Mohammad Daoud © Belga

Afghanistan : « l’empereur du nord » montre qu’il reste le patron

Le Vif

L’homme fort du nord Atta Mohamma Noor, gouverneur officiellement démis mi-décembre de la province de Balkh, a « autorisé » mardi son successeur désigné à venir assister aux funérailles de son père, nouveau camouflet à l’autorité du chef de l’Etat afghan, selon des sources concordantes.

Mohammad Daoud, nommé le mois dernier par le président Ashraf Ghani pour succéder à Atta Noor – qui refuse toujours de céder la place – est arrivé mardi soir pour la première fois depuis sa nomination dans la capitale provinciale, Mazar-i-Sharif, où il est supposé siéger.

« (Daoud) est autorisé à venir comme simple citoyen pour les funérailles de son père et pourra rester comme tel. Mais il n’a pas le droit d’organiser de réunion politique », a confirmé à l’AFP un proche conseiller d’Atta Noor, précisant que M. Daoud « peut venir avec trois gardes du corps ».

Un important dispositif de police a été déployé à l’aéroport de Mazar et a empêché la presse de s’approcher de M. Daoud à son arrivée, a constaté l’AFP.

Que ce dernier soit soumis à l’autorisation de Noor, ancien commandant moudjahidine et « patron » de la province, pour se rendre à Balkh met à l’épreuve l’autorité du chef de l’Etat dans la région.

Le palais présidentiel avait annoncé le 18 décembre le remplacement de « l’Empereur du nord », gouverneur depuis 2004 d’une des provinces les plus développées et les plus paisibles du pays.

Mardi, Atta Noor, en direct à la télévision, a prévenu devant des centaines de partisans : « Je suis toujours gouverneur et vais le demeurer tant qu’un accord n’est pas trouvé entre la présidence et le Jamiat-e-Islami », son parti.

Le Jamiat, auquel appartient aussi M. Daoud, est membre de l’Alliance du Nord formée dans les années 90 pour combattre les talibans.

Atta Noor, qui avait vainement espéré début 2017 intégrer le gouvernement, est entré en juin en opposition ouverte au président Ghani, par ailleurs combattu par les talibans et le groupe Etat islamique.

« L’accord » auquel il fait allusion doit répondre à une série de conditions qu’il a lui-même posées : selon les médias locaux, elles porteraient sur davantage de fédéralisme pour renforcer le pouvoir des gouverneurs notamment.

Mais pour un observateur occidental à Kaboul, le « remplacement » d’Atta Noor s’inscrit dans la volonté du président d’en finir avec les chefs de guerre : « Pour Ghani, le temps des chefs de guerre est révolu. (…) Il veut faire (de Noor) un exemple », estime-t-il.

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