Steve Bannon © Reuters

Affaire russe: Steve Bannon refuse de répondre aux parlementaires

Le Vif

L’ancien proche conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, a refusé de répondre mardi aux nombreuses questions des parlementaires sur une éventuelle ingérence russe dans la campagne électorale de 2016, au moment où il était cité à comparaître devant le procureur spécial chapeautant l’enquête.

M. Bannon a été interrogé plus de sept heures à huis clos par la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, qui a lancé sa propre enquête pour déterminer si la campagne russe de désinformation et le piratage en défaveur de la candidate démocrate Hillary Clinton avait reçu des appuis au sein de l’équipe de M. Trump.

Longtemps décrit comme l’éminence grise de la campagne puis du début de la présidence Trump avant de tomber en disgrâce, M. Bannon a refusé de répondre à de nombreuses questions, invoquant la « prérogative présidentielle » concernant la période de transition –entre l’élection et l’investiture– puis lors de ses quelques mois comme stratégiste en chef de la Maison Blanche, entre janvier et août.

Cette prérogative permet au président et à certains responsables de l’exécutif de ne pas divulguer certaines informations au Congrès ou à la justice. « Si vous faites partie de la Maison Blanche et que vous parlez de choses qui se sont passées pendant la campagne mais à la Maison Blanche, alors on fait quoi? », s’est interrogé devant les journalistes le républicain Tom Rooney, à l’issue de l’audition. « Tout ce qui s’est passé pendant que Steve Bannon était à la Maison Blanche ou pendant la transition, toutes ces communications étaient hors de portée. Il y a de nombreuses questions auxquelles nous n’avons pas eu de réponse en raison de cette toute nouvelle théorie de prérogative présidentielle », a expliqué Jim Himes, membre démocrate de la commission, sur CNN.

Témoignage potentiellement explosif

Cette obstruction a mené le président de la commission, le républicain Devin Nunes, à lancer une assignation contre M. Bannon pour le forcer à coopérer au risque d’être poursuivi pour outrage au Congrès, selon des médias.

Plusieurs commissions parlementaires s’intéressent au premier cercle du président américain. Son fils aîné, Donald Jr, a passé en septembre cinq heures à huis clos devant la Commission judiciaire du Sénat. Le gendre du président et proche conseiller Jared Kushner a lui aussi été interrogé, à huis clos, par plusieurs commissions parlementaires en juillet. Ces enquêtes parlementaires sont distinctes de celle menée par le procureur spécial Robert Mueller, qui a assigné M. Bannon à comparaître dans le cadre de ses investigations sur une possible collusion entre l’équipe de campagne de M. Trump en 2016 et la Russie de Vladimir Poutine, selon le New York Times. L’équipe du procureur spécial a déjà procédé à plusieurs inculpations, notamment celle de son ancien directeur de campagne Paul Manafort.

Le témoignage de M. Bannon est potentiellement explosif, parce que ses relations avec le président n’ont jamais été aussi fraîches mais aussi parce que l’ex-stratège a connu, au plus près, l’ascension du milliardaire new-yorkais pour avoir dirigé sa campagne dans la dernière ligne droite puis pour avoir été un conseiller de l’ombre durant les sept premiers mois de sa présidence. Dans le livre récemment paru de Michael Wolff et qui a secoué la Maison Blanche, « Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump », Steve Bannon affirme notamment que Donald Trump Jr. a commis une « trahison » en rencontrant une avocate russe qui affirmait détenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

Nationaliste qui flirte avec l’extrême droite américaine, le sulfureux Steve Bannon, 64 ans, avait été poussé vers la sortie en août 2017 par Donald Trump, qui considère depuis que celui-ci à « perdu la raison ».

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