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Mort de la petite Mawda: les parents donnent leur version et réclament une commission d’enquête parlementaire

Les parents de Mawda, la fillette de deux ans tuée lors de l’interception d’une camionnette transportant des migrants dans les environs de Mons, ont livré lundi leur version des faits lors d’une conférence de presse. Selon eux, il n’y a eu qu’un seul coup de feu. Leurs avocats réclament une commission d’enquête parlementaire indépendante.

Le père de Mawda a raconté que la camionnette avait été prise en chasse par quatre voitures de police, dont deux se trouvaient de chaque côté et les deux autres derrière. La famille de l’enfant se trouvait à l’avant, à côté du conducteur, tandis que d’autres personnes se trouvaient derrière. Celles-ci auraient brisé les vitres à l’arrière du véhicule pour montrer que des enfants étaient à bord. Selon les parents, le tir mortel provenait d’une voiture de police qui roulait à gauche de la camionnette. La balle aurait manqué le chauffeur pour finalement atteindre la fillette de deux ans.

Ils ont précisé qu’un policier avait administré les premiers soins à la victime, mais qu’une ambulance était seulement arrivée 20 à 30 minutes plus tard. Les parents n’ont pas pu accompagner leur fille et n’ont été informés que durant la journée de vendredi, alors qu’ils étaient détenus dans une cellule, de son décès. La version livrée lundi ne correspond pas à celle du parquet. C’est pourquoi Olivier Stein, avocat des parents de Mawda, demande la tenue d’une enquête indépendante. « Nous souhaitons les résultats de l’enquête rapidement ainsi qu’une arrestation. »

Les parents et leurs conseils exigent via l’enquête des réponses à plusieurs questions, comme les faits précis et leur déroulement. Ils s’interrogent encore sur les différentes versions du parquet, sur ce qui a poussé la police à tirer et sur les ordres reçus par le ministère de l’Intérieur. Les avocats estiment par ailleurs qu’il y a eu une manipulation délibérée dans le chef de la police et du parquet. Les conseils des parents de Mawda auront accès au rapport d’autopsie mardi à 11h00 et ont rendez-vous avec les juges d’instruction du parquet de Tournai. La famille de la fillette aurait entre-temps fait l’objet d’un ordre de quitter le territoire, indiquait lundi à Belga Marc Barvais, président du CPAS de Mons, où la famille a été hébergée dans un premier temps. « Toutes les personnes entendues par la police ont reçu l’ordre de quitter le territoire », ajoute-t-il. Contacté lundi, le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken n’a pas souhaité faire de commentaires.

Les parents de Mawda ont quitté Mons samedi soir et se trouveraient actuellement à Bruxelles chez des connaissances, ajoute Marc Barvais. Ils ne sont donc plus aidés pour le moment par le CPAS de Mons. Les parents sont soutenus par l’organisation Solidarity for All, qui appelle à 10 jours de deuil national et incite à accrocher aux fenêtres des vêtements d’enfant en marque de soutien. Mercredi, une marche aux flambeaux partira également du Palais de Justice. Une rencontre a aussi été organisée lundi matin avec le Premier ministre, qui a exprimé à la famille ses condoléances, a indiqué un porte-parole de Charles Michel à l’agence Belga. Aucun détail n’a été dévoilé quant au contenu de la discussion.

Le gouvernement doit « prendre ses responsabilités » (association)

Le comité Migrations Libres a organisé lundi soir à Liège un rassemblement en mémoire de Mawda. L’objectif de cette manifestation était de dénoncer le comportement jugé « inhumain » du gouvernement belge et de ses ministres.

Choqué par le décès soudain de la petite Mawda, le comité Migrations Libres (action collective, humanitaire, politique et de solidarité avec les réfugiés) a décidé de réagir en organisant un rassemblement en mémoire de cette fillette de deux ans qui a perdu la vie lors d’une intervention sur une autoroute belge.

« Il s’agit du meurtre d’une innocente. Comment pouvons-nous prendre en charge des migrants en tirant à vue sur leur véhicule dans lequel ils se trouvent tout en ayant conscience de ce qu’ils ont dû affronter dans leur pays d’origine? « , a souligné Thierry Müller, un des membres du collectif à l’origine du rassemblement. « Nous avons également été heurtés par les récentes déclarations des politiques qui, pour nous, sont plus que responsables de ces événements tragiques. »

Afin de responsabiliser le gouvernement, Migrations Libres a organisé le rassemblement devant le numéro 9 de la rue Vinâve d’Ile, soit devant le siège du Mouvement Réformateur de Liège. Une façon de mettre le parti politique, « responsable de la mort de Mawda », selon les membres du collectif, face à ses responsabilités. Avec cette manifestation, les membres de l’association exigent avant tout que la responsabilité des politiques soit reconnue. Mais aussi la démission immédiate des ministres Jambon et Francken, la fin des rafles des migrants, l’organisation de couloirs migratoires sécurisés et un accueil digne pour ces personnes sur notre territoire, la fermeture des centres fermés, la régularisation des sans-papiers et une véritable enquête sur le décès de la fillette kurde de deux ans.

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