « mensonges ».

A la suite de la décision de la justice lundi, de nouveaux administrateurs ont été nommés pour prendre les commandes du groupe. Parmi eux figurent, selon la presse turque, d’anciens responsables du groupe Turkuvaz qui regroupe des médias favorables au gouvernement islamo-conservateur, dont le quotidien à grand tirage Sabah et la chaîne de télévision ATV.

A Istanbul, plusieurs dizaines de personnes se sont également réunies pour dénoncer la mise sous tutelle du groupe, a constaté un photographe de l’AFP.

« Lorsque l’éventail de points de vue offert aux citoyens se réduit, en particulier avant une élection, c’est une source d’inquiétude », a réagi l’ambassade des Etats-Unis en Turquie sur son compte Twitter.

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