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Le Brexit pourrait poser problème dans la lutte antiterroriste européenne

Stagiaire Le Vif

Certains s’inquiètent des conséquences du Brexit dans la lutte antiterroriste en Europe. Les services de renseignement continueront-ils à collaborer de la même manière après la séparation ? Dans le contexte actuel, c’est un sujet qui sera suivi de près.

Les prochaines élections en Grande-Bretagne auront lieu le 8 juin. Theresa May espère obtenir une large majorité, afin de négocier le plus facilement possible le Brexit.

La question de la sécurité sera un point important de ce divorce.Le terrorisme fait partie des fléaux européens ces dernières années, et cette séparation risque d’avoir des conséquences quant à l’échange d’informations entre les pays.

Pour le moment, le Brexit n’a rien changé

La coopération entre services de renseignement européens s’est accélérée après le 11 septembre 2001. « Personne ne garde pour soi une information, si elle met en cause la sécurité d’un pays tiers », affirme-t-on à la DGSE. Le Brexit n’a rien changé dans l’immédiat : pour preuve, le Commissaire européen chargé de la lutte contre le terrorisme et le partage de renseignement est un Britannique, Sir Julian King. Les Britanniques sont d’ailleurs les principaux contributeurs à l’Office européen de police contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme (Europol). La coopération opérationnelle consiste à s’échanger des noms de suspects ou d’auteurs d’attentat, des modes opératoires, etc. Europol en est la pointe émergée. Une très grande partie de la collaboration antiterroriste se fait dans des enceintes inconnues du public, voire en bilatéral.

Echanger des informations : la difficulté de se faire confiance

Ces sujets exigent que les partenaires puissent se faire entièrement confiance. Les informations données à un Etat, ne le sont, que parce que l’émetteur a l’assurance qu’elles ne seront pas transmises à un tiers. La principale inquiétude est de mettre ses sources en danger. La gaffe de Trump avec les Russes est un exemple parfait de violation de cette règle cardinale dans le renseignement [le président américain a transmis au ministre des Affaires étrangères russe des renseignements sur l’Etat islamique fournis par les services israéliens à Washington, NDLR].

Chez nous, même si certains défendent l’idée de créer une Agence européenne du renseignement, ce projet est loin de faire l’unanimité. Les spécialistes du renseignement soulignent que le partage d’informations sensibles à 28 pays est une illusion. Le renseignement peine donc à s’opérer dans une structure intégrée, malgré les progrès. Dans ce contexte, la mise en place du Brexit inquiète. Si ce divorce entre la Grande-Bretagne et le reste de l’Europe prive le continent des services de renseignement britannique, considéré comme l’un des meilleurs du monde, la perte serait considérable.

Plus de moyens et de droits pour les services britanniques

Les services britanniques ont plus de ressources humaines et financières que la plupart des autres pays européens. « Ils sont sans doute ceux qui, à part peut-être les Israéliens, sont allés le plus loin dans l’intégration de leurs différentes structures antiterroristes », explique le Arnaud Danjean, ancien membre de la DGSE et spécialiste des questions de sécurité, au Figaro. C’est d’ailleurs souvent sujet à débat là-bas, car d’un point de vue légal, les services britanniques peuvent être beaucoup plus intrusifs que chez nous.

En matière de sécurité, le Brexit est un réel problème. Si l’on en croit un expert britannique, le Pr Peers, le Brexit devrait entraîner une réduction significative de la coopération sécuritaire entre l’Union et le Royaume-Uni. Londres va totalement sortir de l’Europe de la sécurité, sans qu’on en connaisse exactement l’issue.Cependant, les différents pays s’accordent à dire qu’on devrait aboutir à un accord raisonnable. D’ailleurs, les Britanniques sont plutôt pro-européens en la matière. Londres a été très actif dans le développement de l’organisation depuis les attentats de 2005.

Océane Cordier

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