Groupe du vendredi

Seuls des soins de santé européens nous garderont en bonne santé

Groupe du vendredi Forum composé de jeunes provenant de divers horizons qui prennent du temps pour la réflexion et le débat

En tant que médecin, Sam Proesmans s’est rendu au Congo – à voir dans la série documentaire Flying Doctors. Il est aujourd’hui interniste en formation à l’hôpital universitaire d’Anvers et membre de clubs de réflexion tel que le « Groupe du Vendredi » et « European Health Parliament ».

Les avis de décès récents dus à la tuberculose, comme celui d’une jeune fille de quatorze ans des environs de Gand, peuvent paraitre exotiques, ils ne le sont pas. Parmi les 27 pays les plus lourdement touchés par la tuberculose, onze se trouvent en Europe. Peu de personnes sont conscientes que les maladies infectieuses – telles que la tuberculose – forment d’énormes menaces sociales pour les pays développés et qu’elles se produisent au sein de la forteresse Europe. Comme l’affirme un rapport récent paru dans la revue professionnelle médicale de référence The Lancet, le changement climatique ne fera qu’accroître cette problématique.

Les réactions politiques et stratégiques face à ces maladies infectieuses sont généralement ad hoc et sont souvent laissées aux gouvernements nationaux sans suivi adéquat. Si les soins de santé sont en grande mesure une compétence nationale, les menaces pour la santé ne le sont pas. Elles ne s’arrêtent pas aux frontières et peuvent se propager telle une traînée de poudre, surtout dans une Union sans frontières comme la nôtre.

La réponse ne peut toutefois pas être la fermeture de nos frontières. Au contraire, nous devons renforcer nos systèmes de soins de santé nationaux et prendre proactivement des mesures afin d’éviter qu’une bactérie ou un virus, quel qu’il soit, ait des chances de se propager. Nous devons proposer aux personnes qui n’ont qu’un accès limité à nos soins de santé de disposer d’un suivi à part entière et adéquat. Un patient atteint de tuberculose séjournant dans notre pays sans papiers, présente un risque d’infection considérable, souvent parce qu’il fait profil bas et qu’il n’est dès lors pas ou insuffisamment traité. Ce principe devrait valoir autant pour les réfugiés européens que non européens. Une étude récente de Médecins du Monde le prouve, le pourcentage de réfugiés venant en Europe spécifiquement pour des raisons de santé, s’élève à peine à trois pour cent.., L’Organisation internationale pour la Migration affirme que le fait de prévoir de bons soins de santé pour tous les migrants et réfugiés profite non seulement à la santé de la personne en question, mais également à la nôtre.

Le problème est clair et la solution semble l’être également : il faut agir davantage au niveau européen. Les États membres doivent collaborer et unir leurs forces et leurs moyens. La manière dont l’actuelle présidence lettone de l’UE prête attention à la menace de la tuberculose est porteuse d’espoir. Cette priorité doit être reprise par les autres États membres d’Europe. Puisque, le fait d’agir quand il est trop tard coûte des vies, nous devons travailler proactivement. Cela ne signifie pas que les initiatives existantes ne fournissent pas un bon travail ou que nous devons remplacer les systèmes de soins de santé nationaux tels qu’ils existent actuellement, mais plutôt que nous devons les renforcer. Le European Health Parliament est d’avis que l’UE doit se voir assigner un plus grand rôle dans la politique et la coordination des systèmes de soins de santé afin de veiller à ce que tous les citoyens de l’UE – dans quelque État membre que ce soit, quel que soit le moment – obtiennent l’accès à des soins de santé qualitatifs standardisés. Ainsi, un institut de recherche européen – encore à mettre sur pied -pourrait être chargé de l’exécution d’un plan de vaccination proactif, dans le cadre duquel le taux de vaccination de chaque État membre serait tenu à jour et suivi de près. De cette manière, cet institut serait idéalement placé pour orienter et stimuler le développement de nouveaux vaccins, ainsi que pour traduire les directives existantes, notamment de l’Organisation mondiale de la santé, dans un contexte européen.

La tragédie grecque qui se déroule aujourd’hui montre l’exemple à ne pas suivre. Les économies draconiennes de plus de 30 % dans les soins de santé ne sont pas sans conséquence: des opérations sont reportées, des examens médicaux sont annulés et, de par un manque cuisant de médicaments, des traitements existants pour des maladies infectieuses comme la tuberculose, le VIH/sida, l’hépatite… sont purement et simplement arrêtés. Le budget pour la prévention de la toxicomanie a été décimé, engendrant en parallèle un décuplement du nombre d’infections au VIH chez les consommateurs d’héroïne en trois ans à peine ! Le manque de solidarité et de collaboration européennes en matière de soins de santé nuit gravement à la santé des Grecs, mais surtout les autres États membres s’en mordront les doigts à terme en raison d’une propagation plus rapide d’infections et de germes pathogènes dans l’Europe sans frontières.

Certains disent que la Grèce n’aurait jamais dû pouvoir rentrer dans la zone euro et que le Grexit est inéluctable. Quoi qu’il en soit, le fait est qu’avec un système de soins de santé européen unifié, cela n’aurait pas dû se faire au détriment de vies grecques, ou de la santé des autres citoyens européens.

Le groupe du vendredi est une plateforme politique pour des jeunes d’horizons très différents. Elle est soutenue par la Fondation Roi Baudoin. Pour cette série estivale, les membres écrivent au nom du www.groupeduvendredi.be

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