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La trêve « humanitaire » à Alep touche à sa fin sans évacuation de blessés

La trêve « humanitaire » décrétée par Moscou dans la ville syrienne d’Alep ravagée par la guerre a touché à sa fin samedi soir sans que l’ONU n’ait réussi à évacuer aucun blessé des quartiers assiégés faute de conditions de sécurité suffisantes.

La « pause humanitaire », entrée en vigueur jeudi matin, devait expirer samedi à 19H00 locales (16H00 GMT), selon l’annonce officielle faite par la Russie. Ni Moscou ni le régime du président syrien Bachar al-Assad ne se sont exprimés samedi soir sur la trêve ou une éventuelle prolongation.

Les huit corridors établis pour permettre aux habitants et aux rebelles qui le souhaitent de quitter les quartiers est de la ville, contrôlés par les opposants au régime syrien sont restés déserts. Quelque 250.000 personnes vivent dans ces quartiers, assiégés depuis le mois de juillet par le régime syrien et soumis depuis le 22 septembre à une intensification des bombardements par Damas et Moscou, qui souhaitent reconquérir l’ensemble de la deuxième ville de Syrie.

Accusés par les Occidentaux de commettre des « crimes de guerre » à Alep, le régime Assad et son allié russe avaient suspendu mardi leur offensive, avant que Moscou ne décrète la trêve. Ces quatre semaines de bombardements intenses sur Alep-Est ont fait environ 500 morts et 2.000 blessés, selon l’ONU, entraînant la destruction d’infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.

Samedi matin, un photographe de l’AFP présent côté régime s’est rendu au passage de Boustane al-Qasr et a constaté que celui-ci était désert. Un scénario identique avait eu lieu jeudi et vendredi.

« Personne n’est sorti par les couloirs », a confirmé à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. « Des comités populaires civils venant des quartiers du régime sont entrés dans les quartiers est pour tenter d’évacuer des blessés, mais ils n’ont pas réussi », a-t-il ajouté.

Les autorités russes et les médias étatiques syriens accusent les rebelles d’empêcher toute sortie, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov assurant que les combattants avaient recours « aux menaces, au chantage et à la force brute » pour bloquer les couloirs.

Faute de conditions de sécurité suffisantes, l’ONU n’a pu évacuer aucune des 200 personnes blessées et malades devant quitter de toute urgence les quartiers rebelles d’Alep.

L’organisation internationale avait demandé à la Russie de prolonger la trêve jusqu’à lundi soir.

Au final, seuls huit rebelles blessés et sept civils ont emprunté les corridors humanitaires, a annoncé vendredi soir à Moscou le général Sergueï Roudskoï, un haut responsable de l’état-major russe.

Ancienne capitale économique, Alep, divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par le régime et des zones est contrôlées par ses opposants, est devenue un enjeu majeur de cette guerre qui a fait plus de 300.000 morts depuis mars 2011. « Le régime et les rebelles ont chacun renforcé leurs effectifs militaires, ce qui nous fait craindre, en cas d’un échec du cessez-le-feu, une vaste opération militaire », a prévenu M. Abdel Rahmane.

Le général Roudskoï avait accusé vendredi les rebelles de « profiter du cessez-le-feu » pour préparer une offensive de grande ampleur.

A Moscou, le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a justifié samedi l’intervention militaire russe en Syrie, soulignant dans un entretien avec la chaîne publique de télévision Rossia-1 la nécessité de « libérer » ce pays des jihadistes tout en maintenant le président Assad au pouvoir.

A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies avait toutefois reçu vendredi soir un rapport confidentiel concluant que l’armée syrienne avait mené une nouvelle attaque à l’arme chimique, sans doute au chlore, à Qmenas, dans la province d’Idleb (nord-ouest), contrôlée par les rebelles, le 16 mars 2015.

Au total, sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les experts, trois ont été attribuées au régime syrien et une au groupe Etat islamique (EI), au gaz moutarde, à Marea, près d’Alep, en août 2015.

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