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Kony échappe à la traque américaine, elle aura coûté 800 millions de dollars

Le Vif

Depuis 6 ans, Joseph Kony, un prophète mystique et sanguinaire ougandais, était traqué par l’armée américaine. Celle-ci vient d’annoncer qu’elle mettait fin aux opérations, même si l’homme court toujours.

Cette opération qui mobilisait une centaine de conseillers militaires américains « touche à sa fin », a déclaré le général Tom Waldhauser, le chef des forces américaines en Afrique. L’opération qui a coûté entre 600 et 800 millions de dollars depuis 2011 n’a pas permis de capturer Joseph Kony, mais elle a réduit la LRA à « l’insignifiance », a-t-il souligné. « Sur les 5 ou 6 dernières années, nous avons retiré du champ de bataille des centaines, peut-être des milliers » de combattants de la LRA, a souligné le général Waldhauser. Joseph Kony est recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. L’un de ses principaux lieutenants Dominic Ongwen est actuellement jugé par la CPI.

L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a fait les mauvais jours de l’Ouganda

Joseph Kony est le dirigeant d’une milice qui a, selon l’ONU, massacré 100.000 personnes et enlevé 60.000 enfants depuis sa création vers 1987.

De confession catholique, Joseph Kony est issu d’une famille d’hommes possédés par les esprits, « ce qui est perçu comme une chose effrayante », a rapporté lundi Tim Allen, professeur d’anthropologie du développement à la London School of Economics. Ce prophète mystique a lancé une rébellion contre Kampala voici trente ans, cherchant à imposer sa propre version des Dix commandements dans le nord de l’Ouganda. Il a par la suite ajouté un onzième commandement interdisant de rouler en vélo, sous peine d’amputation.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire,

Celui qui était un guérisseur réputé avant de diriger sa milice terrifie de nombreux jeunes Ougandais, « enlevés brutalement et forcés à voir ou faire des choses terribles ». Même une fois libres, certains craignent toujours qu’il ne sache « ce qu’ils pensent ou où ils sont ». Mais « la plupart étaient effrayés par Kony lui-même, par son espèce d’imprévisibilité. Parfois, il était gentil et raisonnable, parfois, il parlait d’une voix étrange et agissait de manière violente », a expliqué dit l’un de ses anciens généraux. « Il pouvait prédire des choses avant qu’elles ne se produisent. » D’après le spécialiste, ceux qui ne marchaient pas assez vite ou refusaient d’obéir aux ordres étaient battus, ou tués dans de nombreux cas. Toutefois, pour beaucoup de jeunes, certaines expériences au sein de la LRA étaient « excitantes », « comme un rêve, où ils pouvaient faire des choses qu’ils ne pouvaient pas faire quand ils étaient à la maison ». « Comme les vétérans du Vietnam, les personnes parlaient du frisson de tuer, de l’excitation de la violence », a ajouté le témoin.

Autrefois près de 4.000, les rebelles de la LRA ne sont aujourd’hui plus que quelques centaines, dispersés en République démocratique du Congo, Centrafrique, Soudan du Sud et Soudan.

Une opération commencée sous Obama

A la suite d’une campagne menée par des activistes aux Etats-Unis, le président américain Barack Obama avait autorisé en 2010 le déploiement de quelque 100 membres des forces spéciales américaines devant travailler avec les armées régionales contre la LRA.

Les Etats-Unis veulent continuer à maintenir de liens avec les pays de la région, et en particulier avec l’Ouganda, pour éviter la résurgence du mouvement, a assuré le général Waldhauser.

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