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Les Irlandais aux urnes pour un référendum historique sur l’avortement

Près de 3,5 millions d’Irlandais sont appelés à se prononcer, vendredi, pour ou contre la libéralisation de l’avortement dans un référendum historique pour ce pays de tradition catholique qui avait massivement voté pour le mariage homosexuel en 2015.

Les bureaux de vote ouvrent de 07H00 GMT à 22H00 GMT, avec interdiction de faire campagne à proximité des écoles où se déroule le scrutin, même si les accessoires devenus tendance tels que les badges et les pulls promouvant l’un ou l’autre camp sont tolérés. Au terme d’une campagne achevée dans une certaine tension entre partisans et opposants de l’avortement, le « Oui » à la suppression de l’interdiction constitutionnelle de l’IVG semblait en tête des intentions de vote, malgré une participation difficile à estimer et un nombre élevé d’indécis. Toutefois, les autorités ont enregistré un nombre important de nouveaux inscrits sur les listes électorales, avec plus de 118.000 demandes d’ajout cette année, signe de l’intérêt pour ce vote. La mobilisation de l’électorat a été l’un des grands axes des militants anti et pro-avortement, les premiers tablant sur un sursaut de l’Irlande rurale, tandis que les seconds ont fortement encouragé les jeunes à s’inscrire et à voter. S’exprimant la veille du vote sur la radio Newstalk, le Premier ministre Leo Varadkar l’a qualifié d' »opportunité d’une seule génération », rappelant qu’en cas de victoire du « Non », il n’y aurait pas de deuxième référendum. Réitérant son appel à voter en faveur du « Oui », le chef du gouvernement irlandais a affirmé que « depuis l’introduction du 8e amendement dans la constitution, 170.000 femmes sont allées à l’étranger pour avorter ». La consultation pose précisément la question de l’abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdisait l’avortement jusqu’à une réforme votée en 2013 permettant des exceptions lorsque la vie de la mère est menacée. Aujourd’hui, la législation reste parmi les plus restrictives d’Europe, avec l’Irlande du Nord et Malte notamment. Le viol, l’inceste ou la malformation du foetus ne sont pas des raisons légales d’avorter. La consultation intervient trois ans après la légalisation, par référendum également, du mariage homosexuel en Irlande, qui avait provoqué un séisme culturel dans ce pays de 4,7 millions d’habitants. Elle traduit le déclin de l’influence de l’Église, autrefois si puissante mais aujourd’hui érodée par les bouleversements économiques et sociaux.

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