Jérusalem, antidote à la guerre des religions

Si vous n’êtes jamais allé à Jérusalem, que vous soyez chrétien, juif, athée ou musulman, il vous manque dirions-nous une  » dimension « .

Celle de se confronter à une ville trois fois sainte : d’abord – rendons à César – pour le Judaïsme, mère des deux autres religions du « Livre », puis pour les chrétiens et puis pour les musulmans pour qui la mosquée al-Aqsa d’Al Quds (qui signifie « la plus éloignée ») n’est tout de même qu’un troisième couteau face La Mecque (la Kaaba) et Médine (la mosquée du prophète).

Sur place, on est très loin du Far West, pas de cowboys et d’Indiens.

Même si Juifs, chrétiens et musulmans se mélangent peu, ils cohabitent, dans une ambiance assez amicale. Les poussées de violence ne sont que des prurits passagers. Allez dans la vieille ville : les rabbins en route pour la Kotel (le Mur des Lamentations) traversent le quartier musulman sans risque ; les prêtres orthodoxes idem. Dans le quartier juif, un imam s’aventurera sans problème aussi à la recherche d’une denrée rare. Dans tous les cas, le pas est quand même rapide. On ne s’attarde pas. Les extrémistes guettent.

Mais les trois principales « ethnies » commercent ensemble et se saluent. On ne peut pas parler de confiance, mais pas davantage de méfiance. Il est loin l’époque jordanienne où prier au Mont du Temple était une activité à haut risque.

Maîtrisez vos peurs ancestrales et nourrissez-vous de l’ambiance féérique autour de la Vieille Ville : les beaux chants des muezzins, les cloches des églises orthodoxes, les synagogues plus discrètes… Même si vous n’êtes pas croyant, la présence de Dieu (le même pour les trois religions, rappelons-le) est lourde, mais pas pesante. Si vous levez les yeux au ciel, presque toujours sans nuages, vous croiriez l’apercevoir. Quelle que soit sa dénomination, Dieu, Jéhovah ou Allah, il semble veiller sur ses ouailles, en djellabas ou en costume traditionnel hassidim, en chrétiens orthodoxes à barbe blanche qui font penser à Saint-Nicolas. Une activité frénétique de gens semblant déambuler avec un but très précis, mais lequel ? Un trafic automobile important ; beaucoup de coups de klaxons, à l’orientale. A Pâques, des foules de pèlerins…

Vos pâles souvenirs des légendes bibliques vous reviennent en pleine tête. Du haut des remparts, vous distinguez le célèbre Mont des Oliviers, et de l’autre côté, la Knesset (le Parlement israélien). Mélange d’histoire éternelle et de modernité, Jérusalem, c’est aussi des sensations olfactives, une lumière, des couleurs ocres (tous les bâtiments modernes épousent les mêmes teintes que la vieille ville six fois millénaire et s’étendent à perte de vue sur les différentes collines, seulement freinés par le Mur de Séparation qui se confond lui aussi avec les murailles de la ville antique).

Jérusalem, trois fois revendiquée, est plus le siège d’un conflit politique entre deux nationalismes (le sionisme et la revendication d’un Etat palestinien) qu’une guerre des religions même si elle renvoie aux croisades et est instrumentalisée par les extrémistes religieux.

En dépit de flambées de violence, les trois peuples cohabitent. Jérusalem, exemplative du vivre-ensemble, quel paradoxe ! Si Judaïsme, Islam et Christianisme parviennent à se parler dans ce minuscule confetti (la vieille ville a la même surface que la Place de la Concorde à Paris), c’est que c’est possible à l’échelle mondiale.

Naïveté ?

Ni Donald Trump, qui une nouvelle fois blesse là où cela fait mal, ni les perroquets qui s’émeuvent en choeur de sa décision d’y installer l’ambassade des Etats-Unis, ne pourront enlever à cette ville fascinante ce caractère de tolérance.

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