Callista Gingrich © AFP

Callista Gingrich, le très étrange nouveau visage de Washington au Vatican

Le Vif

La prochaine ambassadrice des Etats-Unis au Vatican n’a rien d’une diplomate chevronnée: Callista Gingrich n’est autre que la troisième épouse de Newt Gingrich, ancien meneur de la révolution républicaine des années 1990, récompensé pour son ralliement à Donald Trump.

Le Sénat américain a confirmé lundi par 70 voix contre 23 sa nomination, annoncée il y a cinq mois par le président américain. L’opposition, exclusivement venue des rangs démocrates, était relativement élevée pour un ambassadeur – seul le très controversé David Friedman, nommé en Israël, a reçu plus de « non » cette année.

« C’est une nomination très étrange », dit Michael Sean Winters, chroniqueur au National Catholic Reporter, à l’AFP. « Il est difficile d’imaginer quoi que ce soit dans le CV de Callista Gingrich qui montre qu’elle pourrait être une bonne ambassadrice ».

Certes, aux Etats-Unis, un tiers environ des ambassades sont habituellement réservées à des nominations « politiques », souvent des grands donateurs de campagne. C’est le cas de Paris.

Mais au Vatican, Callista Gingrich, 51 ans, succèdera à un ancien président de la grande ONG humanitaire Catholic Relief Services, qui lui-même succéda à un professeur de théologie.

Mme Gingrich a publié six livres d’histoire politique pour enfants ayant comme personnage principal l’éléphant Ellis. Elle préside une société de production, Gingrich productions, codirigée avec son mari et qui a produit des documentaires notamment sur le pape Jean-Paul II.

Lors de son audition de confirmation, en juillet, le sénateur républicain Johnny Isakson a souligné que « Callista » était « très talentueuse ».

« L’un de ses plus grands talents de persuasion fut non pas de convaincre Newt de l’épouser, mais de le convertir au catholicisme, ce qui leur sera très utile au Saint-Siège », plaisanta le sénateur.

– Relation adultère –

Les réponses très générales de Mme Gingrich lors de cette audition n’ont pas apaisé les inquiétudes de ceux qui voient dans sa nomination la rétribution du soutien apporté par son époux en mai 2016 à Donald Trump.

Newt Gingrich, aujourd’hui âgé de 74 ans, fut l’architecte de la spectaculaire reconquête républicaine de la Chambre des représentants durant la présidence de Bill Clinton, en 1994 – grâce à une stratégie ultra-partisane dont les effets se font encore ressentir.

Après sa chute en 1998, Newt Gingrich est resté très présent et plus ou mois influent au sein de sa famille politique, briguant l’investiture présidentielle en 2012 et 2016… avant de se rallier tardivement à Donald Trump et de se proposer, en vain, comme vice-président.

L’histoire du couple Gingrich fait aussi grincer des dents.

Callista Biseck était assistante parlementaire de Newt Gingrich quand les deux ont commencé leur relation, alors que l’élu était marié. Leur liaison adultère a duré six ans, jusqu’au divorce du parlementaire, son second.

Tout cela alors que Newt Gingrich tempêtait pour faire destituer Bill Clinton à cause de l’affaire Monica Lewinsky.

Mais, fait d’arme, c’est grâce à Callista que Newt dit s’être converti au catholicisme.

Son autre atout, martelé maintes fois, est qu’elle a appartenu… au choeur de la grande basilique de Washington, ce qui « m’a permis de connaître de nombreux dirigeants de l’Eglise, de membres du clergé et de spécialistes de la religion ».

Mais l’épouse de Newt Gingrich n’a jamais pris son envol professionnellement, et n’a pas le carnet d’adresses de son mari. « Newt peut décrocher son téléphone et appeler le président directement », dit Michael Sean Winters.

Reste que les ambassadeurs ont un rôle aujourd’hui moins crucial qu’en 1984, quand Ronald Reagan et le Vatican rétablirent leurs relations diplomatiques.

A fortiori sous Donald Trump, dont les priorités -sur les réfugiés, le climat ou la pauvreté – sont diamétralement opposées à celles du pape François.

Ce qui explique l’opposition finalement molle des démocrates à Callista Gingrich. « Ils ont d’autres chats à fouetter », observe le chroniqueur catholique.

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