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Trump s’immisce dans l’élection française

Le Vif

Donald Trump, qui s’enorgueillit d’avoir bousculé les codes traditionnels en accédant à la surprise générale la Maison Blanche, aime agiter l’idée que d’autres secousses politiques sont à venir à travers le monde.

A deux deux jours de la présidentielle française, il a prédit jeudi que l’attentat perpétré au coeur de Paris et revendiqué par l’organisation jihadiste Etat islamique (EI) aurait des répercussions de taille sur le scrutin, laissant entendre qu’il fallait s’attendre à des surprises.

« Une autre attaque terroriste à Paris. Le peuple français n’acceptera pas cela très longtemps. Cela aura un gros effet sur l’élection présidentielle », a-t-il tweeté dès l’aube, reprenant la politisation des attaques terroristes dont il avait fait l’une des signatures de sa campagne.

L’initiative n’a pas, loin s’en faut, plu à tout le monde. « Les terroristes veulent que leurs actes aient un impact sur les élections démocratiques. Nous ne devrions pas leur accorder cette influence sur nos démocraties », a répondu Ben Rhodes, ancien proche conseiller de Barack Obama.

Si Donald Trump s’est gardé d’être plus explicite (son porte-parole a assuré qu’il n’avait aucun favori pour le scrutin à venir), certains exégètes des tweets présidentiels, nombreux à Washington, y voyaient une référence oblique à la représentante de l’extrême droite à la présidentielle, Marine Le Pen, qui se présente comme la candidate anti-système.

Cette dernière, qui incarne une partie de la vague populiste en France, a estimé après l’attaque que « depuis dix ans, sous les gouvernements de droite et de gauche, tout avait été fait » pour la France perde la « guerre » contre le terrorisme.

– Brexit et pronostics –

Marine Le Pen avait été l’une des premières à féliciter Donald Trump pour son élection en novembre. Et si elle a parfois pris ses distances avec ce dernier, sur la Syrie par exemple, elle a loué son « volontarisme » en matière de protectionnisme.

Donald Trump, de son côté, a toujours pris soin de ne pas s’exprimer directement à son sujet. En janvier, alors qu’elle s’était ostensiblement, affichée dans le hall de la Trump Tower à New York, son équipe avait clairement signifié qu’aucun rendez-vous n’était prévu.

Mais, au-delà du cas particulier de la France, il entretient l’idée que son accession au pouvoir marque le début d’une nouvelle ère et qu’elle sera suivie d’autres surprises électorales majeures; il y a quelques semaines, il pronostiquait que d’autres pays quitteraient l’Union européenne.

« J’ai prédit beaucoup de choses (…) J’ai dit, le Brexit va avoir lieu, et tout le monde a ri, et le Brexit a eu lieu », affirmait-il fin mars, même si ses déclarations à la veille du scrutin étaient pour le moins évasives.

Son intervention à deux jours du premier tour d’une élection présidentielle française extraordinairement indécise, intervient aussi 24 heures après celle de…son prédécesseur Barack Obama.

Ce dernier s’est entretenu par téléphone avec le candidat centriste Emmanuel Macron, placé en tête des sondages de ce premier tour avec Marine Le Pen.

Sans apporter officiellement son soutien à ce dernier, l’ex-président démocrate a clairement décidé de lui donner un coup de pouce, savamment mis en scène par le candidat du mouvement « En Marche » qui a diffusé un extrait vidéo de l’appel sur Twitter.

D’autres présidents américains se sont impliqués, de manière plus ou moins directe, dans les élections de dirigeants étrangers.

Un exemple resté célèbre est celui de Bill Clinton qui, en 1996 lors de l’élection israélienne, n’avait pas fait mystère de sa préférence pour le candidat travailliste Shimon Peres, face au candidat du Likoud, Benjamin Netanyahu.

L’intervention du locataire de la Maison Blanche n’eut pas l’effet escompté: Bibi l’avait emporté.

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