Thierry Fiorilli

« Vous savez que vous êtes mort ? Le PS, c’est mort »

Thierry Fiorilli Journaliste

C’était juste avant le premier tour des législatives françaises. A Paris, sur le marché de la place des Fêtes, dans le XIXe arrondissement, plutôt populaire. Une dame, retraitée, apostrophait Jean-Christophe Cambadélis. Sans faire de ronds de jambe, comme racontait France Info.

Elle crachait au premier secrétaire du Parti socialiste, en campagne et portant encore haut et beau :  » Avant, j’étais communiste, puis je suis devenue socialiste avec l’âge. Maintenant, c’est Macron. Plus personne ne croit au socialisme. Je souhaite une chose : c’est que vous perdiez. Macron vous a ringardisé, c’est trop tard.  »

C’était le 8 juin. Le 11, Cambadélis et son parti sortaient des urnes comme Dresde, en 1945, après les milliers de tonnes de bombes incendiaires et à fragmentation larguées par les aviations américaine et britannique. En ruines. Il y a cinq ans, avec ses alliés Divers gauches et Radicaux de gauche, le PS occupait 314 des 577 sièges de l’Assemblée nationale. Dans moins d’une semaine, il devrait ne plus en détenir qu’une vingtaine. Déjà éventrée et assommée par la présidentielle, l’illustre formation politique qui, il n’y a pas deux mois, hébergeait le chef de l’Etat et le chef du gouvernement, est aujourd’hui, en France, clairement, aux soins palliatifs.

En Belgique francophone, elle n’en est pas là. Pas encore. Le grand corps est très malade, mais l’accompagnement de fin de vie n’est pas pour tout de suite. Le cancer est sévère : établi au stade 3 ( » propagé dans une structure voisine ou dans les ganglions lymphatiques régionaux « ), il vient de passer au 4 (propagation  » jusque dans une partie du corps éloignée de la tumeur « ). Les métastases se développent, donc. Liège, puis Namur, puis Charleroi, maintenant Bruxelles. Publifin, puis l’ISPPC, maintenant aussi le Samusocial. Chaque fois, mandats en pagaille, réunions bidons, parachutages de proches, doubles jetons, rémunérations déguisées, conflits d’intérêts…

Jusqu’ici, pas de putsch. Pas de parricide. Pas d’implosion. Mais les clans s’agitent. Les barons tombent. Les soutiens s’effritent. Et les populations se détournent, ou se soulèveraient facilement. L’état de santé du PS, chez nous, a été mauvais, à plusieurs reprises, à plusieurs époques. Systématiquement, le parti s’est requinqué. Devenant même plus fort. Comme ragaillardi par les épreuves. Mais aujourd’hui, c’est  » cancer, stade 4 « . Et Paul Magnette a beau seriner que  » la gauche ne meurt jamais « , les prochaines échéances électorales (octobre 2018 pour les communales, juin 2019 pour les législatives et les régionales) ont beau être encore éloignées, les comparaisons avec les réalités françaises ont beau rapidement connaître des limites, les espérances de rémission sont très minces.

Parce que, cette fois, ce qui ronge la bête jusqu’ici invincible, increvable, c’est la honte. D’avoir fait valser l’argent public. Entre roitelets. Au pied de trônes locaux.

Ce qui ferait cracher, aujourd’hui, sur bien des places, sur bien des marchés, par bien des citoyens, au visage de bien des candidats socialistes, partout en Wallonie comme partout à Bruxelles :  » Vous savez que vous êtes mort ? Le PS, c’est mort.  »

Il reste un an et demi pour ressusciter. Qui peut encore raisonnablement y croire ?

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