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Près d’une moitié des Français se disent prêts à voter pour des candidats d’extrême droite ou d’extrême gauche

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

C’est le signe d’une défiance à l’égard des partis traditionnels. Dont pourrait paradoxalement profiter un postulant centriste. Dans une France divisée.

Où va la France ? Quel fléau frappe donc la patrie des droits de l’homme ? A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, près de la moitié de ses électeurs, au vu des enquêtes d’opinion, promettent leur vote à des candidats aux extrêmes de l’échiquier politique. Du jamais-vu. Pourquoi un tel basculement ? Annonce-t-il une révolution au palais de l’Elysée ?

Qu’elle soit d’extrême droite ou d’extrême gauche, la menace n’est pas de la même nature et n’a pas la même intensité.  » Sur le plan du simplisme ou de la démagogie, on peut ici et là trouver des ressemblances, analyse Jérôme Jamin, politologue à l’université de Liège. Sur le plan idéologique, la comparaison ne tient pas la route. L’extrême droite rompt avec une valeur qui est au coeur des régimes démocratiques : l’égalité ! L’extrême gauche peut certes inquiéter les plus riches sur ses objectifs de taxation des revenus les plus élevés, mais il s’agit toujours d’égalité. Il n’y a pas une rupture sur cette valeur fondamentale. Alors que l’extrême droite rompt avec l’ensemble des partis (dont l’extrême gauche) en affirmant que les inégalités (entre personnes, peuples, nations, etc.) ne sont pas une mauvaise chose et que, dans certains cas, il vaut même mieux laisser agir la nature en la matière. Le coeur de l’extrême droite, c’est l’ordre naturel et hiérarchique.  »

u0022L’extrême droite rompt avec une valeur qui est au coeur des régimes démocratiques : l’égalité !u0022

La troisième puissance économique européenne est donc potentiellement proche d’un grand basculement, même si, paradoxalement, il n’est pas davantage exclu qu’elle soit finalement présidée au centre, autre aventure quasi inédite. A l’aune de cette analyse des extrêmes, Marine Le Pen est potentiellement la plus en situation de renverser l’échiquier politique hexagonal. Son étiage autour des 23 % d’intentions de vote au premier tour doit être additionné aux 4 % promis au candidat de la droite souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. Dans l’autre camp, la belle campagne de Jean-Luc Mélenchon propulse les électeurs de La France insoumise, d’après les sondages, au niveau d’un inespéré 18 %. Les 2 % de Philippe Poutou et le 0,5 % de Nathalie Arthaud, les deux prétendants trotskistes, compléteraient l’addition pour un vote extrémiste conjugué, de droite et de gauche, devenu quasi majoritaire…

Les circonstances de cette campagne sourient à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon. La faillite morale de François Fillon a hypothéqué les ambitions de la droite républicaine promise pourtant à une victoire logique. Le fiasco de la présidence de François Hollande et la radicalité du projet de Benoît Hamon ont annihilé la possibilité du rassemblement de la gauche socialiste pour la mère des élections françaises.  » Le changement, c’est vraiment maintenant ! « , semblent donc signifier aux routiers de la politique une majorité de Français. De là à imaginer un duel final entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon…

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