Hélène Le Touzey © isopix

Hélène Le Touzey, « Madone » des prisons indonésiennes

Le Vif

Hélène Le Touzey est venue en Indonésie pour soutenir son fils arrêté en 1999 à Bali avec de la drogue. Michaël Blanc va bientôt rentrer en France mais sa mère compte bien revenir dans l’archipel où elle s’est découvert une vocation de visiteuse de prison.

Restée au côté de son enfant pendant sa longue détention, cette ancienne secrétaire comptable de 67 ans a aussi commencé à aider, au fil des années, d’autres détenus dans la détresse, devenant une « Madone des prisons » dans ce pays d’Asie du Sud-Est.

« Des personnes m’appelaient comme ça », sourit cette femme lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP jeudi à Jakarta, la capitale indonésienne où elle vit.

Au bout de près de 19 ans d’un combat acharné mené par sa mère, Michaël Blanc, 45 ans, devrait pouvoir rentrer au pays samedi, après 14 ans de prison et quatre années supplémentaires de contrôle judiciaire lui interdisant de quitter l’Indonésie.

Originaire de Bonneville, en Haute-Savoie, ce cuisinier devenu globe-trotter dans les années 1990 décide de poser ses valises sur l’île touristique de Bali pour devenir moniteur de plongée. Mais à peine arrivé au lendemain de Noël 1999, sa vie bascule.

Il est arrêté à l’aéroport avec 3,8 kilos de haschisch dans deux bouteilles de plongée. Il dément tout trafic mais la saisie ne pardonne pas en Indonésie, où la législation antidrogue est parmi les plus sévères au monde. Le Français est condamné dans un premier temps à la réclusion criminelle à perpétuité.

Grâce à l’engagement de sa mère qui se démène pour obtenir sa libération, Michaël Blanc obtient une grâce présidentielle partielle en décembre 2008, voyant sa peine commuée en 20 ans de prison. Premier soulagement.

– Détermination –

« Si je n’avais pas été là, il aurait eu la peine de mort », dit Hélène Le Touzey, qui a laissé derrière elle son ex-mari et deux autres enfants adultes au moment de quitter sa Savoie natale.

Elle se souvient que Michaël lui avait dit un jour de partir d’Indonésie pour retourner en France « car il trouvait qu’il n’y avait pas d’espoir ».

C’était sans compter sur la détermination de sa mère et l’aide de l’animateur de télévision Thierry Ardisson, touché par une lourde condamnation qui avait provoqué de vives critiques en France.

En 2007, Hélène Le Touzey avait écrit une lettre à Nicolas Sarkozy qui venait d’être élu président, en lui demandant de « ne pas oublier » son fils.

Une association créée pour lui venir en aide et « largement financée par Ardisson m’a permis de rester (en Indonésie) et de faire beaucoup de choses à côté », explique Mme Le Touzey, en référence aux autres détenus qu’elle aide.

Pendant la détention de son fils à Cipinang, une prison de Jakarta, sa mère venait lui apporter du réconfort, notamment de la nourriture, plusieurs fois par semaine et « à une certaine époque tous les jours ».

Michaël avait dit un jour qu’il devait la vie à sa mère. Il a interdiction de parler aux médias depuis sa sortie de prison en 2014.

– Rendre à autrui –

Sa mère, elle, fréquente toujours la prison, où elle apporte son soutien à d’autres détenus dans le besoin. Car si dans les premiers temps, elle se consacrait uniquement à son fils, elle s’est mise peu à peu à s’occuper d’autres prisonniers, façon pour elle de rendre ce qu’elle recevait.

« Beaucoup de gens m’aidaient, je ne pouvais pas le leur rendre, donc je faisais autrement. Je sentais que je pouvais apporter quelque chose (à d’autres détenus) dans la mesure de mes moyens et de mes capacités », dit-elle.

Aujourd’hui, elle vit avec Michaël dans une maison dans le sud de Jakarta. Dès la fin des démarches administratives qui doivent permettre à son fils de quitter l’Indonésie, Hélène Le Touzey va le raccompagner en France.

« Je suis très heureuse, très soulagée, pleine d’espoir », dit-elle de sa voix frêle. Une fois en France, Michaël va essayer de retrouver un emploi de cuisinier, ajoute sa mère.

Mais elle prendra un vol retour pour l’archipel de 260 millions d’habitants.

« Je vais revenir en Indonésie pour m’occuper de détenus pendant un certain temps », dit cette femme, qui est également conseillère consulaire en tant qu’élue des Français établis en Indonésie.

Outre l’aide aux prisonniers, « j’ai un mandat à finir en tant que conseillère consulaire » pour aider les Français en difficulté.

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