Donald Tusk et le premier ministre turc © Reuters

Crise migratoire: 3 milliards d’euros de l’UE pour la Turquie

Le Vif

Les dirigeants européens et la Turquie se sont mis d’accord dimanche sur un fonds de 3 milliards d’euros pour aider la Turquie à accueillir des réfugiés syriens, a indiqué le président du Conseil européen, Donald Tusk, à l’issue d’un sommet à Bruxelles. Mais « on est encore loin d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne », a insisté à plusieurs reprises Charles Michel.

Les deux parties ont également décidé d’activer un « plan d’action commun » pour endiguer l’afflux de réfugiés, et de « redynamiser » les négociations en vue d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne, ont déclaré les dirigeants de l’UE et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu lors d’une conférence de presse. « Nous allons augmenter notre aide aux réfugiés syriens en Turquie grâce à un nouveau fonds de 3 milliards d’euros », a expliqué M. Tusk, l’organisateur de ce sommet inédit entre la Turquie et les 28 chefs d’Etats ou de gouvernement européens. « Nous allons contrôler très précisément l’utilisation de ces 3 milliards d’euros », a par ailleurs promis le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Le plan d’action commun « activé » dimanche avec la Turquie « met en place un plan clair pour un rétablissement rapide de l’ordre à notre frontière partagée », s’est félicité M. Tusk, tout en assurant que l’UE « n’attendait de personne de garder ses frontières » à sa place.

En contrepartie, « le processus d’adhésion (de la Turquie) doit être redynamisé », a-t-il ajouté, confirmant que le chapitre 17 des négociations d’adhésion (politiques économiques et monétaires) allait être ouvert. Ce sommet « ne nous amènera pas à oublier les divergences qui subsistent encore avec la Turquie sur les droits de l’homme ou la liberté de la presse, nous y reviendrons », a prévenu M. Juncker. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a lui salué « un jour historique ». « Je suis heureux de voir que tous mes collègues en Europe sont d’accord sur le fait que la Turquie et l’UE ont le même destin », a-t-il déclaré à l’issue du sommet.

Michel: Les 3 milliards d’euros d’aide européenne à la Turquie doivent aller aux ONG

Les trois milliards d’euros d’aide promis par l’Union européenne à la Turquie ne doivent pas aller au gouvernement turc mais aux organisations qui oeuvrent sur le terrain pour les réfugiés, a indiqué dimanche soir le Premier ministre belge Charles Michel à l’issue d’un sommet UE-Turquie à Bruxelles.

Les trois milliards d’euros seront libérés progressivement, par tranches, en fonction des signes de bonne volonté affichés par la Turquie. La première tranche, de 400 à 500 millions d’euros, sera versée par la Commission européenne.

L’argent n’ira cependant pas au gouvernement turc, mais aux ONG et aux associations qui aident les réfugiés sur le terrain. Un monitoring sera mis en place pour vérifier que la Turquie respecte bien les engagements pris. Parmi ceux-ci, la Turquie a promis d’oeuvrer à réduire, voire à stopper, les flux de migration illégale, un objectif que le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a rapidement tempéré en conférence de presse en indiquant qu’on « ne pouvait pas garantir moins de réfugiés, à cause de la situation en Syrie ».

La Turquie devra aussi veiller à garantir aux réfugiés syriens l’accès au marché du travail turc et accueillir dans la dignité ceux qui fuient la Syrie. Européens et Turcs vont à nouveau aborder la procédure d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne par le biais du chapitre 17 des négociations (sur les politiques économiques et monétaires), mais « on est encore loin d’une adhésion de la Turquie à l’Union européenne », a insisté à plusieurs reprises Charles Michel. « 

La question centrale a vraiment été les réfugiés et le contrôle des frontières », a-t-il commenté. Le Premier ministre a par ailleurs rejeté l’idée, émise par la chancelière allemande Angela Merkel, de réinstaller plus de réfugiés dans l’Union européenne. « Il n’est pas question d’en faire plus pour le moment » tant que les hotspots – les centres où sont enregistrés les migrants à leur arrivée en Italie et en Grèce – ne fonctionneront pas correctement

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