Arrivée de migrants syriens sur l'île grecque de Kos. © Reuters

La Commission propose de réinstaller des migrants, aussi en Belgique

La Commission européenne a proposé mercredi que la Belgique accepte sur son territoire, au nom de la solidarité entre les 28 membres de l’UE, 1.364 migrants syriens et érythréens à « relocaliser » d’Italie et de Grèce (soit 3,41% des 40.000 personnes concernées) et 490 réfugiés à « réinstaller » (soit 2,45% sur un total de 20.000), dans le cadre d’un plan déjà contesté dans plusieurs pays européens en dépit des moyens financiers supplémentaires libérés.

La relocalisation s’effectuera en vertu d’un mécanisme d’intervention d’urgence activé pour la première fois de l’histoire de l’UE afin de soulager l’Italie et la Grèce, confrontées à un afflux sans précédent de dizaines de milliers de demandeurs d’asile fuyant la misère et les conflits, ont expliqué des responsables européens. 40.000 personnes devraient ainsi être relocalisées au cours des deux prochaines années dans 23 pays de l’Union, des Syriens et des Érythréens « ayant manifestement besoin d’une protection internationale ».

En vertu des traités, le Royaume-Uni et l’Irlande ont un droit d’option qui leur permet de ne participer que s’ils le souhaitent. Le Danemark dispose quant à lui d’un droit de sortie en vertu du traité, ce qui signifie qu’il ne participera pas. La réinstallation proposée par l’exécutif européen consiste pour sa part à « inviter » les Etats-membres à accepter 20.000 personnes provenant d’un pays tiers « et dont le HCR (Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU) a reconnu qu’elles ont manifestement besoin d’une protection internationale ». Cette proposition a été présentée mercredi par le commissaire aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, au collège des commissaires, avant d’être soumise aux Etats. Elle impose une clef de répartition fondée sur quatre critères (PIB, population, taux de chômage et nombre de demandes d’asile déjà enregistrées par le pays). Mais la Commission se refuse à parler de « quotas », un terme qui a suscité des réactions hostiles dans plusieurs Etats, dont la France et quatre pays d’Europe centrale (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), qui craignent un « appel d’air » pour de nouveaux candidats à l’exil.

« La proposition n’est pas parfaite, mais elle constitue un énorme pas en avant, car elle introduit le principe de la solidarité », a affirmé mardi la haute représentante pour la politique étrangère de l’UE, l’Italienne Federica Mogherini, qui est aussi vice-présidente de la Commission. « Il va falloir construire un consensus » sur cette proposition de « relocalisation » des demandeurs d’asile « afin que les ministres de l’Intérieur puissent l’approuver à la majorité qualifiée lors de leur réunion le 16 juin » à Luxembourg, a-t-elle ajouté.

Dans les deux cas, c’est l’Allemagne qui est, des 28, la plus sollicitée, car priée d’accepter 8.763 des 40.000 migrants à « relocaliser » (24.000 depuis l’Italie et 16.000 depuis la Grèce), soit 21,91%, et 3.086 des 20.000 réfugiés à « réinstaller ». Elle est suivie par la France (16,8%) et l’Espagne (10,72%). La Commission propose à la Belgique d’accepter 818 demandeurs d’asile en provenance d’Italie (sur le territoire de laquelle 26.000 « entrées irrégulières » ont été enregistrées depuis le début de l’année) et 546 venant de Grèce, confrontée à 28.000 arrivants au cours de la même période. Ils s’agit de ressortissants syriens et érythréens, ont précisé des responsables européens devant la presse. Le nombre de réfugiés à « réinstaller » en Belgique est de 490. Il s’agit de réfugiés vivants dans des camps dans un pays tiers – comme des Syriens ayant fui vers la Turquie ou la Jordanie. Ce mécanisme de solidarité s’inscrit dans le cadre plus vaste d’un « agenda européen en matière de migration ».

La Commission a en outre élaboré un plan d’action pour lutter contre le trafic de migrants – alors que l’UE s’apprête à lancer une opération militaire pour « neutraliser » les réseaux de trafiquants en plus de l’opération humanitaire Triton de l’agence européenne Frontex -, des lignes directrices pour faciliter le relevé systématique des empreintes digitales dans le plein respect des droits fondamentaux et une consultation publique sur le devenir de la directive « carte bleue ».

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