Benoît Hamon est passé sur le grill. © Capture d'écran

HugoDécrypte : le Youtubeur qui s’invite dans la présidentielle

Stagiaire Le Vif

À seulement 19 ans, Hugo Travers n’a rien à envier à David Pujadas ou Léa Salamé. Sur sa chaîne, ce jeune Youtubeur s’est mis au défi de décrypter l’actualité dans des capsules vidéo de cinq minutes.

Avec plus de 100 000 abonnés sur sa chaîne Youtube, cet étudiant de Sciences Po s’est lancé un pari de taille : interviewer tous les candidats à la présidentielle de 2017. Levif.be est parti à la rencontre de ce jeune parisien au CV déjà bien rempli.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Levif.be : Vous avez déjà interviewé des candidats aux primaires tels que Bruno Lemaire, Benoît Hamon ou encore François de Rugy. Comment fait-on pour avoir accès à toutes ces personnalités politiques quand on est si jeune ?

Hugo Travers : Au mois de mars de l’année dernière, l’équipe de Bruno Lemaire m’a contacté pour me dire que ma chaîne Youtube l’intéressait. Je n’avais qu’à le contacter si je voulais l’interviewer. De mon côté, je n’avais pas envie d’interroger un seul candidat. Tout s’est accéléré à la rentrée. Plusieurs candidats ont fait le premier pas et sont venus vers moi. Pour le reste, je les ai démarchés avec l’agence Blogpresse qui travaille à mes côtés pour les vidéos. Pour le moment, on est très bien parti puisqu’on commence à caler beaucoup de dates. Je suis assez confiant.

Allez-vous vraiment interviewer tous les prétendants à la présidence ? Même Marine Le Pen ?

Oui, j’essaye d’interroger tous les candidats ayant reçu le nombre suffisant de parrainages sans parti pris. Aujourd’hui, j’estime que c’est une question qui ne se pose plus. Je pense que ce serait une mauvaise idée de ne pas interviewer Marine Le Pen. Elle est actuellement en tête dans les sondages au premier tour avec plus de 20 % d’intentions de vote. Je sais que je vais devoir être particulièrement vigilant dans mes questions et réponses, mais c’est la même chose pour chaque interview.

Avec une candidate d’extrême droite, votre format d' »interview augmentée » prend tout son sens. Allez-vous procéder à un fact-checking en post-production ?

J’y ai beaucoup réfléchi, mais ça ne me semble pas très honnête de relever a posteriori ce que je n’ai pas pu voir sur le moment même. Faire du montage sur l’interview pour montrer que ce qu’elle dit est faux, je trouve que ce n’est pas forcément bien. Mais après, il y aura évidemment des éléments qui viendront préciser son propos comme des citations ou des bulles explicatives qui enrichissent le format. Comme pour les autres candidats.

Comment votre aventure de jeune journaliste a-t-elle démarré ?

Tout a commencé sur les réseaux sociaux pendant la campagne présidentielle de 2012. Comme les médias français ne pouvaient pas annoncer les résultats avant 20 heures, le Hashtag « RadioLondres » a émergé sur Twitter pour contourner l’embargo. L’idée m’a plu. J’ai alors créé un compte qui relayait les meilleurs tweets. Lors des primaires de la gauche, qui ont récemment eu lieu, nous avons d’ailleurs pu annoncer la victoire de Benoît Hamon bien avant les médias belges. Aujourd’hui, Radio-Londres est aussi devenu un site d’information adressé aux jeunes. Il est composé d’une centaine de rédacteurs qui écrivent des articles qui parlent principalement de politique et de culture. Je suis le président de cette association, mais je ne m’en occupe plus vraiment. J’ai à mes côtés une équipe d’une dizaine de personnes avec un rédacteur en chef, des responsables pour chaque rubrique, un recruteur et enfin un community manager.

Votre chaîne HugoDecrypte a récemment fêté ses 100 000 abonnés. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre en scène pour décrypter l’information sur YouTube ?

Je ne suis pas fan du format écrit. Je voulais faire quelque chose en vidéo avec l’objectif d’aller parler aux jeunes. Je trouve que c’est une chose que les médias traditionnels n’arrivent plus à faire. Actuellement, j’ai l’impression qu’il y a une tendance à ne pas contextualiser les faits, notamment sur les chaînes d’info en continu. S’il y a un rebondissement dans une affaire politique, comme celle de Cahuzac, on ne va pas prendre le temps de tout réexpliquer depuis le début. J’ai donc réfléchi à la façon dont j’allais faire mes vidéos et je suis arrivé à cette idée de faire des capsules de cinq minutes. Et pour cela, je pars toujours du principe que la personne qui se rend sur ma chaîne ne connaît absolument rien du débat. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ne regardent plus la télévision ou ne lisent plus la presse écrite, mais sont plus devant les réseaux sociaux.

Comment faites-vous pour gérer à la fois vos études à Science Po et la production de vidéos ?

À côté des cours, on a quand même du temps pour développer nos propres projets. Et je suis assez bien entouré. D’abord, j’ai un ami qui m’aide beaucoup sur l’aspect technique, pour la réalisation des vidéos. Ensuite, j’ai d’autres copains de Science Po qui m’accompagnent pour la préparation des interviews. Enfin, l’agence Blogpresse m’appuie également au niveau du contenu. Leur aide m’est précieuse parce que je ne veux pas arrêter mes études pour me mettre à plein temps sur la chaîne.

Après vos études, comptez-vous plutôt aller vers la politique ou vers le monde des médias ? Quel est le prochain cap pour HugoDecrypte ?

Pas de politique. Je veux bosser dans les médias. Mais je ne considère pas que mon ascension sur YouTube est un tremplin vers les canaux traditionnels. Ce n’est pas une façon pour moi de me faire repérer par des chaînes de télévision. Je suis en discussion avec plusieurs médias, mais ma priorité restera ma chaîne. Par ailleurs, de grandes nouveautés sont à prévoir pour l’année prochaine puisque je dois partir à l’étranger pour mes études. Sciences Po a validé le fait que je travaille sur HugoDecrypte plutôt que d’aller en université ou en stage. De nombreux projets sont donc en cours d’élaboration.

Hugo Travers sera présent à Bruxelles le 21 février dans le cadre de la conférence « Young Change Maker »organisée au cinéma du Docks.

Grégory Sacré

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire