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Nouveau coup de théâtre dans l’affaire du petit Grégory

Le Vif

C’est un nouveau coup de tonnerre dans une des plus grandes énigmes que la France ait connue: la justice a annulé mercredi les inculpations de trois suspects, mais sur de simples points de procédure, dans l’enquête interminable sur le rapt mortel du petit Grégory il y a 33 ans.

Les inculpations de Murielle Bolle et des époux Jacob ont été annulées, et leurs contrôles judiciaires levés, a indiqué la chambre de l’instruction de Dijon (est).

Les deux septuagénaires Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, avaient été les premiers à être inculpés en juin dernier, lors d’une spectaculaire relance de cette énigme judiciaire jamais résolue depuis la mort, il y a trois décennies, du petit Grégory.

Jamais inquiétés jusqu’alors, ils sont soupçonnés d’avoir été les « corbeaux » de l’affaire, à l’origine de plusieurs lettres anonymes bien renseignées, mais aussi d’être impliqués dans le rapt et la mort du garçonnet dans le cadre d’un « acte collectif ».

Fin juin, Murielle Bolle, 48 ans, était inculpée à son tour, soupçonnée d’avoir participé à l’enlèvement du garçonnet de 4 ans, dont le corps avait été retrouvé pieds et poings liés dans la rivière Vologne le 16 octobre 1984 dans les Vosges, dans l’est de la France.

A l’automne 1984, alors âgée de 15 ans, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche, lors d’une garde à vue, d’avoir enlevé Grégory, avant de se rétracter. Ce dernier avait été incarcéré puis relâché avant d’être tué d’un coup de fusil par son cousin Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant, en 1985.

L’accusation soutient aujourd’hui que la rétractation de Mme Bolle s’explique par des violences familiales subies à l’époque – ce qu’elle conteste.

« C’est une très belle victoire pour nous. Murielle Bolle est innocente. Son inculpation tombe, son contrôle judiciaire également », s’est félicité un de ses conseils, Me Christophe Ballorin.

« C’est encore un nouveau rebondissement énorme dans ce dossier. Ça en devient presque surréaliste. C’est manifestement un camouflet pour l’enquête », a réagi de son côté Me Frédéric Berna, l’un des avocats de Jacqueline Jacob.

Les époux Jacob « n’ont plus rien à voir dans ce dossier », a abondé son confrère Stéphane Giuranna.

« L’affaire Grégory n’est pas terminée. Il est souhaitable qu’elle ne se termine que lorsqu’on connaîtra le coupable », mais « Murielle Bolle est définitivement mise hors de cause ». « Enfin, il est compris que cette gamine de 15 ans n’a strictement rien à voir avec le meurtre du petit Grégory », a commenté son conseil, Me Ballorin.

Une nouvelle inculpation ?

Les autorités judiciaires ont cependant précisé que l’annulation avait été prononcée en raison de « points de procédure et non pas sur des éléments touchant au fond du dossier », ce qui pourrait rendre possible une nouvelle inculpation pour les mêmes trois suspects.

Le procureur général de Dijon Jean-Jacques Bosc a ainsi précisé qu’il « avisera sur les éventuelles suites procédurales à donner » à l’annulation.

Les avocats des époux Villemin, les parents de Grégory, ont de ce fait souligné que l’annulation des inculpations n’avait « en rien remis en cause » leur « bien-fondé ».

Dans un communiqué, ils mettent en avant un problème de forme: « la Cour a considéré que la Présidente Madame Barbier, qui avait prononcé ces mises en examen (inculpations, ndlr), n’en avait pas le pouvoir juridique, et que c’est à la chambre de l’instruction collégialement d’en décider. »

Les conseils « sollicitent en conséquence que la chambre de l’instruction convoque à nouveau Murielle Bolle et les époux Jacob pour leur notifier à nouveau leur mise en examen, en bonne et due forme ».

Les magistrats avaient déjà allégé les stricts contrôles judiciaires auxquels les inculpés, contraints de résider loin des Vosges, étaient soumis depuis l’été dernier. Les époux Jacob avaient été autorisés à rentrer chez eux en novembre et décembre 2017 et Mme Bolle le 25 avril 2018.

Cette affaire a déjà connu plusieurs rebondissements spectaculaires: en juillet 1985, après la mort de Bernard Laroche, le juge Lambert avait opéré un spectaculaire revirement en portant ses soupçons vers la mère de Grégory, Christine Villemin. Celle-ci avait finalement été innocentée en 1993. Le juge Lambert lui même s’était donné la mort en juillet dernier après la relance de l’affaire.

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