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Migration : le trafic d’êtres humains facilité par les réseaux sociaux

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Le développement de l’Internet et des médias sociaux facilite la traite et le trafic des êtres humains, affirme Myria, le Centre fédéral Migration, dans son rapport annuel. Dans le même temps, ils aident aussi la police à lutter contre ces phénomènes.

De plus en plus de trafiquants utilisent Internet et les médias sociaux pour recruter des victimes, faire la promotion de la prostitution et gérer leurs activités criminelles. Des victimes sont contactées par Facebook ou Skype par des ‘loverboys’, recrutées via des annonces sur l’Internet provenant d’agences de mannequins, ou par des offres d’emploi via de faux profils Facebook, énumère Myria.

« Par exemple, dans un dossier de prostitution, un proxénète avait créé un faux profil sur Facebook, se présentant comme une femme, ceci en vue de recruter des prostituées. Il offrait aux victimes des emplois d’hôtesses dans le show-business. Lors de la séance photo initiale, il les manipulait jusqu’à ce qu’elles soient disposées à avoir des relations sexuelles. Il leur proposait ensuite du travail comme escorte sous un faux statut d’indépendante. Les promesses lucratives n’ont pas été honorées », explique le Centre.

En 2016, Europol a su tracer 17.000 passeurs qui utilisaient Facebook pour leurs activités de trafic vers l’UE. Les passeurs peuvent faire leur publicité et organiser les voyages sur Facebook : routes migratoires clandestines, faux documents, faux mariages. Le contact du passeur, le prix, et le taux de réussite sont également mentionnés avec des photos et des vidéos de promotion. De plus, les passeurs offrent des voyages vers l’Europe occidentale sur Instagram via de soi-disant agences de voyages. Pour la gestion de leurs activités criminelles, telles que les discussions sur les finances ou les détails des transports, les passeurs utilisent ensuite Viber, Skype ou WhatsApp qui sont difficiles à mettre sur écoute.

La justice et la police utilisent également Internet et les médias sociaux comme outils d’investigation supplémentaires pour la détection des victimes, l’identification de suspects, l’audition des victimes et des suspects, l’enquête financière et l’analyse des images et messages sur les réseaux sociaux et les smartphones, affirme Myria. « Par exemple, lors de leur audition par la police dans le cadre de leur dépôt de plainte, des victimes de trafic ont indiqué les profils Facebook de plusieurs passeurs, ce qui a permis à la police de les identifier. Ils étaient déjà connus dans d’autres dossiers de trafic. Dans le même dossier, une analyse technique a permis de lire des messages Skype concernant des transports clandestins, qui avaient été supprimés ».

La police et les magistrats utilisent déjà Internet et les médias sociaux dans la lutte contre la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle et dans les dossiers de trafic d’êtres humains, mais nettement moins dans les dossiers d’exploitation économique. Les magistrats, la police, mais aussi l’inspection sociale devraient être sensibilisés et recevoir suffisamment de formations axées sur la pratique. Afin d’identifier des photos compromettantes et des messages de ‘chat’, l’analyse d’ordinateurs ou de smartphones, de sites de rencontres sexuelles et de profils Facebook est inestimable. Ceci requiert un investissement dans l’informatique, mais aussi dans la formation des policiers.

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