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Rebondissement surprise dans l’affaire des emails, Clinton sur la défensive

Le Vif

Hillary Clinton repart en campagne samedi sur la défensive, forcée d’adapter son message à la relance surprise par le FBI de l’affaire de sa messagerie personnelle, exploitée comme un cadeau du ciel par son rival Donald Trump.

Le candidat républicain à la Maison Blanche, qui semblait se diriger vers une défaite dans dix jours, a saisi l’aubaine pour assurer à ses partisans que l’élection n’était pas perdue. Il a redonné un nouveau sens au thème de sa fin de campagne: la « corruption » supposée et les problèmes éthiques de sa rivale.

« L’enquête est le plus grand scandale politique depuis le Watergate, et tout le monde espère que justice sera enfin rendue », a affirmé le milliardaire lors d’un meeting à Cedar Rapids, dans l’Iowa, vendredi soir. Il sera en meeting samedi dans le Colorado et l’Arizona.

La candidate démocrate mène nettement dans les sondages, alors que le vote a déjà commencé dans 34 des 50 Etats et que plus de 18 millions d’Américains ont déjà voté de façon anticipée.

Mais certaines enquêtes d’opinion montraient un resserrement, avant ce nouveau volet. Hillary Clinton recueillait 47% des intentions de vote contre 45% pour Donald Trump, selon une étude ABC/Washington Post publiée samedi, alors que la candidate avait une avance de 12 points dans le même sondage réalisé il y a une semaine.

Le rebondissement s’est produit en milieu de journée vendredi, et bouleverse la suite de la campagne, que les démocrates entendaient consacrer à une grande opération de mobilisation, après une saison électorale éprouvante.

Le point d’orgue du week-end devait être un grand concert avec Jennifer Lopez à Miami samedi, en présence d’Hillary Clinton.

Le directeur du FBI, James Comey, a informé par courrier des élus du Congrès, contrôlé par les républicains, que de nouveaux messages potentiellement « pertinents » avaient été découverts dans une enquête distincte des investigations closes en juillet dernier sur les messages de l’ancienne chef de la diplomatie.

A l’époque, James Comey avait conclu à l’absence de volonté délictueuse d’Hillary Clinton lorsqu’elle avait délibérément choisi de communiquer avec une messagerie personnelle, de 2009 à 2013, au lieu d’un compte gouvernemental sécurisé. Il avait recommandé de ne pas la poursuivre, ce que les procureurs fédéraux avaient accepté.

Le FBI critiqué

Les milliers de nouveaux messages, dont le contenu reste un mystère entier, ont été découverts par le FBI, selon plusieurs médias, sur un ordinateur portable d’Huma Abedin et de son mari Anthony Weiner. Cette proche d’Hillary Clinton et membre de son cabinet au département d’Etat s’est récemment séparée de son mari, qui fait l’objet d’une enquête distincte pour l’envoi de messages à caractère sexuel à une mineure.

Les démocrates ont dénoncé l’initiative de James Comey, à un moment si proche de l’élection, et l’ont appelé à en dire plus afin de mettre un terme aux rumeurs.

« Je suis certaine, quels qu’ils soient, qu’ils ne changeront pas la conclusion de juillet », a déclaré Hillary Clinton en fin de journée lors d’un court point presse à Des Moines, dans l’Iowa, en exhortant le Bureau fédéral d’investigation (FBI) à fournir plus d’informations « sans délai ».

Mais l’ampleur du travail pour étudier des milliers de messages rend peu probable que le FBI parvienne à de nouvelles conclusions d’ici au 8 novembre.

Cela changera-t-il le dénouement de la course?

Pour Hillary Clinton, « les gens ont depuis longtemps formé leur opinion sur les emails. Ils ont pris cela en compte pour décider pour qui ils allaient voter ».

« Ce serait mieux qu’ils rendent les emails publics, j’ai toute confiance en Hillary », a déclaré samedi sur CNN le vice-président américain, Joe Biden.

Mais les républicains inscrivaient ce nouvel épisode du feuilleton des emails dans l’histoire plus large du couple Clinton, accusé de mensonges répétés.

« On les a vus faire pendant 30 ans. Le zèbre ne va pas changer ses rayures. Voilà à quoi ressemblerait une présidence Clinton », a déclaré le porte-parole et stratège du parti républicain, Sean Spicer, également sur CNN samedi.

En fait, républicains et démocrates appelaient tous le FBI à s’expliquer sur la grenade qu’il a lui-même dégoupillée.

Le patron du FBI lui-même s’est justifié dans un message interne à ses employés vendredi, obtenu par le Washington Post. Il leur a expliqué qu’il se sentait obligé de tenir le Congrès et le grand public au courant, mais que, en l’absence de conclusions sur la valeur des messages découverts, il n’avait pas voulu créer de « fausses impressions ».

Vendredi, on a également appris que Donald Trump a investi 10 millions de dollars supplémentaires pour ses opérations de campagne, portant ses contributions totales à plus de 65 millions de dollars, alors qu’il a promis de dépasser les 100 millions.

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