Drieu Godefridi

Viaduc Herrmann-Debroux : stop à la violence institutionnelle

Drieu Godefridi PhD (Sorbonne), juriste et auteur

Depuis 5 ans, le sort du viaduc Herrmann-Debroux à l’entrée « Sud » de Bruxelles est scellé : cette horreur en forme d’éventration du fragile tissu urbain bruxellois, ce cortège d’automobiles et de pollution, doit être démantelé, détruit, réduit à néant. Se sont notamment exprimés en ce sens et sur le ton de « l’évidence » Pascal Smet, ministre bruxellois de la mobilité, le bourgmestre d’Auderghem, ECOLO et d’autres.

Il faut se montrer circonspect quand une génération traite les précédentes comme autant de simplets et d’idiots. Le viaduc Herrmann-Debroux est-il le reflet du caprice, de l’aberration passagère d’un responsable égaré ? Ne s’agit-il que d’une simple erreur, ayant coûté des dizaines de millions d’euros aux contribuables ? Cet ouvrage d’art ne répondrait-il pas plutôt à des besoins qui, pour n’être que pratiques, n’en sont pas pour autant méprisables ? On songe à la liberté de circuler, l’échange de marchandises, l’économie : trois fois rien.

De rapports du GIEC en études de Bruxelles-Mobilité — qui, rappelons-le, n’est pas un organisme scientifique, mais le reflet du pouvoir en place — un nouveau paradigme s’est imposé, qui est celui de la localité : est bien ce qui est local, mauvais ce qui suppose des échanges, des déplacements, et ainsi de suite jusqu’au capitalisme et à la mondialisation.

Prenons acte de cette volonté de changer de paradigme. Relevons toutefois deux réalités.

La première est que si l’économie bruxelloise devait se « localiser », elle cesserait d’exister. Ces « navetteurs » que les autorités bruxelloises traitent avec mépris ne sont pas seulement indispensables à l’économie bruxelloise : ils sont l’économie bruxelloise. Que la Flandre, les Wallons et les fonctionnaires européens quittent Bruxelles, et il ne restera guère qu’une sorte de potager géant (ce qui est effectivement très « local »).

La seconde est qu’on ne change pas de paradigme sans un minimum de préparation. Cinquante mille véhicules empruntent quotidiennement le viaduc Herrmann-Debroux. La fermeture inopinée de ce viaduc — à la faveur d’un problème de sécurité qui n’est pas sans rappeler le premier acte de la fermeture du viaduc Reyers… — condamne les acteurs de la vie économique bruxelloise à l’enfer. Rappelons que la seule alternative au viaduc en fin d’E411 est un coude qui se réduit à une seule bande vers le « Ring ».

L’enjeu n’est donc pas négligeable. Il me semble que l’opposition démocratique et parlementaire devrait :

  1. Mandater un cabinet d’experts pour établir la réalité du problème de sécurité du viaduc Herrmann-Debroux;
  2. Demander que soient prises les mesures permettant la ré-ouverture rapide du viaduc Herrmann-Debroux;
  3. Exiger un moratoire sur le dossier d’ici aux prochaines élections régionales et fédérales.

La colère prévisible des 50.000 usagers du viaduc Herrmann-Debroux, pris en otage au nom d’un paradigme pour le moins incertain, mérite en effet de trouver une expression parlementaire.

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