Pedro Sanchez © Reuters

La bataille pour la direction des socialistes espagnols lancée ce week-end

Le Vif

Le Parti socialiste espagnol, rongé par les divisions et la concurrence de la formation de gauche radicale Podemos, prépare des primaires où l’ex-secrétaire général Pedro Sanchez, féroce adversaire du chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, tentera un retour.

Le premier acte se joue dimanche avec l’annonce officielle de la candidature de Susana Diaz, 42 ans, présidente socialiste de la région d’Andalousie (sud) depuis 2013 et une des femmes politiques les plus puissantes d’Espagne.

Mme Diaz, l’une des opposantes à Pedro Sanchez qui avait été renversé par l’organe de direction en octobre, a prévu de faire salle comble dans un palais des congrès près de Madrid.

Elle a mobilisé pour l’occasion deux anciens chefs de gouvernement socialistes, Jose Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011) et Felipe Gonzalez (1982-1996), qui seront là pour l’adouber.

Au même moment, Pedro Sanchez, ancien enseignant en économie de 45 ans, déjà candidat, présidera un meeting à Valence (est), tandis que Patxi Lopez, 57 ans, ancien président régional du Pays basque également candidat, rencontrera des militants du nord, en Cantabrie.

De la lutte entre ces trois personnalités dépend la gauche espagnole, mais aussi la gouvernance du pays.

Pedro Sanchez, premier dirigeant choisi par les militants en 2014, a toujours refusé de soutenir le conservateur Mariano Rajoy, au pouvoir depuis 2011.Or M. Rajoy n’aurait pas pu être reconduit à la tête d’un nouveau gouvernement l’an dernier sans l’abstention des socialistes.

« Non c’est non », martelait M. Sanchez, en l’accusant d’avoir laissé la corruption gangrener son parti.

M. Sanchez était en outre soupçonné par une partie de son camp d’être prêt à nouer une alliance avec Podemos pour former un gouvernement alternatif.

Il se voyait enfin reprocher d’avoir récolté les pires résultats électoraux de l’histoire du parti, concurrencé par la formation de Pablo Iglesias.

Chassé en octobre de la direction du parti, lors d’une houleuse réunion de l’exécutif, Pedro Sanchez tente donc un grand retour.

La décision est entre les mains de 180.000 militants convoqués pour des primaires en mai, à une date qui reste à définir.

De leur choix dépendra la stratégie de reconquête du Parti socialiste espagnol (PSOE), en perte de vitesse comme les autres partis sociaux-démocrates européens.

‘Recommencer à gagner’

« Le Parti socialiste doit cesser de mener une bataille pour éviter d’être relégué à la troisième place (par Podemos, ndlr), il doit recommencer à gagner », résumait vendredi le député socialiste Eduardo Madina.

M. Sanchez assure que pour regagner l’électorat séduit par Podemos en 2015 et 2016, il mènera une opposition frontale aux conservateurs.

M. Rajoy, a-t-il dit, doit savoir qu’il « n’y aura pas de voix socialistes pour des politiques de droite ».

Des menaces que les conservateurs semblent prendre au sérieux. La victoire de M. Sanchez « serait la pire nouvelle pour ce pays », déclarait récemment une source gouvernementale.

Il redoutait un nouveau blocage du Parlement, où les conservateurs, en minorité, sont contraints de nouer des alliances avec les uns ou les autres pour faire adopter la moindre loi.

Susana Diaz, qui assure qu’elle « adore gagner » et prône la « modération », a pour sa part le soutien d’une bonne partie de l’appareil, à commencer par celui du fief andalou qui compte un quart des militants.

« Elle tient l’appareil et va chercher à s’en servir, mais elle devra le faire avec prudence », estime un militant proche de l’ancienne direction sous couvert de l’anonymat. « Cela peut se retourner contre elle car il existe un désir de rupture générationnelle », ajoute-t-il.

Comme le dirigeant travailliste britannique Jeremy Corbyn, Pedro Sanchez a « tout intérêt à exacerber la dialectique de l’appareil contre les militants » parmi lesquels il serait encore populaire, dit-il.

Entre ces deux logiques, le troisième candidat, Patxi Lopez, apparaît comme l’option « centriste ».

Il jouit d’un certain prestige après avoir dirigé entre 2009 et 2012 le Pays basque, puis en 2016 le Congrès des députés espagnols.

Dans l’attente des primaires, certains accusent la direction intérimaire aux commandes depuis la chute de Pedro Sanchez de favoriser Susana Diaz. Elle « ne joue pas un rôle neutre » assure le professeur de sciences politiques Ferrán Requejo, de l’université Pompeu Fabra de Barcelone.

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